Un an après les premières révélations sur le "Penelopegate", où en est l'enquête ?
Les révélations du Canard enchaîné avaient fait voler en éclats la campagne présidentielle de François Fillon: un an après, l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs de son épouse Penelope tourne au ralenti tandis qu'aucun des recours envisagé par le camp de l'ex-Premier ministre n'a été déposé.
Depuis cet été, "une dizaine de personnes ont été entendues sans que cela donne lieu à de nouvelles poursuites", d'après une source proche du dossier qui espère que les investigations seront bouclées "courant 2018".
"Les enquêteurs ont tout effectué en quelques semaines, aujourd'hui il ne se passe plus rien", assure de son côté à l'AFP Antonin Levy, avocat de l'ex-candidat de droite.
Les dernières investigations se sont concentrées sur la société 2F Conseil créée en 2012 par François Fillon, les enquêteurs s'interrogeant sur d'éventuels conflits d'intérêts. Des perquisitions se sont déroulées chez plusieurs de ses clients, notamment l'assureur Axa, dont l'ex-PDG Henri de Castries est un ami de l'ex-Premier ministre.
25 janvier 2017.
Le Canard enchaîné déclenche un tsunami à trois mois du premier tour de la présidentielle: Penelope Fillon, épouse du grand favori de l'élection, a été employée pendant de nombreuses années comme assistante parlementaire de son mari ou du suppléant de ce dernier, Marc Joulaud. De 1986 à 2013, la discrète Galloise, sans profession connue jusque-là, a perçu 680.380 euros net, des salaires qui ne seraient pas justifiés par le travail accompli.
L'hebdomadaire révèle aussi de possibles abus de biens sociaux: Mme Fillon a été embauchée de mai 2012 à décembre 2013, pour un salaire de 3.500 euros net par mois, à La Revue des deux mondes, propriété de l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière, proche de l'ex-Premier ministre. Or, elle n'a produit que deux notes de lecture pour le magazine.
Le parquet national financier (PNF) ouvre une enquête, confiée en mars à trois juges d'instruction.
Les premières investigations aboutissent à la mise en examen du couple Fillon, de MM. Joulaud et Ladreit de Lacharrière.
- 'Appuyé sur la gâchette' -
Les révélations s'accumulent sur de possibles emplois fictifs des enfants du couple Fillon, puis sur des soupçons de trafic d'influence car l'ex-Premier ministre s'est fait offrir deux costumes d'une valeur de 13.000 euros par Robert Bourgi, figure des réseaux de la "Françafrique".
"Sa campagne a été faite sur la transparence, la probité, la modestie. Je voyais qu'il dérivait alors j'ai décidé de tout révéler. J'ai appuyé sur la gâchette", reconnaît l'avocat. Un mois après ses révélations, François Fillon est éliminé dès le premier tour.
Pour Florence Portelli, ex-porte-parole du candidat, "sans préjuger de sa culpabilité ou de son innocence, il est évident que cette histoire a été instrumentalisée à des fins politiques. L'emploi de sa femme au Parlement était connu. Qui a tout orchestré, tout feuilletonné à ce moment-là?".
Dénonçant une enquête tellement entachée d'irrégularités qu'elle en devient "nulle", le camp Fillon avait promis une contre-attaque, annonçant envisager une série de recours. Il remettait en question la compétence du PNF et faisait valoir que le délit de détournement de fonds publics, pour lequel l'ex-candidat est mis en examen, n'était pas applicable à un député.
Au final, "aucun recours n'a été déposé. Son avocat préfère sans doute réserver ses arguments lors d'un éventuel procès", souligne une source proche du dossier.
Sa défense attend aussi que la Cour de cassation prenne position: saisie par cinq sénateurs de l'ex-UMP après que la cour d'appel de Paris a jugé qu'un parlementaire pouvait bien être poursuivi pour détournements de fonds publics, la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire est appelée à trancher cette question délicate.
En attendant, plusieurs volets de l'enquête ne semblent pas devoir prospérer. "Sur les costumes, d'éventuels faux ou 2F Conseil, mon client n'est pas poursuivi, les enquêteurs n'ayant rien trouver à redire", assure Me Levy. Quant à l'emploi de ses enfants Charles et Marie Fillon, l'ex-Premier ministre "est mis en examen mais pas ses enfants, ce qui est une absurdité", ajoute l'avocat.
M. Fillon, 63 ans, a rejoint en septembre la société de gestion d'actifs et d'investissement Tikehau Capital et a dissout fin décembre 2F Conseil. Il est aujourd'hui retiré de la vie politique.
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