Inondations dans l'Aude : 11 morts, le système d'alerte critiqué

Auteur:
 
Par AFP - Toulouse
Publié le 15 octobre 2018 - 10:20
Mis à jour le 16 octobre 2018 - 01:38
Image
Orages à Bordeaux le 1er juillet 2018
Crédits
© Nicolas TUCAT / AFP
Les pluies violentes qui se sont abattues sur l'Aude dans la nuit de dimanche à lundi ont fait six morts dans le nord du département.
© Nicolas TUCAT / AFP

Trois mois de pluie en quelques heures et un bilan très lourd: au moins 11 personnes ont été tuées dans la nuit de dimanche à lundi à la suite de violents orages ayant provoqué de graves inondations dans l'Aude, placé en vigilance rouge pour les crues depuis 06H00 lundi.

Alors que certains se sont plaints d'avoir été mal informés de l'intensité à venir des orages, le Premier ministre Edouard Philippe, qui s'est rendu sur place, a estimé que cet épisode météorologique était "par lui-même imprévisible", rappelant que "les spécialistes considéraient que la dépression allait circuler plus vite que ce qui s'est passé".

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Frédéric de Lanouvelle, a évoqué "une fragilité" dans le système de vigilance de Météo France "au niveau de la vigilance orange qui est très souvent utilisée et quand il y a un vrai problème, les gens n'en tiennent plus compte".

Selon le dernier bilan de la préfecture établi peu après 21H00, cet "épisode méditerranéen de type cévenol" a fait au moins 11 morts: 6 à Trèbes, 2 à Villegailhenc, 1 à Villardonnel, 1 à Villalier et 1 à Carcassonne. Il y a en outre huit blessés graves et deux personnes disparues. Il s'agit d'intempéries parmi les plus meurtrières depuis une dizaine d'années.

- débordements prévus -

En l'espace de 5 heures, entre 150 et 300 mm d'eau sont tombés sur l'agglomération de Carcassonne, selon Météo France. Mais des débordements sont encore prévus dans les heures à venir et quelques évacuations ont eu lieu en soirée près de Narbonne. Au total, "près de 1.000 personnes ont été évacuées et environ 250 personnes sont toujours prises en charge dans les centres d’hébergements ouverts par certaines communes", selon la préfecture.

Comme à Coursan, commune de 6.000 habitants, près de Narbonne, traversée par l'Aude. Quelque 350 habitants de la rive gauche, le secteur le plus exposé, ont été prévenus des risques d'inondations par les élus et la police municipale et ont été évacués ou priés de gagner les étages avec téléphone portable, couvertures et de quoi s'alimenter, a raconté à l'AFP le maire Edouard Rocher.

Le fleuve est monté entre 08h00 et 14h00 lundi d'un centimètre toutes les minutes, son niveau passant d'un mètre à huit mètres dans l'après-midi. En milieu de soirée, seules quatre personnes étaient hébergées dans le gymnase,a précisé le maire qui s'est dit "vigilant mais serein". Le pic de cru est attendu entre 22h00 et 23h00.

De nombreuses routes étant coupées, des habitants sont secourus par hélitreuillage. Quatre communes ont déjà été évacuées: Pezens, Trèbes, Villegailhenc et Villemoustaussou, selon la préfecture. A Pezens, les habitants ont pu regagner leur domicile.

Dans la salle des fêtes de Trèbes (Aude), une centaine de naufragés des inondations meurtrières de l'Aude étaient dans l'après-midi sous le choc, les yeux dans le vague, après avoir "tout perdu". A la nuit tombée, ils n'étaient plus qu'une vingtaine. Les autres ont finalement été hébergés par de la famille, des voisins ou des amis.

"J'ai vu ma grand-mère dans son lit flotter sur l'eau", raconte Pierre, l'air hagard. Il ne sait toujours pas si cette femme grabataire de 97 ans a survécu.

- "quel carnage !" -

Dans la région de Carcassonne, les champs sont inondés, plusieurs chaussées détruites ou impraticables avec des arbres tombés sur les routes. Des torrents d'eau boueuse enjambent la chaussée, les cours d'eau débordent. Des véhicules ont été emportés par les flots.

Le Premier ministre Edouard Philippe est arrivé en fin d'après-midi avec le ministre de la Transition écologique François de Rugy. Il a annoncé une "procédure de catastrophe naturelle accélérée".

Le président Emmanuel Macron se rendra dans l'Aude "dès que possible", a annoncé l'Elysée. Il a exprimé "l'émotion et la solidarité de toute la nation envers les victimes.

"J'ai tout perdu, ordinateur, télé, les papiers... On ne peut plus habiter ici. Quel carnage! C'est toutes les maisons de la rue qui sont comme ça. On ne s'attendait pas à ça hier (dimanche), avec la vigilance orange. Ça veut rien dire vigilance orange !", s'est emporté un habitant de Villegailhenc, Johnathan Lafuente, âgé d'une trentaine d'années.

Au monastère orthodoxe de Villardonnel, où une religieuse a trouvé la mort, "les dégâts sont considérables. On leur a prêté des chaises pour qu'elles puissent manger à sec à midi", a expliqué à l'AFP Roselyne Navarro, membre du comité d'action sociale de la ville.

Par ailleurs, les établissements scolaires seront fermés mardi et les transports scolaires suspendus dans tout le département de l'Aude. Plus de 1.500 foyers étaient privés d'électricité.

cdu-est-mh-hg-cpy/cam

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.