Macron tranche mercredi : deux semaines après le couvre-feu, le reconfinement ?

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Par Paul AUBRIAT, Jérôme RIVET - Paris (AFP)
Publié le 28 octobre 2020 - 05:01
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Le président Emmanuel Macron parle à la presse le 23 octobre 2020 à Pontoise
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© Ludovic MARIN / POOL/AFP/Archives
Le président Emmanuel Macron parle à la presse le 23 octobre 2020 à Pontoise
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L'heure de trancher pour Emmanuel Macron: face à l'aggravation "exponentielle" de l'épidémie de Covid-19, le président doit décider et annoncer mercredi aux Français d'impopulaires nouvelles restrictions qui pourraient aller jusqu'au reconfinement du pays, toutefois moins strict qu'au printemps.

Deux semaines après avoir annoncé le couvre-feu pour 46 millions de Français, Emmanuel Macron est contraint de réduire encore la voilure, face à une "hausse exponentielle, dans une majeure partie de l'Europe, de l'épidémie", selon les termes mardi soir du porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

Le chef de l'Etat présidera un nouveau Conseil de défense mercredi matin, le deuxième en deux jours, avant le Conseil des ministres. Conjectures et rumeurs devraient suivre jusqu'aux annonces d'Emmanuel Macron à 20H00 à la télévision. "Tout peut bouger jusqu'au dernier moment", a prévenu un conseiller ministériel.

En attendant, l'exécutif prépare les esprits: de "nouvelles mesures" sont "indispensables", a affirmé le Premier ministre Jean Castex aux responsables politiques ainsi qu'aux partenaires sociaux conviés mardi soir à une réunion de concertation.

Même discours de Gabriel Attal qui a énuméré les mesures "possibles", "à savoir un élargissement du couvre-feu (ou) un confinement qui peut être (soit) territorialisé, (soit) national".

Le scénario du reconfinement national envisagé serait toutefois plus souple que celui de mars puisque les écoles et des commerces resteraient ouverts, à l'image de celui imposé en Irlande.

L'exécutif a également examiné l'hypothèse d'un renforcement du couvre-feu, qui touche actuellement 54 départements et quelque 46 millions d'habitants entre 21H00 et 06H00 du matin.

"Le sentiment qu'on a, c'est plutôt qu'on va vers un confinement, que ça va durer quelques semaines et que le gouvernement essaie de trouver les moyens de préserver les écoles, les services publics" et "de maintenir un semblant de vie économique pour éviter une catastrophe", a résumé François Baroin, président de l'Association des maires de France, à l'issue de la réunion.

"On a compris que la gravité était à un niveau important et que les décisions que le gouvernement s'apprête à prendre vont répondre à cette responsabilité", a déclaré Yves Veyrier, secrétaire général de FO après plus de deux heures de rencontre avec le Premier ministre.

- "Sentiment de panique" -

Jean Castex a annoncé aux responsables politiques que des débats suivis de votes sur la lutte contre le Covid-19 auraient lieu à l'Assemblée nationale jeudi matin et au Sénat l'après-midi.

Mais après une séance déjà houleuse de questions au gouvernement dans l'après-midi à l'Assemblée, les oppositions ont sonné la charge, critiquant un gouvernement en retard d'un métro et une fausse concertation.

"Rien n'a été mis sur la table" par le Premier ministre, a regretté Christian Jacob, le patron des Républicains, en déplorant "le sentiment d'improvisation, de panique, de manque d'anticipation" du pouvoir.

Marine Le Pen a mis en cause "la gestion complètement erratique de la crise sanitaire" tandis que le communiste Fabien Roussel a réclamé des "mesures cohérentes qui soient comprises par nos concitoyens".

Gabriel Attal a pour sa part fustigé ceux qui critiquent sans rien proposer, visant particulièrement Marine Le Pen, partie selon lui avant que Jean Castex n'ait répondu aux questions posées.

- La moitié des lits de réa -

La crainte des autorités est avant tout la saturation des services de réanimation: le nombre de patients en réanimation s'élevait mardi à 2.900, soit la moitié des 5.800 lits de réa disponibles dans toute la France, où l'épidémie a déjà fait plus de 35.000 morts. Le gouvernement a fait état mardi de 288 morts à l'hôpital pour les dernières 24h00 et 235 en Ehpad sur les quatre derniers jours.

Mardi, huit patients d'Auvergne-Rhône-Alpes ont été transférés en avion sanitaire vers les Pays de la Loire pour soulager les services de réanimation de la région. Au total, ce sont 25 malades qui devraient avoir été transférés d'ici à mercredi vers d'autres régions depuis la reprise de ces vols en fin de semaine dernière.

Plus de 33.000 nouveaux cas positifs confirmés ont été enregistrés mardi, en deçà du cap des 50.000 par jour atteint dimanche.

Mais le professeur Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, estime que le nombre réel de contaminations tournerait "autour de 100.000 cas par jour", une situation "critique" avec la crainte d'une deuxième vague "plus forte que la première".

Pour l'infectiologue Gilles Pialoux, il faut imposer un nouveau confinement, une "mesure drastique" indispensable car la circulation du virus "est hors de contrôle".

Mais attention, a mis en garde le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, dès lundi: "si on reconfine totalement comme on l'a fait en mars, ce n'est pas moins 10% de récession qu'on risque, c'est un écroulement de l'économie".

Avant même les annonces du chef de l'Etat, la ministre du Travail Élisabeth Borne a assuré les partenaires sociaux mardi soir de la prolongation au-delà du 1er novembre du reste à charge de 15% lorsqu'une entreprise n'a d'autre choix que de mettre tout ou partie de ses salariés en chômage partiel.

L'Alliance du commerce, qui représente 27.000 magasins, a demandé au gouvernement de maintenir les magasins ouverts "en journée et le week-end", craignant des "conséquences dramatiques à l'approche de la période des fêtes de fin d'année".

Afin d'éviter le vent de panique du printemps, les supermarchés ont assuré les consommateurs qu'ils seraient approvisionnés et qu'il n'y avait "pas besoin de faire du stock" de certains produits.

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