Une responsable d'Amnesty en procès à Nice pour aide à des migrants mineurs

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Par AFP - Nice
Publié le 14 février 2018 - 15:46
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Martine Landry, membre d'Amnesty International et de l'Anafé (assistance aux frontières pour les étrangers) le 16 décembre 2017
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© Valery HACHE / AFP/Archives
Martine Landry, membre d'Amnesty International et de l'Anafé (assistance aux frontières pour les étrangers) le 16 décembre 2017
© Valery HACHE / AFP/Archives

Une responsable d'Amnesty International, poursuivie pour avoir aidé deux adolescents guinéens renvoyés en Italie par la police française malgré leur signalement au service de la protection de l'enfance, devra revenir devant la justice le 11 avril après un nouveau renvoi du procès demandé par le parquet.

Jugée devant le tribunal correctionnel de Nice, Martine Landry, retraitée vivant à Menton, 72 ans, également membre de l'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), risque cinq ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende.

Elle est accusée d'avoir facilité l'entrée de deux mineurs en situation irrégulière en les accompagnant du poste frontière italien de Vintimille où ils avaient été refoulés, au poste frontière français à Menton, le 28 juillet 2016.

Selon Amnesty, Mme Landry était munie des documents attestant du signalement de ces deux jeunes à l'aide sociale à l'enfance et à la gendarmerie, dix jours avant leur interpellation.

"Je n'ai rien commis d'illégal, au contraire. J'ai pris en charge deux jeunes qui n'étaient pas en situation irrégulière et je n'ai pas passé la frontière avec eux", a-t-elle souligné à la barre, au moment de commenter le renvoi de l'affaire.

Très émue en entrant au tribunal sous les acclamations et les cris de "Solidarité!" scandés par des dizaines de soutiens, Mme Landry ne s'est pas opposée à revenir encore une fois au tribunal en avril, observant que l'écho rencontré par son procès "est l'occasion de faire connaître le travail des associations à ces frontières".

Prévu initialement le 8 janvier, son procès, une première en France contre un membre d'Amnesty, avait déjà été ajourné en janvier à la demande du parquet, qui, un mois plus tard, a redemandé du temps pour retrouver la trace du signalement nominatif des deux mineurs isolés.

En attente d'une place en foyer, les deux mineurs avaient été arrêtés lors d'une perquisition chez Cédric Herrou à Breil-sur-Roya, après l'arrestation de ce militant de Roya Citoyenne en gare de Cannes. Il accompagnait en train quelque 150 migrants qui comptaient demander l'asile à Marseille.

Présent au tribunal, Cédric Herrou s'est étonné que l'aide sociale à l'enfance ne retrouve plus son mail concernant les deux mineurs. "On a tout dans ce dossier: la persécution des militants, l'aide sociale à l'enfance qui ne prend pas en charge les mineurs, la police qui les renvoie illégalement", a-t-il critiqué.

"Le dossier de Martine Landry prouve que, contrairement à ce que dit le préfet, les mineurs sont refoulés dans des conditions déloyales et irrégulières", a aussi estimé l'avocate de Mme Landry, Me Mireille Damiano.

Le préfet des Alpes-Maritimes a été désavoué à plusieurs reprises par la justice administrative pour des atteintes au droit d'asile, et dernièrement encore le 25 janvier, pour le cas d'un Erythréen de 12 ans, ne parlant pas français et renvoyé en Italie à sa descente du train à Menton.

Parmi les soutiens massés devant le tribunal figurait le député Luc Carvounas, candidat au poste de premier secrétaire du Parti socialiste, et qui conteste la nouvelle approche gouvernementale en matière de droit d'asile, consistant selon lui à "savoir combien de migrants on va expulser".

Les eurodéputés écologistes José Bové, Karima Delli, Pascal Durand, Yannick Jadot, Eva Joly et Michèle Rivasi ont également dénoncé les poursuites contre la militante d'Amnesty.

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