Mort d'un bébé in utero : colère et enquête autour d'une maternité fermée dans la Drôme

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Par Sandra LAFFONT - Die (France) (AFP)
Publié le 08 mars 2019 - 12:09
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Une infirmière au centre périnatal de l'hôpital de Die (Drôme), privé de maternité et de bloc chirurgical depuis janvier 2018. Photo prise le 5 mars 2019
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© JEAN-PIERRE CLATOT / AFP
Une infirmière au centre périnatal de l'hôpital de Die (Drôme), privé de maternité et de bloc chirurgical depuis janvier 2018. Photo prise le 5 mars 2019
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Depuis janvier 2018, il n'y a plus de maternité ni de bloc chirurgical à Die, dans la Drôme. La mort d'un enfant in utero mi-février a réveillé la colère des habitants et entraîné l'ouverture d'une enquête par les autorités de santé.

Elle a aussi relancé le débat sur les maternités de proximité, alimenté depuis plusieurs mois par des fermetures fortement contestées à Bernay (Eure), Creil (Oise) ou encore au Blanc (Indre).

Le témoignage de la mère, qui souffrait d'un décollement placentaire, est "extrêmement douloureux", prévient le Collectif de défense de l'hôpital de Die qui l'a publié sur son site.

"C'était le soir du 18 février 2019. J'étais à la fin de mon 8e mois de grossesse. Je me suis soudainement sentie mal, prise de vertiges et de crampes intestinales. Peu de temps après l'hémorragie a commencé", commence Céline Guillemot.

Après, les faits s'enchaînent: l'arrivée des pompiers, le transfert à l'hôpital de Die où demeurent des urgences. "Plus tard, une sage-femme est arrivée de Valence par l'hélicoptère. Elle m'a enfin auscultée munie d'un petit appareil pour écouter notre bébé. Elle n'a pas entendu son coeur. C'était la première personne qui s'occupait de notre enfant", poursuit-t-elle.

Transférée dans une maternité en hélicoptère plusieurs heures après son premier appel, elle accouche "d'un magnifique petit garçon, mort né".

L’Agence régionale de santé (ARS) a ouvert une enquête qui sera menée par un inspecteur, un médecin et un référent périnatal pour comprendre si le protocole de prise en charge a été bien suivi par toutes les équipes, comme par les parents.

- "Peur de l'accouchement" -

Cette sous-préfecture de 4.500 habitants, entourée des sommets du Vercors et située au bout d'une vallée à la pointe sur le développement durable est devenue un des symboles de la fuite des services publics. "On peut pas demander aux jeunes couples de venir si on a pas de train, pas de maternité, pas de vraies urgences", remarque Estelle, qui vient d'accoucher dans un gîte de son quatrième enfant.

Et ses habitants, qui étaient environ 500 pour une marche blanche quelques jours après le drame, sont amers. Ca fait 33 ans qu'ils se battaient contre cette fermeture.

Les autorités régionales de santé expliquent qu'avec moins de 100 naissances par an, cette maternité --qui était la plus petite de France métropolitaine-- ne réunissait plus les conditions de sécurité. Une femme a une fois perdu son uterus.

Sans parler des difficultés à recruter des gynécologues et un pédiatre. Les femmes devaient d'ailleurs signer un "consentement éclairé" car leurs bébés allaient naître sans pédiatre pour les prendre en charge à la naissance.

Pour pallier la fermeture, l'hôpital de Die a mis en place "un centre périnatal de proximité", les urgences ont été renforcées et une organisation de transport par hélicoptère mise en place.

Jusqu'à la mort in utero d'Aimé, tout fonctionnait "parfaitement" souligne l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes.

Les résultats de son enquête sur le drame de février sont attendus mi ou fin mars. "Si des choses doivent être modifiées ou corrigées, il faudra le faire", assure la porte-parole de l'ARS à l'AFP.

"S'il y avait eu la maternité et un bloc, ils seraient arrivés en 10 minutes et 20 minutes après ils auraient sorti le bébé vivant. Après, c'est un choix, on peut accepter un mort de temps en temps", ne décolère pas Philippe Leeuwenberg, président du Collectif de défense de l'hôpital de Die.

Beaucoup souhaitent une réouverture de la maternité. D'autres réclament au minimum une réorganisation du protocole actuel notamment avec le Samu.

"La peur de l'accouchement, elle est là, consciemment ou inconsciemment", explique Marco dont l'enfant est né à Montélimar trois minutes après l'arrivée de sa femme.

"On sait très bien que le temps est compté dans certains cas. Et un conjoint ne peut pas conduire avec sa femme dans cet état", poursuit Alice. Pour les habitants, Valence ou Montélimar sont au minimum à une heure et quart de route.

Selon une étude de la Drees (service statistique des ministères sociaux), le nombre de maternités est passé de 814 en 1996, à 498 en 2016 en France métropolitaine.

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