Migrants : face aux campements dégradés, l'Etat va créer un nouveau centre d'accueil à Paris

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Par AFP - Paris
Publié le 09 avril 2019 - 20:40
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Un "campement des familles" près de la porte d'Aubervilliers, au nord de Paris, regroupe une centaine de tentes serrées le long du boulevard extérieur le 9 avril 2019
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© Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Un "campement des familles" près de la porte d'Aubervilliers, au nord de Paris, regroupe une centaine de tentes serrées le long du boulevard extérieur le 9 avril 2019
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Pour résorber les campements de migrants parisiens où la situation se dégrade, l'Etat a annoncé mardi la création d'un nouveau centre d'accueil à Paris alors que des ONG s'étaient mises en grève pour dénoncer l'inaction des pouvoirs publics.

"Aujourd’hui, l’Etat souhaite augmenter les places en CAES (Centre d'accueil et d'examen des situations, NDLR) en ouvrant un deuxième centre à Paris", a indiqué le préfet Michel Cadot après avoir rencontré les associations partenaires de l'Etat.

Les CAES ont été créés en mars 2018 pour héberger temporairement les migrants et les orienter en fonction de leur droit au séjour: demandeur d'asile, débouté, "dubliné" dépendant d'un autre pays européen...

"Je sais la maire de Paris sensible à ces questions et je ne doute pas qu'elle puisse nous proposer un lieu permettant d'accueillir les demandeurs d'asile", a ajouté le préfet, vivement mis en cause par Anne Hidalgo qui avait déploré "le chaos" aux portes de Paris il y a deux semaines.

Les détails sur cette structure dépendront du site proposé par la ville mais elle devrait compter "une centaine de places" et ouvrir "dès que possible", a-t-on précisé à la préfecture. Il y a déjà cinq CAES en Ile-de-France d'une capacité totale de 750 places.

"Après plusieurs semaines d’attente, l’Etat répond enfin à notre demande d’améliorer les dispositifs d’accueil", a réagi la mairie dans un communiqué transmis à l'AFP, en promettant d'engager "dès demain" des discussions avec l’Etat pour identifier un lieu.

"Cette annonce apparaît toutefois très insuffisante par rapport aux besoins" et les CAES ne sont "qu’une partie de la réponse", a ajouté la mairie se disant "particulièrement inquiète sur l’évolution de la situation dans les jours et les semaines à venir."

"La Maire de Paris rencontrera une nouvelle fois les associations et les riverains mercredi", est-il précisé.

L'Etat prévoit aussi un "renforcement des maraudes" pour résorber les campements, a ajouté le préfet alors que des centaines de migrants dorment toujours porte de La Chapelle dans des conditions sanitaires et sécuritaires très dégradées.

Plusieurs personnes ont été blessées, dont une grièvement, et 17 interpellées ce week-end dans une série de rixes nocturnes entre migrants Afghans et Erythréens, contenues par les forces de l'ordre qui ont dû faire usage de LBD et de grenades de désencerclement, a-t-on appris mardi de source policière.

"On a soigné hier pas mal de blessures liées à la rixe" dans la clinique mobile que Médecins du monde déploie sur les campements, a indiqué mardi à l'AFP Christian Reboul, référent migrations de l'association.

- "Batailles rangées" -

"On a déjà connu ça ailleurs, sur le campement du Millénaire et à La Villette, des soucis du même ordre, mais jamais de la même ampleur. Plus les conditions se dégradent, plus les conditions pour la survie amènent à des batailles rangées", a affirmé Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile.

Une vingtaine d'ONG et de collectifs citoyens s'étaient mis en grève mardi pour dénoncer l'inaction des pouvoirs publics et leur appel à un rassemblement a mobilisé 500 personnes environ place Stalingrad dans l'après-midi, a constaté une journaliste de l'AFP.

"Si on décidait de s'arrêter, qu'est-ce qui se passerait?", s'est interrogé Louis Barda de Médecins du monde, en dénonçant "un cycle infernal qui dure depuis trois ans".

"Certains bénévoles nous rapportent des scènes de pugilat pendant les distributions de nourriture" a assuré Marie-Anne Cantin, vice-présidente de la délégation du Secours Catholique à Paris.

"L'Etat et la mairie se défaussent. On fait reposer sur nous des responsabilités qui ne sont pas les nôtres", a estimé Roland Timsit, bénévole au centre culturel Rosa-Parks, dans le nord de Paris, qui ouvre ses portes aux familles de migrants.

Un campement d'une centaine de tentes, abritant pour beaucoup d'entre elles des familles et de très jeunes enfants, est en effet installé devant ce complexe, à deux pas des boulevards extérieurs. Le campement, qui compte des réfugiés et des demandeurs d'asile, a grossi avec l'arrivée, dans le sillage des rixes du week-end, d'hommes seuls venus de La Chapelle.

Le préfet de région a précisé que l'Etat comptait également "redéployer les deux accueils de jour ouverts dans Paris" pour les consacrer plus prioritairement à l'accompagnement des réfugiés, toujours présents sur les campements alors qu'ils ont un titre de séjour.

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