Dans l'extrême nord de l'Angleterre, espoirs d'un "no deal" sur le Brexit

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Par Joe JACKSON - Berwick-upon-Tweed (Royaume-Uni) (AFP)
Publié le 13 mars 2019 - 14:53
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Photo prise le 26 juin 2016 à Berwick-upon-Tweed, une ville du nord de l'Angleterre.
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© OLI SCARFF / AFP/Archives
Photo prise le 26 juin 2016 à Berwick-upon-Tweed, une ville du nord de l'Angleterre.
© OLI SCARFF / AFP/Archives

A Berwick-upon-Tweed, un bastion des partisans du Brexit dans l'extrême nord-est de l'Angleterre, le rejet mardi par le Parlement du traité de divorce avec l'Union européenne est considéré comme la première marche vers une sortie sans accord.

"Je suis content que cet accord soit rejeté", a dit à l'AFP Colin Hardy, 68 ans, qui a suivi la saga parlementaire à la télévision, aux côtés de quelques autres habitants réunis dans la douillette maison d'une conseillère municipale.

"J'espère que nos députés auront assez d'intégrité pour respecter le souhait des Britanniques de quitter l'UE le 29 mars", a ajouté cet ancien cadre de l'industrie pétrolière, les élus britanniques s'apprêtant à voter mercredi pour ou contre une séparation sans accord.

Dans cette ville de 12.500 habitants située à 560 kilomètres du palais de Westminster, où siège le parlement, et à seulement quatre kilomètres de l'Ecosse, 54% des habitants ont voté pour la sortie du Royaume-Uni de l'UE au référendum de juin 2016.

- "Emeutes" -

Berwick-upon-Tweed a connu une histoire houleuse, passant des mains de l'Angleterre à celles de l'Ecosse au moins treize fois avant de définitivement devenir anglaise en 1482. Cela a conduit ses habitants à être animés par un farouche désir d'indépendance.

Bien des siècles plus tard, ces périodes de conflit semblent encore résonner dans les vieilles rues entourées de remparts.

Aujourd'hui, cet esprit frondeur s'illustre par une méfiance envers Bruxelles et l'impatience d'enfin voir aboutir le Brexit.

"Dans n'importe quelle négociation, il y a un moment où tu dois tourner le dos", estime Colin Hardy.

Et à la différence des grandes entreprises, "nous, en tant qu'individus, on ne verra sûrement pas de grande différence" si un Brexit dur a lieu, prédit-il.

Avec une majorité parlementaire opposée au scénario du "no deal", ces eurosceptiques ne crient pas encore victoire mais plutôt au complot : ils soupçonnent les députés d'avoir voté contre l'accord de divorce pour retarder la sortie de leur pays de l'Union européenne et organiser un autre référendum qui pourrait l'y maintenir.

"Ce serait un renversement de la démocratie", selon Richard Clay, un fonctionnaire à la retraite.

Il pourrait y avoir "des émeutes dans les rues" si le Brexit était repoussé à une date trop lointaine, avait quant à elle prévenu début mars la députée locale conservatrice Anne-Marie Trevelyan.

- "On en a assez !" -

Cette cité côtière, balayée par les vents marins, compte aussi des europhiles, qui pour leur part espèrent au contraire encore rester dans l'UE.

"J'aimerais voir le Brexit présenter à un autre référendum... parce que je pense qu'on a été totalement trompé", lance son maire, Brian Douglas. "Rester dans l'UE, c'est ce qu'il y a de mieux".

Auparavant, l'une des villes marchandes les plus prospères du Royaume-Uni, Berwick souffre aujourd'hui d'un taux de chômage élevé. Les salaires y sont parmi les plus bas du Royaume-Uni et la proportion des personnes âgées dans la population totale s'envole.

Elle est encore célèbre pour son viaduc de 28 arcs qui s'élève au-dessus de la rivière, la Tweed, et surplombe la principale autoroute entre Londres et Edimbourg. Mais une pléthore de magasins d'articles d'occasion ou de locaux vides occupent son centre.

"On s'est senti abandonné et exclu", confie Brian Douglas.

"On a le sentiment qu'on a été oublié", renchérit Derek Sharman, un historien et guide touristique qui a voté pour le Brexit. Lui aurait toutefois voulu que les députés votent l'accord de sortie pour mettre fin à l'incertitude.

"On en a assez !", poursuit-il. "Les affaires doivent reprendre et on ne peut pas avancer avec tout ce non-sens de prolongation d'un an... qu'est-ce que ça va changer ?".

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