Pour "enraciner" leur mouvement, des "gilets jaunes" évoquent les municipales
Verra-t-on des "gilets jaunes" aux municipales ? Réunis à Saint-Nazaire pour leur deuxième "Assemblée des assemblées", plusieurs dizaines de délégués venus de toute la France ont évoqué l'idée de construire des listes d'ici 2020, pour "enraciner le mouvement" et "redevenir des citoyens à part entière".
"On n'arrive peut-être pas à gicler Macron, mais les maires" -- ceux qui refusent de laisser les "gilets jaunes" s'installer-- "ceux-là on peut les gicler", clame, sous des rires et des applaudissements nourris, Claude, venu de Commercy (Meuse) présenter la proposition de son groupe de créer des "assemblées municipales", vendredi, au premier des trois jours de l'évènement.
Concrètement, explique à l'AFP ce cinquantenaire qui ne souhaite pas donner son nom, "il ne s'agit pas de se présenter en surplomb et de dire +votez pour nous on va faire ceci, on va faire cela+, il s'agirait de se présenter pour dire +si on est élu on appliquera systématiquement la volonté de l'assemblée municipale, c'est-à-dire de l'ensemble des citoyens qui voudront bien y participer+".
Un moyen "d'enraciner" le mouvement et "le rapport de force", selon la proposition des "gilets jaunes" de Commercy, où s'était déroulée la première "Assemblée des assemblées" fin janvier.
La question de présenter des listes aux élections européennes a largement divisé les "gilets jaunes", mais l'idée d'en constituer pour les municipales, si elle suscite le débat, ne semble hérisser personne parmi les participants.
"Les européennes, ce n'est pas du tout la même chose, le Parlement européen n'a pas de pouvoir à proprement parler, là en local on peut faire des choses... Puis les gilets jaunes sont majoritairement contre cette Europe de l'argent, donc pourquoi aller essayer de s'y substituer ?", ajoute Claude.
"Le mouvement des gilets jaunes est né par la base, et c'est comme ça qu'on doit le consolider", abonde Stéphane Carbiener, 45 ans, venu de Bordeaux. "Et comment reprendre les clefs du pays ? Ca démarre par les maires. On a 36.000 communes où les gilets jaunes peuvent consolider le lien qu'ils ont commencé à créer", ajoute-t-il, saluant la proposition des représentants de Commercy.
- "Essoufflement" -
"Les solutions sont là, il faut juste qu'on arrive à les mettre en oeuvre. Et dans la proposition de Commercy, on a un vrai fil conducteur qui nous permet, au bout, de reprendre les clefs du pays", estime-t-il.
S'ils ne sont pas totalement hermétiques, plusieurs participants au débat organisé sur le "municipalisme" doutent de la pertinence de se présenter en 2020.
Sarah, venue de Rennes, s'interroge sur "la faiblesse du pouvoir des maires", qui ne décident plus grand chose selon elle. Et puis, "comment vous proposez de gagner les élections?", lance-t-elle avant de rendre le micro.
Michel, venu en voisin de Loire-Atlantique, annonce clairement qu'il n'est "pas pour qu'on fasse une liste": "Ce qui m'intéresse, c'est +comment on donne le pouvoir au peuple+. Et on n'a pas besoin d'être élu pour faire bouger les choses, c'est des batailles quotidiennes contre la fermeture d'une classe, de la poste... ".
Pour Esther non plus l'heure n'est pas à la dispersion, "à Nantes je sens qu'on n'est pas prêts", explique-t-elle à l'AFP. "On est dans une période d'essoufflement et pour moi ce serait trop se disperser, pour peut-être peu de résultats".
"C'est sûr qu'il faut penser à l'après. Savoir, si on prend le pouvoir, comment on fait. Mais là, on va s'éparpiller (...) nous, on a un noyau de 10, 15 personnes et j'ai entendu que dans les autres groupes c'est pareil, une dizaine de personne qui font tout", pas de quoi se concentrer sur la création d'une liste. "Il faut continuer l'action, les blocages", estime la trentenaire.
De fait, reconnaît Claude, le "gilet jaune" de Commercy, construire des listes, essayer de gagner des mairies, "ça ne résout pas tout, ça ne résout pas le problème du pouvoir d'achat, ça ne résout pas le problème des taxes ... mais ça sera une excellente école locale, pour nous réapproprier notre quotidien. Redevenir des citoyens à part entière."
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