SNCF : les syndicats inquiets après le début de la concertation avec Borne
Les syndicats de la SNCF, reçus jeudi au ministère des Transports, se sont dit inquiets à l'issue d'une première réunion de concertation depuis l'annonce lundi du projet gouvernemental de réforme du groupe public ferroviaire.
La CGT cheminots, premier syndicat, "n'est pas rassurée du tout", a dit à la presse son secrétaire général Laurent Brun, à la sortie de son entrevue avec la ministre Élisabeth Borne, qui recevait séparément les cinq principaux syndicats.
Il y a eu "beaucoup d'échanges, mais pas beaucoup de marges de manœuvre", a-t-il ajouté. La CGT participera "sans beaucoup d'illusions" à la concertation de deux mois ouverte jeudi.
Le plan annoncé par le Premier ministre Édouard Philippe prévoit notamment la fin du statut de cheminot pour les nouveaux embauchés, la transformation de la SNCF en société anonyme à capitaux publics et la possibilité de mener la réforme par ordonnances.
"Au-delà de la concertation, nous voulons de la négociation, nous n'avons pas eu gain de cause" et le gouvernement reste "ferme" sur le statut, a ajouté M. Brun.
Comme la CGT, l'Unsa (2e syndicat) a "insisté" sur la nécessité d'une "négociation", a souligné son secrétaire général Roger Dillenseger, déplorant un calendrier "extrêmement" serré.
SUD-Rail s'est trouvé face à "un gouvernement qui ne souhaite pas discuter", avec "un calendrier absolument démentiel", a regretté Erik Meyer, secrétaire fédéral de SUD-Rail (3e syndicat). "Il n’y a aucune marge de manœuvre", a-t-il ajouté, n'excluant pas de ne plus participer à la concertation.
Dénonçant "un simulacre de concertation", la CFDT (4e syndicat) a aussi critiqué "un calendrier trop court vu la complexité des sujets à traiter".
Dans un communiqué, le ministère des Transports a indiqué jeudi soir que "plus de 70 réunions sont d’ores et déjà prévues, du 1er mars au 24 avril, dans des configurations différentes (multilatérales, bilatérales) avec les organisations syndicales représentatives".
Quatre thèmes seront abordés: l'amélioration du service public ferroviaire, l'ouverture à la concurrence, l’organisation de la SNCF et la modernisation sociale du secteur.
- 'Des sujets verrouillés' -
Mardi, ces quatre syndicats représentatifs de la SNCF s'étaient donné rendez-vous le 15 mars pour décider d'une éventuelle grève, au vu du résultat de la concertation et du contenu du projet de loi d'habilitation des ordonnances que devrait présenter le gouvernement le 14 mars. Une alerte sociale, première étape pour pouvoir appeler à la grève, a été déposée jeudi matin.
Il y a des "sujets verrouillés" car "le gouvernement est très fermé sur deux points: la transformation du groupe en société à capitaux publics et la réforme du statut", a indiqué Stéphane Mariani, secrétaire général adjoint de la CFDT Cheminots.
Pour l'Unsa, "le recrutement au statut reste un élément majeur", a souligné son représentant, jugeant "impensable" de le supprimer "alors même que la convention collective n'est pas encore négociée". Le statut supprimé, "c'est la ligne rouge", a résumé SUD-Rail.
FO-Cheminots (5e syndicat) n'a entendu "rien de rassurant", avec le statut pris pour "cible" ou des précisions de la ministre sur "la filialisation du fret", a indiqué son secrétaire général adjoint, Philippe Herbeck.
L'Unsa "va transmettre" à Mme Borne des éléments par métier sur les "contraintes" du transport ferroviaire, "notamment celles liées à l'exploitation, comme le travail de nuit" ou "la continuité de service".
La CGT "remettra le 7 mars une proposition globale au ministère" sur la SNCF. Le PDG du groupe, Guillaume Pepy, devrait lui présenter le 15 mars sa feuille de route au gouvernement.
Évoquant la manifestation nationale prévue le 22 mars à Paris, la CGT a dit avoir proposé "à toutes les organisations syndicales de faire un appel commun" à défiler. L'Unsa et SUD-Rail avaient déjà annoncé leur participation. La CFDT se décidera la semaine prochaine. FO a indiqué jeudi qu'elle rejoindrait le cortège.
Prédisant une "manifestation énorme", M. Brun a confirmé qu'il n'y aurait "pas d'appel national à la grève" le 22 mars. Le même jour, les fonctionnaires défendront leurs propres revendications (pouvoir d'achat, statut, recours aux contractuels).
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