Pédophilie au sein de l'Eglise : les silences du cardinal Barbarin jugés en janvier

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Par Marjorie BOYET - Lyon (AFP)
Publié le 04 avril 2018 - 15:28
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Des difficultés juridiques ont entraîné mercredi le renvoi du procès du cardinal Barbarin, poursuivi avec d'autres pour ne pas avoir dénoncé à la justice des agressions sexuelles survenues dans son di
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© JEFF PACHOUD / AFP/Archives
Des difficultés juridiques, liées à la comparution d'un prélat du Vatican, ont entraîné mercredi le renvoi du procès du cardinal Barbarin, poursuivi avec d'autres pour ne pas avoir dénoncé à la justice des agressions sexuelles survenues dans son diocèse.
© JEFF PACHOUD / AFP/Archives

Des difficultés juridiques, liées à la comparution d'un prélat du Vatican, ont entraîné mercredi le renvoi du procès du cardinal Barbarin, poursuivi avec d'autres pour ne pas avoir dénoncé à la justice des agressions sexuelles survenues dans son diocèse.

Initialement prévu de mercredi à vendredi devant le tribunal correctionnel de Lyon, le procès aura lieu finalement du 7 au 9 janvier. "Une date suffisamment lointaine", selon le président du tribunal, pour permettre aux parties civiles d'effectuer les démarches nécessaires à la comparution du préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi au Vatican, l'Espagnol Luis Francisco Ladaria Ferrer.

Outre celui-ci et Mgr Barbarin, cinq autres prévenus devaient comparaître dans le cadre d'une procédure de citation directe lancée par neuf anciens scouts de la région lyonnaise, après que le parquet eut classé sans suite, à l'été 2016, une enquête ouverte sur les mêmes faits.

Mais un défaut de traduction en espagnol et en italien, dans les délais impartis, de la citation à comparaître du prélat romain et de la totalité du dossier, a conduit les parties civiles à solliciter le renvoi.

M. Ladaria Ferrer avait été consulté par le diocèse lyonnais sur le cas du père Bernard Preynat, agresseur présumé des plaignants - ce prêtre est mis en examen depuis janvier 2016 dans un dossier séparé - qui tiennent à ce que le religieux espagnol soit jugé en même temps que les autres prévenus.

Poursuivre le "numéro 2 du Vatican" vise à mettre en lumière "la mécanique institutionnelle" de l'Église dans son traitement des agressions sexuelles commises en son sein, explique François Devaux, fondateur d'une association à l'origine de la procédure, La Parole Libérée. "On n'a pas tous les jours l'occasion de mettre en évidence techniquement les responsabilités", ajoute ce plaignant.

- "Ca suffit" -

Les plaignants reprochent au Primat des Gaules de ne pas avoir dénoncé les agissements du père Preynat alors qu'il en avait été informé au milieu des années 2000, et de l'avoir laissé au contact d'enfants dans le diocèse de Lyon jusqu'en 2015.

"L'objectif n'est pas la condamnation - nous demandons un euro de dommages et intérêts - mais nous voulons que la justice réfléchisse sur la dénonciation, qui est la première arme de lutte contre les agressions sexuelles", a confié à l'AFP François Devaux.

A l'issue d'une courte audience mercredi, l'avocat de Mgr Barbarin, Me Jean-Félix Luciani, a déploré "une procédure à visée médiatique". "Nous souhaiterions que la page soit tournée, enfin", a-t-il soufflé devant la presse.

"Ce qui devait être fait, n'a pas été fait. Nous n'y sommes pour rien. C'est une affaire dont on a beaucoup parlé et dont on parle encore, ça suffit !", a renchéri Me Eymeric Molin, autre avocat de la défense, tandis que le parquet a refusé d'endosser "la responsabilité de ce renvoi" que lui imputent les parties civiles, informées tardivement des obligations de traduction qui leur incombaient.

En classant sans suite son enquête en 2016, le parquet de Lyon avait fait valoir qu'avant 2014, date à laquelle le cardinal Barbarin rencontra pour la première fois une victime, la non-dénonciation était couverte par la prescription dont le délai est de trois ans. Après 2014, il avait écarté toute volonté d'entraver la justice de la part de l'archevêque, ainsi que tout péril imminent, les derniers abus imputables au père Preynat remontant à plus de 25 ans.

C'est sur la prescription que comptent batailler les avocats des plaignants.

Selon eux, l'obligation de dénoncer est "continue" et le délit "occulte" dès lors que la justice est informée par un autre biais, en l'espèce la première plainte déposée contre Preynat en 2015. A leurs yeux, les faits sont bien constitués et non prescrits.

"Les travaux préparatoires de la réforme (pénale qui prévoit l'allongement de la prescription pour les agressions sexuelles sur mineur, NDLR) valident cette hypothèse", fait valoir Me Jean Boudot.

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