Notre-Dame : les statues échappent au sinistre, le coq de la flèche retrouvé
Les douze apôtres et quatre évangélistes monumentaux qui ornaient le toit de Notre-Dame ont échappé au sinistre de justesse, arrivés la semaine dernière près de Périgueux pour y être restaurés, et le coq, que l'on pensait détruit, a été retrouvé dans les décombres.
"Malheureusement le coq a fondu", déplorait mardi matin Patrick Palem, ex-pdg mais toujours conseil de la Socra, l'entreprise de Marsac-sur-l'Isle (Dordogne) chargée de restaurer les 16 statues de cuivre repoussé vert-de-gris datant du XIXe siècle, qui avaient été hélitreuillées jeudi dernier alors qu'elles entouraient la flèche.
Le coq de la flèche devait être décroché en juin pour rejoindre à son tour les ateliers de la Socra (Restauration et conservation d'oeuvres d'art et monuments historiques).
Ce coq, également en cuivre repoussé, abritait selon l'Eglise des reliques de sainte Geneviève et saint Denis, ainsi qu'un fragment de la couronne d'épines du Christ, censées protéger les Parisiens.
"C'est une bonne nouvelle. Tout ce que l'on peut retrouver, récupérer, est une bonne nouvelle, tout ce qu'on va trouver va nous aider dans la reconstruction", s'est réjoui mardi soir M. Palem auprès de l'AFP.
"Il faudra voir l'état (du coq), il doit être explosé, très altéré", a-t-il pressenti. "J'imagine qu'il y aura, qu'il y a peut-être des discussions en cours pour savoir si on le conserve en l'état, symboliquement, en considérant qu'il a été témoin de qui s'est passé, pour en reconstruire un à l'identique qu'on mettrait en haut de la flèche, ou bien si l'on décide de le restaurer et le redorer pour le remettre sur la flèche".
La restauration des seize statues elle, "est pour l'instant arrêtée et repoussée, ce n'est plus la priorité", a souligne M. Palem, spécialiste depuis 40 ans de la restauration du patrimoine et désormais conseiller de la Socra qu'il a vendue en octobre.
Pour l'instant, les douze apôtres sont dans un entrepôt, alignés sur des palettes de bois, leur tête posée à leurs pieds car les statues ont été "décapitées" pour pouvoir être hélitreuillées.
"La statue, explique M. Palem devant l'un des apôtres, a été réalisée par un atelier qui s'appelle Monduit et qui avait aussi crée la Statue de la Liberté à New York. C'est du cuivre repoussé qui est fixé à une armature en acier avec une colonne vertébrale, comme nous. C'est-à-dire qu'il y a une colonne vertébrale en acier et une peau en cuivre".
Les quatre évangélistes, eux, sont encore dans leurs caisses de bois.
Le chantier de la restauration des statues était estimé pour la Socra à "quelque 400.000 euros", selon M. Palem. "Mais la priorité, c'est un chantier à plus grande échelle, la reconstruction et la rénovation de Notre-Dame qui pourrait prendre entre 15 et 20 ans probablement pour un coût de plusieurs centaines de millions d'euros", a-t-il estimé.
L'extraction des seize statues de la flèche de Notre-Dame avait donné lieu jeudi à une opération spectaculaire d'hélitreuillage dans le ciel de Paris.
Ces œuvres avaient ensuite été acheminées par camion jusqu'aux ateliers de la Socra et elles devaient retrouver définitivement leur place en 2022.
Elles avaient été installées lors de la reconstruction de la flèche de la cathédrale, menée en 1859-1860 par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc, qui s'est lui-même fait représenter sous les traits de Saint Thomas. La flèche d'origine avait été construite en 1250, puis démontée dans les années 1786-1792.
Pour Patrick Palem, "quelle que soit la qualité de la reconstruction et de la rénovation de Notre-Dame, ce ne sera plus jamais la même. Notre-Dame, a-t-il dit, très ému, c'est un éléphant, dont on pensait que rien ne pourrait jamais le mettre à terre."
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