Nancy : une femme, poursuivie pour la mort de trois nouveau-nés, acquittée

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Par AFP - Nancy
Publié le 25 mai 2018 - 19:13
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La cour d'assises de Meurthe-et-Moselle a acquitté vendredi une mère de cinq enfants, âgée de 44 ans, jugée depuis jeudi pour la mort de trois nourrissons entre 2000 et 2009.

"Karine Hatterer est dans la logique de déni, non pas de grossesse, mais de maternité", avait souligné l'avocate générale Béatrice Bluntzer, qui avait retenu la volonté d'homicide et requis six ans de prison.

A l'énoncé du verdict, Karine Hatterer, qui est apparue très éprouvée lors des débats, a fondu en larmes avant d'enlacer deux amies.

"Personne ne peut affirmer que Mme Hatterer a accouché de bébés vivants", avait estimé en défense Me Chloé Blandin, qui avait plaidé l'acquittement et a salué "une décision juste".

Dans ses déclarations, qui comportaient des incohérences, l'accusée avait affirmé avoir découvert ses grossesses tardivement et avoir donné naissance, seule, de bébés morts-nés. "S'ils avaient survécu, j'aurais appelé les pompiers. Voulus ou pas, je ne les aurais jamais tués", avait murmuré la quadragénaire, qui encourait la réclusion criminelle à perpétuité.

"Physiquement, ça ne se voyait pas qu'elle était enceinte. Elle avait ses règles", avait raconté son compagnon, qui avait découvert en 2007 le premier cadavre dans le congélateur du domicile familial à Foug (Meurthe-et-Moselle).

"Je ne m'attendais pas à un deuxième. Encore moins à un troisième", avait-il poursuivi. En 2009, il avait trouvé les restes d'un nourrisson dans un panier à linge dans leur maison à Ecrouves et le cadavre en putréfaction d'un troisième nouveau-né avait été découvert dans les combles de l'habitation sur les indication de la mère de famille.

L'entourage de Karine Hatterer l'avait décrite comme une "mère poule qui se consacre entièrement à ses enfants" et avait assuré n'avoir "rien vu" de ses grossesses cachées.

Les experts gynécologues et légistes n'ont pas pu déterminer que les trois nourrissons étaient vivants à la naissance. Les causes du décès ont pu être établies pour le premier bébé -une détresse respiratoire aiguë liée à l'inhalation du liquide amniotique-, mais pas pour les deux autres en raison de leur état de décomposition avancée.

Un expert psychiatre avait écarté jeudi tout déni de grossesse de l'accusée. "Lorsqu'elle va bien, les grossesses évoluent bien. Quand sa névrose est plus grave, les grossesses se passent mal", avait expliqué le Dr. Francis Boquel, avançant l'hypothèse d'"un contexte de vengeance, de règlement de comptes avec son compagnon qui est infidèle".

Le couple a eu quatre enfants entre 1998 et 2010. La quadragénaire a accouché d'un cinquième enfant en 2016, né de sa relation avec un autre homme.

"Ce serait très étonnant que le hasard ait fait que les trois grossesses dissimulées aient donné des bébés morts", avait souligné lors de sa plaidoirie l'avocat des parties civiles, Me Rodolphe Costantino.

"Le doute a profité à Karine Hatterer, il faut accepter cela", a-t-il commenté à l'issue du verdict, admettant qu'"il n'y (avait) pas de preuve que les bébés étaient vivants" au moment de l'accouchement.

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