Attaque chimique présumée en Syrie : Trump fait planer la menace militaire, décision imminente

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Par AFP - Damas
Publié le 09 avril 2018 - 10:40
Mis à jour le 10 avril 2018 - 10:54
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Une photo de l'agence de presse syrienne Sana montrant les évacuations de rebelles et de leurs proches de la ville de Douma le 9 avril 2018
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© Handout / SANA/AFP
Une photo de l'agence de presse syrienne Sana montrant les évacuations de rebelles et de leurs proches de la ville de Douma le 9 avril 2018
© Handout / SANA/AFP

Donald Trump était sur le point de répondre "avec force" à Damas et ses alliés, après une attaque chimique présumée en Syrie, blâmant la Russie qui met elle en garde contre "de graves conséquences" en cas de frappes occidentales.

Si les Etats-Unis font planer la menace d'une riposte militaire contre le régime syrien, ils pourraient attendre, pour passer à l'acte, un vote au Conseil de sécurité de l'ONU, probablement mardi, sur un projet de résolution américain créant un mécanisme d'enquête international sur l'usage des armes chimiques en Syrie.

La Russie a d'ores et déjà prévenu que ce texte contient encore des "éléments inacceptables".

Selon des experts, la Russie opposera certainement son veto à la résolution. "Cela donnera aux Etats-Unis et peut-être la France une excuse pour une action militaire", estime l'un d'eux, Richard Gowan, membre du Conseil Européen des relations internationales.

"C'était atroce", "horrible", a lancé Donald Trump à la Maison Blanche au sujet de l'attaque présumée de samedi aux "gaz toxiques" contre Douma, dernière poche rebelle aux abords de Damas.

"Nous y répondrons avec force", a ajouté plus tard le président américain, promettant une décision lundi soir "ou très bientôt". Son ministre de la Défense Jim Mattis n'a pas exclu des frappes contre le régime syrien.

Pour la deuxième fois en deux jours, Donald Trump s'est entretenu au téléphone avec son homologue français Emmanuel Macron. Les deux présidents souhaitent "une réaction ferme" de la communauté internationale", a rapporté l'Elysée.

Mardi, le porte-parole du gouvernement français Benjamin Griveaux a affirmé que les échanges d'informations entre Macron et Trump confirmaient "a priori l'utilisation d'armes chimiques". "Si la ligne rouge a été franchie, elle donnera lieu à une riposte", a-t-il averti.

Dans ce contexte, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU a été lundi le théâtre d'un face-à-face tendu avec la Russie.

Le trio occidental a clairement mis en cause le régime Assad pour l'attaque de samedi, qui a fait, selon les Casques Blancs et l'ONG médicale Syrian American Medical Society, plus de 40 morts dans la région de la Ghouta orientale que Damas est en passe de reconquérir intégralement.

"Seul un monstre peut faire cela", a martelé l'ambassadrice américaine aux Nations unies Nikki Haley, et le moment est venu "où le monde doit voir que justice est rendue".

- "Aucun doute" -

"Il n'existe aucun doute sur les auteurs de cette nouvelle attaque", a renchéri l'ambassadeur français François Delattre.

Mais ils ont également et durement mis en cause la Russie. "Quand le régime militaire syrien pilonne des civils, il le fait avec l'aide de la Russie", a insisté Nikki Haley.

La Maison Blanche avait auparavant mis en cause la "responsabilité" de la Russie et l'Iran, estimant que le pouvoir syrien ne pouvait mener une attaque chimique "sans leur aide matérielle". Donald Trump avait déjà averti Damas, Moscou et Téhéran qu'ils pourraient "payer le prix fort", incluant nommément, une fois n'est pas coutume, son homologue russe Vladimir Poutine dans ses avertissements.

"Nous appelons les Occidentaux à renoncer à la rhétorique guerrière", a répondu à l'ONU l'ambassadeur russe Vassily Nebenzia, mettant en garde contre de "graves conséquences" en cas d'action armée occidentale. "Il n'y a pas eu d'attaque chimique" à Douma, a-t-il ajouté, dénonçant une "mise en scène".

Vladimir Poutine a condamné pour sa part le caractère "inadmissible" des "spéculations" sur cette attaque chimique présumée.

Le spectre d'une riposte militaire a aussi été ravivé lundi après des tirs de missiles contre la base militaire T-4 du régime, dans le centre de la Syrie. Mais c'est Israël qui a été accusé par Damas et ses alliés russe et iranien.

"En ce moment, les Etats-Unis ne mènent pas de frappes aériennes en Syrie", a redit lundi la Maison Blanche.

En avril 2017, Donald Trump avait fait bombarder une base militaire syrienne en riposte à une attaque au gaz sarin imputée au régime, qui avait tué plus de 80 civils à Khan Cheikhoun (nord-ouest).

Après Douma, le régime Assad a repoussé les accusations d'usage de "gaz toxiques". L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un vaste réseau de sources, n'était pas en mesure de confirmer une attaque chimique.

Une vidéo postée par les Casques Blancs et présentée comme tournée après l'attaque présumée à Douma a montré un enchevêtrement de corps sans vie, dont ceux de femmes et d'enfants, allongés à même le sol, de la mousse blanche s'échappant de leur bouche.

L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé l'ouverture d'une enquête.

Le pouvoir d'Assad a toujours nié sa responsabilité dans les attaques chimiques qui lui ont été attribuées durant la guerre qui ravage le pays depuis 2011.

Grâce à l'appui militaire crucial de Moscou, le pouvoir syrien a réussi à reprendre plus de la moitié du territoire, au prix d'une guerre dévastatrice qui a fait plus de 350.000 morts en sept ans.

Fort de ce même soutien, le régime a finalement fait plier le dernier groupe rebelle à Douma, l'obligeant à commencer à évacuer la cité. Des semaines durant, en février et mars, l'enclave rebelle a été la cible de bombardements intenses qui ont tué plus de 1.700 civils, selon l'OSDH.

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