Ses habitants "unis contre la barbarie", Strasbourg panse ses plaies
"Le marché de Noël ne sera plus pareil mais il est important de montrer qu'on est ensemble": Soraya Elbyari est venue déposer jeudi des petits mots rédigés par ses élèves au pied du l'imposante statue du général Kléber, en plein centre de Strasbourg.
Sur son socle s'est improvisé un autel d'hommage aux victimes de la fusillade de mardi avec des centaines de bougies, des mots, des dessins d'enfants et des fleurs. Sous un beau ciel bleu et malgré un froid vif, de nombreux Strasbourgeois et touristes s'arrêtent là quelques instants pour se recueillir.
"Tous unis contre la barbarie", "Je suis Strasbourg", "Nos pensées vont aux victimes", ou "Je suis musulman et je condamne d'une fermeté absolue, ce n'est pas ça l'islam", peut-on lire sur les mots laissés par les passants.
Soraya Elbyari, professeur d'espagnol au lycée René-Cassin de Strasbourg reste très marquée par la fusillade qui s'est produite à quelques mètres de là mardi soir.
"Hier il n'y avait aucun élève en classe mais ce matin j'en avais quelques-uns", raconte l'enseignante de 40 ans. "Ils étaient choqués, il y avait de la haine, de la tristesse. On n'a pas fait cours, ils avaient besoin de parler. Beaucoup ont pleuré alors que ce sont des grands, des lycéens".
Les mots de ses élèves : "Pour les victimes, pour leurs proches, n'arrêtons pas de vivre, vivons". Et également: "Rouvrons les commerces et le marché de Noël, illuminons les rues".
- "Plus de tristesse que d'inquiétude" -
Après la fermeture mercredi de l'emblématique marché qui a plongé les rues de la capitale alsacienne dans une torpeur inhabituelle, beaucoup s'étonnaient que les volets des 300 chalets de bois restent encore clos jeudi.
Le maire de la ville Roland Ries souhaitait rouvrir le marché qui reçoit 2 millions de visiteurs chaque année. Mais le préfet du Bas-Rhin Jean-Luc Marx a estimé qu'avec l'assaillant toujours en fuite, les conditions de sécurité n'étaient pas réunies.
"On ressent beaucoup plus de tristesse que d'inquiétude", relève pourtant Nadia Boes, conseillère en séjour à l'office du tourisme, au pied de la cathédrale, où la vie reprend peu à peu ses droits.
"Aujourd'hui on a pas mal de visiteurs et les gens sont surpris que le marché de Noël ne soit pas ouvert. On pensait qu'il n'y aurait personne en ville mais ce n'est pas du tout le cas ! Et les gens nous disent qu'il y a tellement de policiers et militaires qui patrouillent qu'ils ne sont pas particulièrement inquiets".
Personne n'est venu à l'Office du tourisme en annonçant vouloir écourter son séjour, ajoute Mme Boes qui, à défaut, envoie les visiteurs vers d'autres marchés de Noël des alentours, à Colmar ou Riquewihr.
- "Tout est fermé" -
Devin Arloski, un Américain de 45 ans venu de Boulder, dans le Colorado, est très déçu de ne pas pouvoir se promener dans les allées du marché: "Heureusement on a pu en profiter un petit peu lundi, avant l'attaque, et hier on est allé dans des villages alentours, mais c'est décevant que ce soit encore fermé. Ces choses-là arrivent, aux Etats-Unis c'est en quelque sorte normal, une autre fusillade... Mais pas question que ça ruine la fin de mes vacances".
Sa femme Sara est plus vindicative: "Je suis triste de ce qui est arrivé à cette ville, mais ça n'atténue pas ma colère. Je suis tellement déçue, tout est fermé. Au moins on a pu en profiter une journée, mais je ne reviendrai pas".
Les rumeurs vont bon train sur une réouverture du marché de Noël vendredi, même si à l'office du tourisme les accueillants sont toujours "dans le flou". "On aimerait vraiment que ça rouvre demain, ou au plus tard samedi", glisse Nadia Boes.
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