Mamoudou Gassama, le migrant malien érigé en "exemple"

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Par Myriam LEMETAYER et Laurence BENHAMOU - Montreuil (AFP)
Publié le 28 mai 2018 - 18:04
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Le président français Emmanuel Macron discute avec le migrant malien Mamoudou Gassama, qui était dans la clandestinité en France et qui a escaladé à mains nues la façade d'un immeuble pour sauver un e
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© Thibault Camus / POOL/AFP
Le président français Emmanuel Macron discute avec le migrant malien Mamoudou Gassama, qui était dans la clandestinité en France et qui a escaladé à mains nues la façade d'un immeu
© Thibault Camus / POOL/AFP

La vidéo où on le voit escaladant une façade pour sauver un enfant suspendu dans le vide a fait le tour du monde: Mamoudou Gassama est un migrant malien de 22 ans passé par la Libye qui vivait dans un foyer à Montreuil.

"J'ai pensé à le sauver et Dieu merci, je l'ai sauvé": le jeune homme sans-papiers rebaptisé "Spiderman" a résumé, comme une évidence, son geste spectaculaire, visionné des millions de fois sur les réseaux sociaux. Samedi soir, Mamoudou Gassama avait escaladé en quelques secondes un immeuble parisien par les balcons pour sauver l'enfant suspendu au 4e étage.

Un acte de bravoure qui lui a valu d'être reçu lundi matin à l’Élysée par le chef de l’État, qui lui a proposé d'être naturalisé français. "Vous être devenu un exemple, il est normal que la nation soit reconnaissante", a affirmé le chef de l’État.

"Ça me fait plaisir parce que c'est la première fois, (que je) gagne un trophée comme ça", a commenté Mamoudou Gassama, après avoir reçu un diplôme et une médaille pour "acte de courage et de dévouement". Son geste rappelle celui d'un autre Malien, Lassana Bathily, un demandeur d'asile qui avait fourni des éléments-clé aux forces de l'ordre lors de la prise d'otages jihadiste du supermarché Hyper Cacher en janvier 2015.

Triturant son polo blanc l'air concentré, bras croisés sur la poitrine comme pour mettre à distance cette célébrité soudaine qui semble le dépasser, le jeune homme à la parole rare laisse d'ailleurs son frère s'exprimer à sa place sur les plateaux de télévision ou à la mairie de Montreuil -- ville de Seine-saint-Denis parfois appelée "le petit Bamako" pour sa forte population malienne, et où il vivait en foyer.

Dans la chambre où il est hébergé par des membres de sa famille, originaires comme lui du village de Yaguiné, son frère aîné, Birama, 54 ans, s'enthousiasme: "On est fier de lui", dit-il, en décrivant un homme "gentil", qui "aime aider les autres", bref "un vrai héros". Il décrit aussi un sportif-né: "Depuis tout petit, il faisait du football au village", glisse Birama.

- Fin de la clandestinité -

Mamoudou Gassama a quitté son pays en 2013. "Au Mali je n'avais pas de moyens, pas de personnes qui m'aident. Mon père n'était pas là", a raconté le jeune homme à Emmanuel Macron, en rappelant que "beaucoup de monde part pour aller chercher ailleurs".

Il emprunte alors, comme beaucoup, la route remontant vers l'Europe: Burkina Faso, Niger, puis la Libye où il a "beaucoup souffert", alors que, pendant plus d'un an, il survit en travaillant avec des amis. "On nous a attrapés, frappés, mais je ne me suis pas découragé", raconte-t-il.

Il finira par gagner l'Italie, en mars 2014, après avoir été intercepté une première fois en mer par la police. Mais "je ne connaissais personne en Italie", a-t-il affirmé à Emmanuel Macron, en expliquant avoir voulu rejoindre son frère, installé en France "depuis 20 ou 30 ans".

Depuis son arrivée en France, il travaillait "au noir dans le bâtiment", selon son frère, et logeait dans une chambre de 15 m2 du foyer Coalia de Montreuil, une structure de 430 lits destinée aux travailleurs migrants, sur un matelas posés entre deux lits superposés.

N'ayant pas déposé de demande d'asile et ne faisant l'objet d'aucune obligation de quitter le territoire, il va désormais sortir de la clandestinité -- synonyme de risque d'expulsion -- que connaissent les milliers de travailleurs sans-papiers en France.

Les services de l'immigration vont lui donner un rendez-vous dans la semaine et lui faire une proposition de régularisation, après quoi il pourra demander à être naturalisé, précise-t-on du côté de l'administration.

Il devrait également, comme l'a proposé Emmanuel Macron, intégrer le service civique des sapeurs-pompiers, qui ont déjà lancé un message de bienvenue sur twitter: "M. Mamoudou Gassama partage les valeurs de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris. Nous somme prêts à l'accueillir!"

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