Climat : les négociations s'éternisent à la COP24

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Par Catherine HOURS - Katowice (Pologne) (AFP)
Publié le 14 décembre 2018 - 05:00
Mis à jour le 15 décembre 2018 - 17:44
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Avec un retard de près de 24 heures, la 24e conférence de l'ONU sur le climat (COP24) n'en finissait toujours pas samedi après-midi, malgré des avancées à petits pas vers l'adoption attendue des règles d'application de l'Accord de Paris.

Samedi matin, l'Ethiopien Gebru Jember Endalew qui préside le groupe des Pays les moins avancés (PMA), estimait que les négociateurs avaient trouvé "un terrain d'entente".

Mais plusieurs heures plus tard, toujours rien. Malgré la publication d'un nouveau projet de texte, la réunion plénière continuait d'être repoussée régulièrement pour permettre des négociations en coulisses.

Les délégués de quelque 200 pays tentent de finaliser le mode d'emploi du pacte conclu en 2015 à Paris, qui vise à limiter le réchauffement à 2°C, voire 1,5°C, par rapport au niveau pré-industriel.

Ce marathon final arrive après deux semaines agitées, crispées par un contexte géopolitique défavorable à la cause climatique, marquées par une controverse imprévue sur le rapport scientifique du Giec et par le retour des divisions entre pays du Nord et du Sud -- écueil récurrent des négociations sur le climat.

Les implications du "mode d'emploi" ne sont pas anecdotiques: en vertu de l'Accord de Paris, les engagements des pays pour réduire les gaz à effet de serre sont volontaires.

"Sans un manuel d'utilisation clair, nous ne voyons pas s'ils font effectivement ce qu'ils disent", a déclaré à l'AFP la ministre canadienne de l'Environnement Catherine McKenna.

Ce suivi doit être multilatéral, avec des règles de transparence, comme autant de "poutres" garantissant la solidité de l'édifice.

À Katowice, cette discussion sur la manière dont les États devront rendre compte de leurs actions a notamment été l'affaire des États-Unis et de la Chine. Les premiers poussant, avec d'autres pays riches, pour des règles de suivi strict, et la seconde pour une flexibilité accordée aux pays en développement.

"Je crois que le paquet, s'il est accepté, est suffisamment clair pour rendre opérationnel l'Accord de Paris, et ça c'est une bonne nouvelle", a indiqué à l'AFP la ministre espagnole de l'Environnement Teresa Ribera.

"Dans les circonstances actuelles, continuer à construire notre bâtiment est déjà une bonne réussite", a-t-elle ajouté, même si elle aurait aimé des "messages beaucoup plus forts" sur l'ambition.

- Science et ambition -

Sur la table des pourparlers, il y a en effet "l'ambition": comment pousser les États, dont les engagements formulés en 2015 pour réduire les gaz à effet de serre sont notoirement insuffisants, à présenter d'ici 2020 des plans renforcés?

Dans le dernier projet de décision publié samedi, la COP24 se limite à "répéter la demande de mise à jour" des engagements d'ici 2020, déjà formulée dans l'accord de Paris, et "insiste sur l'urgence d'une ambition accrue", sans calendrier.

La question des financements des politiques climatiques est l'autre préoccupation des pays pauvres, notamment la manière dont va s'organiser la montée des fonds promis par le Nord à partir de 2025.

Washington tente de diluer la "différenciation" entre pays développés et en développement, un principe fondateur des négociations climat, explique un observateur vétéran de ces tractations. L'idée étant pour les Américains, pollueurs historiques, de ne plus baser les engagements des pays sur leurs émissions passées mais leurs émissions actuelles.

L'accord final sera "un compromis", a souligné Gebru Jember Endalew. "Ca ne signifie pas que toutes nos priorités seront reflétées".

Plus inattendu: les règles liées aux mécanismes d'échanges de quotas d'émissions carbone semblaient être le principal point de blocage des conclusions des travaux, le Brésil menant la contestation durant les dernières heures. Selon le projet de texte, le coeur de ce sujet très technique mais qui doit empêcher que des réductions d'émissions soient comptées deux fois, par deux pays différents, serait reporté à la COP25 au Chili.

Les délégués ont dû également régler un différend passionné autour de la mention du dernier rapport du groupe des experts de l'ONU (Giec), Arabie Saoudite, Russie, Etats-Unis refusant l'expression "accueille favorablement".

Le dernier projet de texte se contente d'"accueillir favorablement sa réalisation à point nommé". La COP "reconnaît le rôle du Giec, chargé de délivrer les données scientifiques permettant d'informer" les pays, et "invite les parties à faire usage des informations contenues dans le rapport".

Les promesses nationales présentées en 2015 conduisent à un monde à +3°C. Le Giec a dressé le tableau des impacts déjà en cours, à + 1°C aujourd'hui, et montré l'ampleur de ceux à venir à +1,5: phénomènes météorologiques extrêmes, étés sans banquise arctique ou chute des rendements agricoles.

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