Une affaire de blanchiment par millions d'argent du cannabis jugée à Paris

Auteur:
 
Par Anne-Sophie LASSERRE - Paris (AFP)
Publié le 17 septembre 2018 - 15:17
Image
Les millions d'euros en espèces du trafic de cannabis étaient recyclés avec les comptes de fraudeurs fiscaux français: quarante personnes comparaissent à partir de lundi à Paris dans le dossier "Virus
Crédits
© LOIC VENANCE / AFP/Archives
Les millions d'euros en espèces du trafic de cannabis étaient recyclés avec les comptes de fraudeurs fiscaux français: quarante personnes comparaissent à partir de lundi à Paris da
© LOIC VENANCE / AFP/Archives

Les millions d'euros en espèces du trafic de cannabis étaient recyclés avec les comptes de fraudeurs fiscaux français: quarante personnes comparaissent à partir de lundi à Paris dans le dossier "Virus", une affaire de blanchiment à grande échelle de l'argent de la drogue.

Trafiquants, blanchisseurs et "cols blancs" peu scrupuleux en quête de liquidités: âgés de 29 à 80 ans, les prévenus sont soupçonnés d'avoir pris part, à des degrés divers, à ce vaste réseau franco-suisse de blanchiment, dont le démantèlement à l'automne 2012 avait fait grand bruit.

Tout avait commencé avec une enquête classique sur un réseau implanté en Ile-de-France, accusé d'avoir importé du Maroc en France plusieurs centaines de kilos voire des tonnes de résine de cannabis, via l'Espagne. L'organisateur présumé de ce trafic, Rachid Mimoun, un Franco-Algérien de 45 ans, comparaît détenu.

Parallèlement aux investigations sur ce trafic, à l'aide de la surveillance d'une centaine de lignes téléphoniques, les enquêteurs avaient remonté la trace des espèces et réussi à mettre au jour un système "complexe", mais parfaitement rodé, de blanchiment d'argent de la drogue, transitant par des sociétés-écrans et les comptes bancaires de fraudeurs fiscaux.

Plusieurs réseaux de blanchisseurs étaient identifiés: une filière s'appuyant sur des commerçants chinois parisiens, vendeurs de textile en gros, et une "officine suisse" spécialisée dans la fraude fiscale.

- Plaider-coupable -

L'enquête "Virus" s'est particulièrement intéressée à cette dernière et à la fratrie El Maleh, dont cinq des sept membres sont jugés par le tribunal.

L'un des frères, Meyer El Maleh, gérant d'une société de gestion de patrimoine comptant pour clients de riches évadés fiscaux français et "professionnel de l'ingénierie financière", est soupçonné d'avoir monté ce vaste système.

Quand ses clients souhaitaient rapatrier discrètement en France leur argent de leurs comptes dissimulés en Suisse, il faisait appel à son grand frère Mardoché, qui leur remettait en main propre des enveloppes contentant des espèces préalablement collectées auprès des trafiquants-revendeurs en France sous la coordination d'un "courtier occulte" - un "saraf" dans le jargon - Simon Perez, un proche de la famille.

Le benjamin de la fratrie, Nessim El Maleh, employé chez HSBC à Genève, était lui chargé de débiter les comptes du même montant et de reventiler l'argent, via des sociétés-écrans basées à Londres, vers les trafiquants de drogue marocains.

Dix-sept fraudeurs fiscaux identifiés lors des investigations ont fait l'objet en novembre 2017 d'une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, un plaider-coupable à la française, dont l'ancienne élue écologiste Florence Lamblin. Plusieurs autres sont renvoyés devant le tribunal.

Un troisième réseau de blanchisseurs, soupçonné d'avoir convoyé vers Dubaï ou converti en or, en Belgique, jusqu'à 2014, des dizaines de millions d'euros issus de la vente du cannabis, a fait l'objet d'un dossier distinct, baptisé "Rétrovirus". Dans cette autre procédure, vingt-six personnes avaient été condamnées en juin 2017 à Paris à des peines allant de 50.000 euros d'amende à dix ans de prison et huit millions d'euros d'amende.

La majorité des personnes impliquées dans l'affaire "Virus" et ses opérations de blanchiment ont affirmé qu'elles ignoraient l'origine frauduleuse des fonds.

Le procès est prévu jusqu'au 12 octobre.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Kamala Harris
Kamala Harris, ou comment passer de la reine de la justice californienne à valet par défaut
PORTRAIT CRACHE - Samedi 27 juillet, la vice-présidente américaine Kamala Harris a officialisé sa candidature à la présidence des États-Unis, une semaine après le retr...
03 août 2024 - 12:49
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.