A Gaza, une équipe de football fait la fierté de Palestiniens amputés

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Par Adel ZAANOUN - Deir el-Balah (Territoires palestiniens) (AFP)
Publié le 12 juillet 2018 - 12:44
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Photo de joueurs d'une équipe palestinienne de football rassemblant des personnes amputées, pour la plupart dans le cadre du conflit avec Israël, prise le 9 juillet 2018 à Deir al Balah, dans la bande
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© MAHMUD HAMS / AFP/Archives
Photo de joueurs d'une équipe palestinienne de football rassemblant des personnes amputées, pour la plupart dans le cadre du conflit avec Israël, prise le 9 juillet 2018 à Deir al
© MAHMUD HAMS / AFP/Archives

Au coup de sifflet, crampons au pied et maillots orange fluo, les joueurs s'élancent sur le terrain en gazon artificiel de Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, appuyés sur leurs béquilles en métal.

"J'étais gardien de but avant ma blessure", explique Islam Amoum, 27 ans, qui a perdu sa jambe gauche lors d'une frappe israélienne pendant la guerre de 2014. "Désormais, le handicap n'est plus un obstacle à mes ambitions", poursuit-il.

Islam est l'un des 15 joueurs de la seule équipe de footballeurs amputés de Gaza. Tous ont entre 16 et 40 ans. Ils se retrouvent chaque lundi sur le terrain pour échanger quelques passes, travailler leurs accélérations et leur dextérité.

Pour les préparer, Khaled al-Mahbouh, l'entraîneur bénévole de 32 ans, pioche dans des vidéos diffusées sur internet et sollicite les conseils de spécialistes.

"J'aimerais prendre des cours et me former à l'étranger, car les personnes amputées ont besoin d'entraînements spécifiques et de béquilles adaptées", mais l'argent manque, regrette-t-il.

En plus de l'entraînement hebdomadaire, les joueurs répètent chaque jour des exercices dans une salle qui leur est réservée au sein de l'association des handicapés physiques à Deir el-Balah.

"Les entraînements sont difficiles mais amusants", raconte l'un des gardiens de but, Abdelmajid Abou Milak, 25 ans, qui a perdu sa main après avoir été blessé par un obus israélien.

Désormais, "je pense que je suis capable de rivaliser avec les autres gardiens", ajoute-t-il avec malice.

- "Equipe des héros" -

Le petit groupe a gagné le surnom d'"équipe des héros". Une fierté pour Fouad Abou Ghalioun, 62 ans, à l'origine du projet.

"J'ai eu l'idée de former cette équipe en regardant un match de foot, Turquie - Grande-Bretagne, entre deux équipes de joueurs amputés, à la fin de l'année dernière", se souvient-il.

"J'ai alors pensé que je pouvais réaliser le rêve de centaines d'amputés à Gaza, qui ont perdu un membre soit à cause de l'occupation (israélienne), soit dans des accidents", poursuit-il. Il souhaite désormais former un championnat local et, un jour, être reconnu par la Fédération internationale (Fifa).

"La majorité des joueurs sont des blessés de guerre", selon Fouad Abou Ghalioun. Il espère que d'autres amputés viendront rejoindre l'équipe, notamment des Palestiniens blessés lors des affrontements et des manifestations qui ont eu lieu ces derniers mois à la frontière de l'enclave dirigée par le mouvement islamiste Hamas.

Depuis le 30 mars, au moins 139 Gazaouis ont été tués et plus de 4.000 blessés par des tirs israéliens le long de la barrière qui sépare Gaza d'Israël. Selon le ministère de la Santé local, des centaines de blessés ont dû être amputés.

Les Palestiniens manifestent afin de dénoncer le blocus israélien, qui dure depuis plus de dix ans, et pour exiger le retour des réfugiés palestiniens chassés ou qui ont fui en 1948 lors de la création de l'Etat d'Israël.

Israël a justifié sa riposte en affirmant qu'elle était nécessaire pour défendre ses frontières. Aucun Israélien n'a été tué.

- "On procure de la joie" -

"L'équipe des héros" veut renvoyer une autre image du handicap. Elle a disputé deux matches le mois dernier, à Rafah, dans le sud de l'enclave, et dans le camp de réfugiés de Nuseirat (centre).

Quelque 3.000 personnes sont venues voir les joueurs s'affronter sur le terrain, à cinq contre cinq, signale fièrement l'entraîneur.

"Le public vient applaudir les joueurs parce que ça lui plaît, pas par pitié", explique-t-il.

On "procure du plaisir aux spectateurs, de la joie", ajoute M. Mahbouh, qui nourrit l'espoir que l'enthousiasme se transmettra aussi à des institutions palestiniennes, arabes ou internationales et les incitera à offrir un soutien financier et logistique. De quoi leur permettre, un jour, de disputer des compétitions locales ou internationales.

A 13 ans, Ibrahim Khattab participe aux entraînements mais ne dispute pas encore de match. Mais cela n'empêche pas le garçon, qui a perdu sa jambe gauche lors de la guerre de 2014, de nourrir de grandes ambitions.

"Je rêve de devenir un joueur célèbre et de soulever la coupe après une victoire de la Palestine!", s'exclame-t-il.

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