Opération antifraude "sans précédent" de la SNCF à Paris

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Par Jean LIOU, avec Nadège PULJAK et Pierre DONADIEU - Paris (AFP)
Publié le 23 octobre 2018 - 21:51
Mis à jour le 24 octobre 2018 - 00:26
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Opération de contrôle le 23 octobre 2018 à la gare du Nord à Paris
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© ALAIN JOCARD / AFP/Archives
Opération de contrôle le 23 octobre 2018 à la gare du Nord à Paris
© ALAIN JOCARD / AFP/Archives

"Le championnat de la prune": La SNCF a mené mardi une spectaculaire opération antifraude dans les six grandes gares parisiennes, bloquant tous les accès aux quais des trains de banlieue pendant trois heures pour contrôler quelque 300.000 personnes.

"C'est une opération sans précédent", a souligné Alain Krakovitch, directeur général de SNCF Transilien, présent à la Gare du Nord.

"C'est le championnat de la prune", a renchéri un porte-parole. "Pédagogique et dissuasif".

Près de 550 agents --contrôleurs et agents de la Sûreté ferroviaire, en uniformes ou en civil--, appuyés par la police et les douanes, ont été mobilisés pour bloquer tous les accès aux quais des trains de banlieue entre 15H00 et 18H00.

"Si on le fait à ces heures-là, c'est qu'il y a plus de fraude" qu'aux heures de pointe, a expliqué à l'AFP Alexis Degarne, responsable de la lutte antifraude de Transilien.

Il a d'abord estimé à 40.000 environ le nombre de fraudeurs susceptibles d'être pris dans les souricières posées par ses agents, mais son évaluation était visiblement très exagérée puisque ces derniers ont finalement dressé 3.307 procès verbaux, selon la direction.

Gare Saint-Lazare, des brigades d'agents se déplaçaient de quai à quai pour contrôler tous les voyageurs à l'arrivée --mais pas au départ. La police et la Sûreté ferroviaire (Suge) dissuadaient clairement ceux qui tentaient de hausser le ton.

Un journaliste de l'AFP n'a assisté à aucun incident, à peine quelques éclats de voix, le nombre de fraudeurs augmentant avec l'affluence de l'après-midi.

Avec des amendes variables.

Emilie, professeure vacataire revenant de Nanterre, était en pleurs après avoir payé 50 euros d'amende. "Je n'ai pas encore été payée pour ce mois-ci et je croyais avoir le droit de faire l'aller retour en une heure avec le même ticket. Il n'y a rien eu à faire".

Flora, originaire de Bordeaux: "J'étais convaincue de pouvoir aller à Levallois avec mon ticket de métro. J'ai fait deux stations seulement! J'ignorais totalement qu'il fallait un ticket spécial". Cette ignorance lui a coûté 20 euros.

Sébastien, lui, arrivait de Sartrouville sans ticket. "J'ai payé 35 euros d'amende. Avant j'avais un Pass Navigo, mais cette année, je ne l'ai pas repris. En fraudant et en ne prenant jamais de ticket, ça compense le prix de l'amende, c'est un calcul. Mais il faut faire attention dans les grandes gares comme ici", dit-il à l'AFP.

- "Tolérance zéro" -

"Souvent, on fait des opérations deux jours de suite au même endroit pour décourager les fraudeurs-calculateurs" qui pensent ainsi économiser les 75,20 euros du forfait mensuel, a relevé Alain Krakovitch.

Gare du Nord, des lignes de contrôleurs bloquaient les 14 accès à la gare de banlieue, aidés par des agents en civil --toujours en binômes-- qui interpellaient ceux qui sautaient au-dessus des portillons ou passaient à deux.

"Aujourd'hui, c'est notre chance", se réjouissait l'un deux. "Et s'ils nous échappent, on sait qu'ils seront arrêtés en haut", disait-il en désignant l'escalier par où deux jeunes hommes croyaient trouver leur salut.

Gare de l'Est, les contrôleurs attendaient tranquillement les voyageurs derrière la ligne des portillons, secondés par des collègues s'intéressant à ceux qui "hésitaient" à sortir.

La SNCF estime le taux de fraude moyen à 7% sur le réseau de banlieue francilien, soit 220.000 cas par jour. Le manque à gagner est estimé à 63 millions d'euros par an sur ce réseau, soit l'équivalent de six trains neufs.

"La fraude en Ile-de-France, c'est 400 millions de recettes en moins" --si l'on ajoute les lignes RATP et les bus de grande banlieue--, sur un budget transports de 10 milliards, a relevé la présidente de la région, Valérie Pécresse. Elle exige une "tolérance zéro", d'autant que "60% des incivilités commises sur le réseau sont commises par des personnes qui n'ont pas de ticket. Donc, quand on lutte contre la fraude, on lutte aussi contre l'insécurité".

"Ces enjeux d'incivilités et de fraudes, c'est ce qui peut pourrir le quotidien des voyageurs", a renchéri la ministre des Transports Elisabeth Borne, venue comme elle au lancement de l'opération Gare du Nord.

Le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, a profité de l'occasion pour rendre hommage aux agents de la SNCF, voulant "rappeler aussi que ces effectifs luttent contre la délinquance (...) et puis aussi font un travail important en matière de lutte contre l'immigration irrégulière".

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