Le tireur de Strasbourg était un radicalisé au lourd passé judiciaire

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Par Marie DHUMIERES - Strasbourg (AFP)
Publié le 12 décembre 2018 - 12:53
Mis à jour le 14 décembre 2018 - 01:20
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Un militaire français au pied de la cathédrale de Strasbourg, le 12 décembre 2018
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© Patrick HERTZOG / AFP
Un militaire français au pied de la cathédrale de Strasbourg, le 12 décembre 2018
© Patrick HERTZOG / AFP

L'auteur de l'attaque sanglante sur le marché de Noël de Strasbourg, tué jeudi soir par une patrouille de policiers, était un radicalisé de 29 ans au lourd passé judiciaire.

Chérif Chekatt "faisait partie des soldats de l'Etat islamique", a assuré peu après l'annonce de sa mort l'agence de propagande de l'organisation jihadiste (EI).

Après son forfait, le fugitif s'est réfugié dans le quartier du Neudorf, à la fois populaire et résidentiel, où il a grandi et où il est mort.

Selon la photo de l'avis de recherche lancé mercredi par la police, Chérif Chekatt avait les yeux foncés et les cheveux noirs, sourcils épais, courte barbe et une marque noire sur le front.

"Il était pas à fond dans l'islam", avait assuré à l'AFP Zach, 22 ans, qui réside dans le quartier des Poteries, une petite cité de barres HLM, en banlieue strasbourgeoise. Ce voisin décrivait un homme "discret, pas baraqué", qui logeait seul dans un petit appartement d'un immeuble délabré. Ses parents habitent aussi le quartier, selon lui.

Né à Strasbourg en 1989, Chérif Chettak a eu des démêlés avec la justice dès son plus jeune âge et a été condamné à 27 reprises pour des délits de droit commun. Il a été incarcéré à plusieurs reprises, en France et en Allemagne.

Selon une source proche du dossier, "une affiche de Ben Laden (avait été) découverte dans sa cellule en 2008".

"Décrit comme un pratiquant au prosélytisme parfois agressif", il était fiché "S" (pour sûreté de l'Etat) pour sa radicalisation islamiste par les services antiterroristes, après un passage en prison de 2013 à 2015, a précisé cette même source, mais au niveau 11, dans le "bas du spectre".

Son suivi par la DGSI, les renseignements intérieurs, a été maintenu jusqu'à l'attaque de mardi soir mais il n'avait révélé "ni velléité de passage à l'acte, ni même sa radicalisation". "Aucun lien avéré avec la Syrie" n'a par ailleurs été établi, toujours selon cette même source.

Selon plusieurs sources, un de ses frères, fiché S, seule personne de son entourage à apparaître comme radicalisée, a été interpellé en Algérie.

- Grenade et pistolet -

En prison, l'homme qui a crié "Allah Akbar" lors de son équipée sanglante sur le marché de Noël de Strasbourg "incitait à la pratique de la religion sous une forme radicale, mais rien ne permettait de détecter un passage à l'acte dans sa vie courante", a indiqué mercredi le procureur de Paris, Rémy Heitz.

Sur son parcours carcéral, la ministre de la Justice Nicole Belloubet avait précisé qu'il avait "effectué en France deux peines de prison de deux ans chacune, qu'il avait purgées". "Il est sorti (de prison) il y a trois ans, de sa dernière condamnation", avait-elle ajouté.

"Il a eu ses premières condamnations à 13 ans. Il a fait l'objet de 67 inscriptions pour diverses interventions et comportements qui systématiquement étaient marqués par la violence", selon le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.

Avant l'attaque de mardi, le fuyard était déjà recherché dans une affaire de vol à main armée commise avec "sa bande de malfrats", "qui aurait mal tourné" au mois d'août, avec une tentative d'homicide, selon une source proche.

Il devait pour cette affaire être interpellé tôt mardi matin par les gendarmes et les fonctionnaires de la DGSI, quelques heures donc avant l'attaque sur le marché de Noël, mais l'homme n'était pas chez lui. Une grenade, un pistolet et des couteaux ont été retrouvés à son domicile.

L'auteur de l'attaque a aussi été incarcéré pendant quelques mois en Allemagne en 2016 pour cambriolages, a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère de l'Intérieur de la région de Bade-Wurtemberg, où l'intéressé avait sévi. Il a purgé un peu plus d'un an en Allemagne avant d'être expulsé en France.

Selon le journal Tagesspiegel, il avait aussi cambriolé un cabinet dentaire à Mayence en 2012, où il avait notamment dérobé de l'argent liquide et des dents en or.

burs-mdh/ha/cbn

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