Etats-Unis : la dissémination des armes à nouveau en question

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Par Sébastien BLANC - Washington (AFP)
Publié le 19 mai 2018 - 05:23
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Scène de crime à Santa Fe au Texas après la fusillade dans un lycée, le 18 mai 2018
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© Brendan Smialowski / AFP
Scène de crime à Santa Fe au Texas après la fusillade dans un lycée, le 18 mai 2018
© Brendan Smialowski / AFP

La fusillade vendredi dans un lycée au Texas repose le problème de la dissémination des armes à feu aux États-Unis et de la facilité avec laquelle les Américains y ont accès.

Pour faucher sous ses balles 20 personnes, dont 10 sont mortes, Dimitrios Pagourtzis a utilisé des armes détenues légalement par son père: un revolver et un fusil, probablement à pompe.

L'adolescent de 17 ans a ouvert le feu à l'heure du début des classes dans l'établissement de Santa Fe où il est inscrit.

Sans surprise, le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, a ensuite davantage insisté sur le besoin de lutter contre les problèmes de santé mentale et la protection armée des écoles que sur la nécessité de limiter la prolifération des engins létaux.

Il faut dire que la culture des armes à feu est particulièrement vivace au Texas.

Le grand État conservateur du Sud des États-Unis a les lois parmi les plus permissives du pays en la matière. Elles ont même été encore assouplies en 2015.

Aucun permis spécial n'est requis pour acheter une arme à feu dès l'âge de 18 ans, y compris un fusil semi-automatique capable de tirer à cadence rapide, avec un chargeur de grande capacité.

- Culte de la gâchette -

En revanche, de façon paradoxale, il faut avoir 21 ans pour acquérir une arme de poing.

Les vendeurs homologués par les autorités fédérales se contentent de faire une recherche sommaire d'antécédents psychiatriques et judiciaires de l'acheteur, une procédure facilement contournable en achetant en ligne ou dans une foire itinérante.

Suivant la même logique, il est légal de porter un fusil ou une carabine de façon visible, sauf dans les sites l'interdisant expressément.

Le port d'arme de poing est lui soumis à l'obtention d'un permis: plus d'un million de Texans l'ont obtenu.

C'est au Texas que la National Rifle Association (NRA), le premier lobby américain des armes, a tenu sa convention annuelle au début du mois.

Celle-ci avait reçu la visite du président Donald Trump, qui avait affiché son soutien à l'organisation après que celle-ci eut appuyé financièrement sa campagne présidentielle en 2016.

Que ce soit dans le camp républicain ou dans le camp démocrate, la question de la législation sur les armes n'a pas vraiment été un sujet de débat lors des primaires en mars.

Et, dans une vidéo de campagne de 2015 restée célèbre, le sénateur texan Ted Cruz s'était filmé en train de cuire des tranches de bacon enroulées sur le canon de son fusil d'assaut.

- Enfants "victimes collatérales" -

Mais cette culture a un prix. Depuis janvier 2009, le Texas a été le théâtre d'au moins 20 fusillades ayant fait au moins quatre morts, assaillant exclu, selon l'organisation Everytown for Gun Safety, soit un record national.

Il y a six mois, un homme a ouvert le feu dans une église près de San Antonio, faisant 25 morts dont une femme enceinte.

"Nos enfants sont devenues les victimes collatérales dans une nation où les lois sont écrites par les lobbyistes pro-armes", a dénoncé vendredi Shannon Watts, fondatrice de Moms Demand Action for Gun Sense in America.

Aujourd'hui, un tiers des enfants américains habitent dans un foyer possédant au moins une arme.

Des études montrent que deux tiers des enfants savent parfaitement où leurs parents rangent ou cachent leur(s) arme(s), quand bien même les adultes sont convaincus du contraire.

Une autre étude réalisée en 2000 par l'American Journal of Public Health auprès de foyers avec enfant(s) et arme(s) a établi que, dans plus de 40% de ces foyers, se trouvait au moins une arme conservée sans cran de sûreté engagé ou dans un espace non fermé.

Aux États-Unis, 1,69 million d'enfants de moins de 18 ans vivent dans un foyer où se trouve au moins une arme à feu chargée et librement accessible, avait enfin conclu une étude de 2005 de l'American Academy of Pediatrics.

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