Juan Guaido, le "gamin" qui défie Maduro au Venezuela

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Par Esteban ROJAS - Caracas (AFP)
Publié le 18 janvier 2019 - 07:45
Mis à jour le 24 janvier 2019 - 08:04
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Le chef du Parlement vénézuélien Juan Guaido, 35 ans, qui s'est autoproclamé le 23 janvier 2019 "président" par intérim du Venezuela
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© Federico PARRA / AFP
Le chef du Parlement vénézuélien Juan Guaido, 35 ans, qui s'est autoproclamé le 23 janvier 2019 "président" par intérim du Venezuela
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Juan Guaido, député de 35 ans, qui s'est autoproclamé mercredi "président" par intérim du Venezuela, est devenu en quelques semaines le visage de l'opposition au chef de l'Etat Nicolas Maduro, en réussissant à remobiliser les adversaires du dirigeant socialiste.

Ce parfait inconnu, au physique élancé et à la voix posée, est devenu le 5 janvier le plus jeune président du Parlement, unique institution contrôlée par l'opposition. C'est "un gamin qui joue à la politique", a dit de lui Nicolas Maduro.

Ces dernières années, les précédentes figures montantes de l'opposition, Leopoldo Lopez, Henrique Capriles ou Freddy Guevara, ont fini par disparaître du paysage politique, emprisonné, privé de droits civiques ou en exil.

Le Venezuela, "c'est un pays habitué à l'incarnation (du pouvoir) et au caudillisme et l'on est en train de placer une charge importante sur les épaules de Juan (Guaido). Le changement ne dépend pas que de lui, il dépend de tout le monde", a expliqué récemment à l'AFP Juan Andrés Mejia, député de 32 ans, qui appartient comme lui au parti Volonté Populaire (VP) de Leopoldo Lopez.

Depuis qu'il a endossé le costume de chef de file de l'opposition, ce grand brun au teint mat, jusqu'ici peu habitué aux discours, est rapidement passé de l'ombre à la lumière tout en prenant de l'épaisseur politique.

Dans la foulée de sa prise de fonction de président du Parlement, cet ingénieur industriel aux origines modestes a reçu le soutien des Etats-Unis, de l'Organisation des Etats américains (OEA), du Brésil, désormais dirigié par le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, du Pérou et du Canada.

Mercredi, Juan Guaido a d'ailleurs été immédiatement reconnu comme "président" par interim par le président américain Donal Trump et le secrétaire général de l'OEA, l'Uruguayen Luis Almagro, lui a assuré sa "reconnaissance pour impulser le retour de la démocratie dans ce pays".

Le 13 janvier, les images de son arrestation par les services de renseignement vénézuéliens (Sebin), lors d'une opération spectaculaire au milieu de l'autoroute, alors qu'il se rendait à une réunion politique, font le tour du monde. Il sera relâché au bout d'une heure.

- "Nouveau visage" -

Deux jours après, le vice-président américain Mike Pence l'appelle pour souligner son "leadership courageux" et exprimer le "soutien ferme" des États-Unis à l'Assemblée nationale du Venezuela qu'ils considèrent comme "la seule entité démocratique légitime de ce pays".

Juan Guaido multiplie les fronts contre le pouvoir chaviste (du nom de l'ex-président Hugo Chavez) : proposition d'un gouvernement de transition, Maduro officiellement qualifié d'"usurpateur", promesse d'"amnistie" aux militaires acceptant de rejoindre l'opposition...

Et pari d'une grande mobilisation contre le régime mercredi qui a finalement réuni des dizaines de milliers d'opposants à Caracas et dans le reste du pays.

"Une de ses principales qualités c'est de monter des équipes. Il comprend les différentes positions et fait tout ce qui est possible pour n'en faire qu'une", explique le député Juan Andrés Mejia.

"Je suis un survivant, pas une victime", aime à rappeler Juan Guaido, marié et père d'une petite fille, en référence à la tragédie de 1999 dans l'Etat de Vargas (nord) dont il sortira indemne.

En décembre de cette année-là, des pluies diluviennes causent d'énormes éboulements dans cette zone, à 25 kilomètres au nord de Caracas, provoquant la mort de 10.000 personnes, selon la Croix Rouge.

Il vit alors dans cette région côtière avec sa mère et ses cinq frères et soeurs. "Je sais ce que c'est d'avoir faim", confie-t-il.

Juan Guaido débute en politique en 2007 avec la génération des étudiants qui descendent dans la rue contre le défunt ex-président Hugo Chavez (1999-2013).

"Guaido est un nouveau visage, vu comme un homme de consensus par les modérés et respecté aussi par les radicaux pour avoir participé activement aux manifestations", explique à l'AFP Diego Moya-Ocampos, analyste du cabinet IHS Markit, basé à Londres.

Membre fondateur du parti Volonté Populaire en 2009, il en devient un des chefs de file, son leader Leopoldo Lopez ayant passé ces dernières années en prison ou assigné à résidence, accusé d'incitation à la violence lors d'une vague de manifestations en 2014.

Suppléant en 2010, Juan Guaido est élu député de son Etat de Vargas en 2015.

"Je ne savais pas qui c'était. Espérons qu'il ne nous décevra pas", confiait récemment José Hernandez, 24 ans, en assistant à un de ses discours.

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