Sur les Champs-Elysées, "un attroupement de bleus" mais pas de "gilets jaunes"

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Par Alexandre HIELARD - Paris (AFP)
Publié le 23 mars 2019 - 16:09
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Des véhicules de gendarmerie garés sur les Champs-Elysées, pour l'acte 19 des "gilets jaunes" le 23 mars 2019
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© FRANCOIS GUILLOT / AFP
Des véhicules de gendarmerie garés sur les Champs-Elysées, pour l'acte 19 des "gilets jaunes" le 23 mars 2019
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Depuis l'Arc de Triomphe, une myriade de fourgons de police et de gendarmerie dessine une parfaite ligne droite jusqu'à la Concorde. Dissuadés de braver l'interdit de défiler sur les Champs-Elysées, leur "symbole", les "gilets jaunes" se sont rassemblés ailleurs à Paris, pour ne pas "faire de la provoc''.

Arrivés sur la célèbre avenue dès 8H00, Jérémy et Adrien, venus du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) et de Pont-l'Evêque (Calvados), n'ont pas tardé à subir fouilles et palpations. "Il y avait un gros attroupement de bleus, on croyait que c'était interdit", ironisent-ils.

Bien que pliés et rangés sous leurs vestes, leurs gilets jaunes leur ont été confisqués et leurs identités relevées. "On m'a obligé à signer un PV indiquant que mon gilet était apparent, sinon ils m'embarquaient", affirme Adrien.

Ce gilet est devenu au fil des mobilisations bien plus qu'un bout de tissu. "Je me sens à poil maintenant. Ce gilet, c'est du vécu, on a pleuré, on a dégueulé ensemble", explique Jérémy, attaché à retrouver chaque samedi "l'odeur de brûlé" qui l'imprègne. "J'y avais inscrit mes 13 actes, des mots, des dessins. Je suis dégoûté", abonde Adrien.

Les deux hommes, comme plusieurs dizaines d'autres "gilets jaunes", ont choisi de se rabattre sur le Trocadéro, où un rassemblement avait été déclaré en préfecture.

Là, au milieu de la petite foule jaune, quelques policiers patrouillent au milieu des vendeurs à la sauvette, des touristes profitent du panorama sur la Tour Eiffel pour enchaîner des selfies et jouent des coudes avec des photographes professionnels venus immortaliser des mariages.

"Ca aurait été de la provoc' d'aller sur les Champs, vu la répression qu'ils ont annoncée. Et il ne faut pas être inconscient, si les "black blocs" reviennent", estime Jean-Paul Tonson, 57 ans, remonté contre cette interdiction "lamentable". "Mais on continue de se montrer, on ne lâchera pas", promet ce fonctionnaire.

"Nous faire chier comme ça, c'est pas ça qui va changer les choses. Si c'est pas sur les Champs, ce sera ailleurs", assure Guillaume, "gilet jaune" de Paris.

- "Dérive totalitaire" -

"Les Champs, c'est notre symbole. Cette interdiction, ça prouve que ça leur fait mal", glisse Marius, venu de Brétigny-sur-Orge (Essonne). "Ca fait plaisir de voir les rideaux de toutes les boutiques de luxe baissées. De toute façon, on sait qu'on va y retourner", dit-il.

Après les violences et dégradations de la semaine dernière, Malika Bouchana, elle, trouve cette interdiction "normale" puisque "c'est devenu un champ de bataille". "Il n'y a plus rien à casser, les enseignes capitalistes sont à terre". Le Fouquet's, "qu'est-ce que ça peut me faire?", dit-elle: "Moi ce qui me fait pleurer, ce sont toutes ces personnes blessées, mutilées".

"Monsieur Castaner, on n'a pas peur de vous", clame au mégaphone Jean-Christian Valentin, initiateur du rassemblement au Trocadéro, stetson bleu-blanc-rouge vissé sur la tête.

Ici, l'appel au renfort de la force militaire antiterroriste Sentinelle pour décharger les forces de l'ordre indigne. "On est dans un dérive totalitaire. Quand est-ce qu'ils vont se bouger? Leur seule réponse est sécuritaire, ça fait 19 actes qu'on attend des réponses politiques", tonne Céline, 31 ans, sculptrice à Paris.

"Tant qu'il n'y a pas d'avancée dans nos revendications, on ne s'arrêtera pas", assure Sabine Barault, présente dans la manifestation déclarée entre Denfert-Rochereau et la Butte-Montmartre. La violence, "ça divise", reconnaît cette employée dans une maison de services à la personne. "Après, Mai-68 ne s'est pas fait avec des Bisounours".

Également dans le cortège, Denis "condamne les violences", mais explique qu'"il y a des gens qui n'ont plus rien à perdre". Après plus de quatre mois de mobilisation, "on ira jusqu'au bout, on ne peut pas avoir fait tout ça pour rien".

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