Kevin Spacey révèle qu'il est gay, s'excuse après des accusations d'avances sur un adolescent
Les scandales sexuels continuent de secouer Hollywood: cette fois c'est Kevin Spacey, héros oscarisé de la série "House of Cards", qui s'est excusé d'avoir harcelé un acteur adolescent en 1986 et a révélé du même coup son homosexualité --s'attirant de violentes critiques.
Quelques heures plus tard, le groupe Netflix et la société Media Rights Capital, co-producteurs de "House of Cards", ont annoncé que la sixième saison de la série, actuellement en tournage, serait "la dernière".
Si les deux sociétés se sont dites "profondément troublées" par les dernières accusations, une source proche du dossier a cependant assuré que la décision d'arrêter "House of Cards", qui ne connaissait plus le succès de ses débuts en 2013, n'était "pas liée" aux dernières accusations.
Dans une interview dimanche, l'acteur Anthony Rapp, 46 ans aujourd'hui mais seulement 14 à l'époque, a raconté comment Kevin Spacey, 26 ans alors, s'était jeté sur lui lors d'une soirée dans son appartement de Manhattan. M. Rapp a expliqué avoir réussi à lui échapper en se réfugiant dans la salle de bains.
Acteur dans la nouvelle série "Star Trek: Discovery", Anthony Rapp avait évoqué l'incident dès 2001 mais sans révéler l'identité de l'agresseur. Il a expliqué que le scandale ayant fait chuter le tout-puissant producteur américain Harvey Weinstein l'avait poussé à en dire davantage.
"J'ai totalement conscience du moment que nous traversons et j'espère que (toutes ces révélations) feront la différence", a-t-il expliqué.
"Honnêtement je ne me souviens pas de cet incident, qui remonterait à plus de 30 ans. Mais si je me suis conduit comme il le dit, je lui dois des excuses les plus sincères, pour ce qui aurait été un comportement en état d'ébriété des plus inappropriés, et je suis désolé des ressentiments qu'il dit avoir eu à supporter toutes ces années", a réagi dans la nuit Kevin Spacey, 58 ans, qui vit entre Londres, New York et Los Angeles.
Oscarisé deux fois avec notamment la statuette du meilleur acteur pour "American Beauty" en 1999, il a conclu ses excuses par une "révélation".
"J'ai eu des relations amoureuses avec des hommes tout au long de ma vie et j'ai choisi désormais de vivre en tant que gay", a-t-il ajouté, même si sa sexualité n'était plus un secret à Hollywood depuis longtemps. "Je veux gérer cela honnêtement et ouvertement et cela commence par examiner mon propre comportement".
- 'A ton tour de pleurer' -
Ces "révélations" ont été mal accueillies à Hollywood, toujours ébranlé par le scandale retentissant de l'affaire Weinstein. Plus de 80 femmes --selon un décompte de l'actrice Asia Argento-- ont accusé le producteur de harcèlement, d'agressions sexuelles et de viols remontant parfois jusqu'aux années 1970, selon le New York Times.
Si Weinstein n'a pas été inculpé à ce jour, le scandale a déclenché un torrent de témoignages sur des faits similaires aux Etats-Unis et en Europe, dans le cinéma mais aussi beaucoup d'autres milieux.
L'actrice Rose McGowan, qui a été l'une des premières à raconter avoir été violée par Harvey Weinstein et a pris le flambeau de la lutte contre les agressions sexuelles, a raillé Kevin Spacey en tweetant: "Au revoir, Spacey, au revoir, à ton tour de pleurer".
Beaucoup ont accusé l'acteur d'essayer de détourner l'attention de l'agression de 1986 en révélant son homosexualité, et de nuire à la communauté gay en mélangeant les deux.
"Révéler son homosexualité, ce n'est pas la même chose que de révéler qu'on s'est jeté sur un garçon de 14 ans. C'est dégoûtant de confondre les deux", a tweeté le critique de cinéma Richard Lawson.
Comme d'autres dans le milieu gay, le militant Glenn Greenwald a jugé le moment particulièrement mal choisi: "Toutes ces occasions que Kevin Spacey a eues de sortir du placard et d'être un modèle pour d'autres: et il ne le fait que quand il se retrouve impliqué dans l'agression d'un adolescent", a-t-il déploré.
D'autres accusations contre la star, plus vagues, ont aussi émergé.
"J'étais fan de Kevin Spacey jusqu'à ce qu'il agresse quelqu'un que j'aime", avait tweeté le 13 octobre une ex-présentatrice américaine de télévision, Heather Unruh, sans nommer la victime présumée. Le tweet était alors passé inaperçu, mais refaisait surface lundi.
"Comme Harvey, nous savions tout sur toi", a aussi affirmé l'actrice américaine Rosie O'Donnell, dans un tweet incendiaire.
A Londres, où Spacey dirigea pendant onze ans le prestigieux théâtre Old Vic, certains ont laissé entendre que l'acteur faisait l'objet de rumeurs depuis longtemps.
"Beaucoup de gens de théâtre et du monde de la création connaissaient des histoires sur beaucoup de monde depuis des années, et Kevin Spacey était l'un de ceux sur lesquels les gens avaient des inquiétudes, oui", a déclaré Vicky Featherstone, directrice artistique du Royal Court Theatre, interrogée par la BBC.
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