Au restaurant en Chine, le serveur est un robot

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Par Albee ZHANG - Shanghai (AFP)
Publié le 05 août 2018 - 10:06
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Une employée du restaurant Robot.He dépose un plat sur le robot serveur, le 30 juillet 2018 à Shanghai, en Chine
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Une employée du restaurant Robot.He dépose un plat sur le robot serveur, le 30 juillet 2018 à Shanghai, en Chine
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Le petit robot roule jusqu'à la table, relève le couvercle de plexiglas, dévoilant un plat d'écrevisses, et lâche un mécanique "Bon appétit". Dans ce restaurant futuriste de Shanghai, les automates ont remplacé les serveurs.

Avec ce concept, le géant chinois du commerce en ligne Alibaba poursuit son ambition de moderniser les services dans un pays où l'intelligence artificielle et la robotique sont de plus en plus intégrées au commerce.

Avec ses restaurants Robot.He et ses boîtes automatisées de la taille d'un four micro-ondes qui roulent sur une piste dédiée pour apporter son plat au client, Alibaba entend augmenter l'efficacité du service et abaisser le coût du travail.

"A Shanghai, un serveur coûte jusqu'à 10.000 yuans par mois (1.250 euros). Cela fait des centaines de milliers de yuans par an. Et il faut deux équipes de serveurs", explique Cao Haitao, chef de produit chez Alibaba, à l'origine du concept.

"Mais pas besoin de deux équipes de robots et ils sont de service chaque jour".

Les restaurants Robot.He dépendent de la chaîne de supermarchés semi-automatisés Hema, appartenant également à Alibaba, où les clients remplissent leur caddie via une application mobile et reçoivent leurs achats à la caisse par tapis roulant ou directement livrés chez eux.

Les 57 supermarchés Hema répartis dans 13 villes chinoises auront tous à terme leur restaurant Robot.He

Pour les experts, ce concept sert toutefois davantage de vitrine technologique à la firme de Jack Ma que de nouveau modèle d'affaires dans un pays où le coût du travail reste relativement faible.

Mais ces restaurants sont aussi typiques du recours effréné aux nouvelles technologies dans un pays décidé à devenir un leader de l'intelligence artificielle sous l'impulsion du gouvernement.

Les paiements en ligne depuis le téléphone portable rivalisent déjà avec les billets pour de nombreux achats et des pans croissants du commerce de proximité, des pharmacies aux librairies, se passent dorénavant de caisses.

- Le coût reste élevé -

Le grand rival d'Alibaba, JD.com, compte lui aussi ouvrir d'ici 2020 1.000 restaurants où les plats seront préparés et servis par des robots.

Et comme Amazon aux Etats-Unis, JD.com et d'autres entreprises chinoises envisagent de livrer des marchandises par drones.

Toutes ces innovations pourraient leur permettre de limiter leurs coûts alors que la croissance jusqu'ici galopante du commerce en ligne en Chine commence à stagner.

"Avant, tout le monde cherchait une expansion rapide. Mais la croissance est terminée et tout le monde se concentre sur l'amélioration de son fonctionnement", décrypte Jason Ding, spécialiste du commerce chinois chez Bain & Company.

"Il s'agit de diminuer les coûts et d'améliorer le service. Ces technologies utilisant des machines automatisées, bien utilisées, peuvent jouer un rôle", juge-t-il.

Chez Robot.He, les clients réservent leur table et commandent leurs plats sur une application dédiée.

Et l'attrait de la nouveauté provoque de longues queues devant le restaurant pour pouvoir se faire servir par un robot.

Ma Yiwen, 33 ans, est venue avec une dizaine de collègues.

"On aime tous manger et on est venu prendre notre pause déjeuner pour tester un bon repas près de notre bureau. L'idée d'un robot livrant la nourriture à notre table est très innovante et on voulait le voir de nous-même", explique-t-elle.

Ma Shenpeng vient chaque semaine, attiré par le prix. "Normalement, pour deux-trois personnes, un repas coûte 300-400 yuans (38-50 euros), mais ici c'est juste un peu plus de 100 yuans".

Mais si les robots permettent d'économiser sur le personnel, ils ne le remplaceront pas, estime Wang Hesheng, professeur de robotique à l'Université Jiaotong de Shanghai: le coût de ces robots reste selon lui trop élevé pour envisager leur généralisation.

A moins que le coût de la main d'oeuvre continue de croître, explique-t-il: "Si le coût du travail continue d'augmenter toujours plus, les robots compenseront".

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