"Papa d'amour" : le professeur de chant condamné à 16 ans de réclusion pour viols et agressions sexuelles

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Par Karine ALBERTAZZI - Moulins (AFP)
Publié le 26 juin 2018 - 21:15
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"C'est bien le loup déguisé en agneau qui est entré dans la bergerie". Un ancien professeur de chant a été condamné mardi à 16 ans de réclusion pour des viols, agressions sexuelles et corruptions de mineurs sur des élèves d'un établissement scolaire catholique de Moulins entre 2007 et 2010.

Après trois heures de délibéré, la cour d'assises de l'Allier est allée au-delà des réquisitions de l'avocate générale Audrey Galaud, qui avait réclamé 14 ans d'emprisonnement.

La cour a par ailleurs assorti sa peine d'un suivi socio-judiciaire de 8 ans et d'une interdiction d'exercer une activité auprès de mineurs.

Compositeur-interprète de musique religieuse, Jean-Philippe Galerie était chargé de monter des comédies musicales pour le centre scolaire catholique Saint-Benoît. Plus d'une centaine d'élèves de la sixième à la seconde y ont participé.

Dans le cadre de son atelier de chant, "Atout Cœur", il nouait des relations avec les adolescentes qui tenaient les rôles-titres des Misérables, de Robin des Bois ou de d'Artagnan.

Charmées et impressionnées par cet homme de vingt ans leur aîné, les plaignantes, alors âgées de 14 à 17 ans, ont lié avec lui des relations père-fille, au point de l'appeler, à sa demande, leur "Papa d'amour". Faisant office de confident et de père de substitution, il leur laissait des petits mots doux et leur offrait bijoux, parfums et sous-vêtements.

Mises en confiance, les adolescentes étaient ensuite invitées à son domicile du Maine-et-Loire, où il vivait avec femme et enfants, lors de "stages" ou de "master class".

L'accusé les y réveillait, "nu ou en string", pour des "câlins collectifs" dans le lit familial, ou les surprenait "dans la salle de bains dont la porte n'était jamais fermée". Gestes malsains et inappropriés qu'il justifiait par une "question de culture" et "d'ouverture d'esprit". Avant d'imposer les faits qui lui sont reprochés - baisers forcés, caresses, pénétrations, parfois à plusieurs, demande de fellations - à des jeunes filles vierges "pétrifiées", ne sachant comment lui résister.

- " Cour du roi " -

"La perversion, c'est qu'on finissait par croire qu'on n'avait pas dit non, qu'on ne s'était pas débattues", a expliqué vendredi l'une des sept victimes parties civiles, dont les récits, "bouleversants" de l'aveu même de la défense, ont souligné l'"emprise" qu'il avait sur elles.

"Comme à la cour du roi Louis XIV, il mettait dans son lit l'une de ses favorites", a décrit la procureure générale.

Les jeunes filles, un temps vilipendées sur les réseaux sociaux après la révélation de l'affaire, n'étaient pas, selon elle, des "cochonnes (...) allées chercher le loup. C'est bien le loup déguisé en agneau qui est entré dans la bergerie", a lancé la magistrate.

D'une voix larmoyante, l'ancien pizzaïolo et ex-secrétaire des scouts de France en Isère, qui a reconnu les faits, a redit mardi "combien il était désolé pour les victimes. Je ne peux pas faire autre chose que des mots, c'est sincère".

Au début du procès, l'accusation et les parties civiles lui avaient reproché sa froideur.

Sa "vie sexuelle débridée et inacceptable - il avait en même temps des relations sexuelles avec la professeure de musique de l'établissement et des partenaires d'échangisme, non protégées - est le reflet d'une vie affective qui n'a jamais été comblée", a estimé son conseil Me Denis Dreyfus. "La maison du bonheur est devenue celle du chaos, d'un endoctrinement libertaire (auquel) il croyait".

L'accusé de 46 ans a déjà été condamné pour corruption de mineur à cinq mois de prison avec sursis en 2011 mais l'enquête à l'époque n'avait pas recensé d'autres victimes. C'est un nouveau témoignage qui a abouti à son interpellation en mars 2016.

Seule une ancienne élève devenue sa compagne après les faits - et qui l'a quitté il y a deux semaines - a assuré de son consentement. Son nom a été retiré de la liste des victimes.

"C'est un très beau jugement après quatre jours éprouvants. Elles sont satisfaites. Il y a eu de la bienveillance à leur égard", s'est félicité Me Elodie Falco qui représentait quatre victimes.

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