Nouvelle-Zélande : l'auteur du carnage de Christchurch inculpé pour meurtre

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Par AFP - Christchurch
Publié le 15 mars 2019 - 05:47
Mis à jour le 16 mars 2019 - 18:34
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Scène de crime à Santa Fe au Texas après la fusillade dans un lycée, le 18 mai 2018
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© Brendan Smialowski / AFP
Plusieurs personnes ont été tuées dans des attaques contre deux mosquées bondées de la ville néo-zélandaise de Christchurch durant la prière du vendredi.
© Brendan Smialowski / AFP

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L'extrémiste australien Brenton Tarrant a fait samedi avec la main le signe de reconnaissance des suprémacistes blancs devant le tribunal néo-zélandais qui l'inculpait de meurtre, au lendemain de son carnage dans deux mosquées de Christchurch, où 49 fidèles ont été tués.

L'ex-instructeur de fitness de 28 ans, "fasciste" autoproclamé, est globalement resté impassible lorsque son inculpation lui a été notifiée, lors d'une brève audience à laquelle seule la presse était admise pour raisons de sécurité.

Debout dans la tenue blanche des prisonniers, menotté et flanqué de deux policiers, il a cependant fait de la main droite le signe "OK" en joignant le pouce et l'index, un symbole utilisé à travers le monde par les adeptes du suprémacisme blanc.

Il restera en détention jusqu'à une prochaine audience fixée au 5 avril.

- "Monstrueux" -

Cette tragédie a provoqué une onde de choc en Nouvelle-Zélande, un pays de cinq millions d'habitants dont 1% se disent musulmans, connu pour sa douceur de vivre, sa tradition d'accueil et sa faible criminalité.

Près du tribunal, le fils de Daoud Nabi, un Afghan de 71 ans tué, demande justice: "C'est monstrueux. Cela dépasse l'imagination".

Coiffée d'un foulard noir, la Première ministre Jacinda Ardern est allée samedi à la rencontre des rescapés et des familles dans une université où a été installé un centre d'information.

Sahra Ahmed, une Néo-Zélandaise d'origine somalienne, s'est dite émue par son geste: "Ça me touche beaucoup, c'est une façon de dire: je suis avec vous".

"Nous aimons toujours ce pays", a lancé de son côté Ibrahim Abdul Halim, imam de la mosquée de Linwood, l'une des cibles du tueur. Les extrémistes ne parviendront "jamais à entamer notre confiance".

Bien que nombre de commerces soient restés fermés samedi et que beaucoup d'habitants aient choisi de rester chez eux, des bouquets s'empilaient près d'un mémorial improvisé proche de la mosquée al-Nour, l'autre lieu de culte visé.

"Je suis désolé que vous ne soyez pas en sécurité ici. Nos cœurs sont brisés par vos pertes", pouvait-on lire sur un mot déposé près des fleurs.

- Elan de solidarité -

Dans tout le pays, un élan de solidarité interconfessionnelle a été observé, avec des millions de dollars de dons, des achats de nourriture halal pour les victimes. Des Néo-Zélandais se proposent même d'accompagner les musulmans qui auraient peur de sortir.

"Mes enfants ont peur mais il faut faire front, en tant que communauté", confie Azan Ali, 43 ans, d'origine fidjienne, qui était dans la mosquée de Linwood avec son père au moment de l'attaque.

41 personnes ont péri à la mosquée al Nour et sept autres à Linwood. Une 49ème victime a succombé à l'hôpital. 39 blessés sont toujours hospitalisés, dont un garçon de deux ans et une fillette de quatre ans.

Les victimes venaient des quatre coins du monde musulman, a souligné Jacinda Ardern. Quatre Egyptiens, un Saoudien, un Indonésien, quatre Jordaniens et six Pakistanais figurent parmi les victimes.

Mme Ardern a précisé que le tireur avait amassé un arsenal et obtenu en novembre 2017 un permis de port d'armes. Elle a promis des réformes: "Je peux vous garantir que nos lois sur les armes vont changer".

- Manifeste -

Au moins deux armes semi-automatiques, vraisemblablement des AR-15, et deux fusils ont été utilisés par le tireur. Certaines armes avaient été modifiées pour être plus efficaces.

Avant de passer à l'action, l'homme, qui se présente comme un blanc de la classe ouvrière aux bas revenus, a publié sur Twitter un "manifeste" raciste de 74 pages, intitulé "Le grand remplacement", en référence à une théorie complotiste populaire dans les milieux d'extrême droite selon laquelle les "peuples européens" seraient "remplacés" par des populations non-européennes immigrées.

Le manifeste détaille deux années de radicalisation et de préparatifs. L'auteur affirme que les facteurs déterminants dans sa radicalisation ont été la défaite à la présidentielle française de 2017 de la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen et la mort de la petite Ebba Åkerlund à 11 ans dans l'attaque au camion-bélier de 2017 à Stockholm.

Il dit avoir choisi pour cible la Nouvelle-Zélande pour montrer "qu'aucun endroit au monde n'est épargné, les envahisseurs sont partout sur nos terres, aucune place même la plus reculée n'est sûre". Il y rend aussi hommage au président américain Donald Trump.

Brenton Tarrant a diffusé en direct sur les réseaux sociaux les images du carnage, où on le voit passer de victime en victime, tirant sur les blessés à bout portant alors qu'ils tentent de fuir.

Les comptes Twitter, Instagram et Facebook où ont été publiés la vidéo, les photos et le manifeste ont été suspendus.

- "Pas repéré" -

Le commissaire Mike Bush a salué "la grande bravoure" des policiers et citoyens ordinaires "qui se sont mis en danger" pour arrêter le tireur, appréhendé 36 minutes après les premiers appels à la police.

Deux autres hommes sont en garde à vue, mais leur lien avec l'attaque n'est pas clair. L'un des deux, Daniel Burrough, 18 ans, a été inculpé pour incitation à la haine.

Mme Ardern a indiqué que Tarrant "n'avait pas été repéré pour son extrémisme par les renseignements ou la police".

"J'ai demandé à nos agences ce matin (samedi) de travailler rapidement pour déterminer s'il y a une activité quelconque sur les médias sociaux ou autre qui aurait dû provoquer une réaction", a-t-elle dit, en précisant que ces questions seraient l'objet d'une réunion du gouvernement lundi.

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