La Turquie empêche des manifestations contre l'offensive en Syrie
Les forces de l'ordre turques ont empêché dimanche la tenue de deux manifestations contre l'offensive turque dans l'enclave kurde syrienne d'Afrine, le président Recep Tayyip Erdogan mettant fermement en garde contre toute protestation.
En fin d'après-midi, la police a empêché des manifestants de se rassembler à Kadiköy, sur la rive asiatique d'Istanbul, et interpellé sept personnes, selon un photographe de l'AFP sur place.
Dans la matinée, une autre manifestation qui devait se tenir à Diyarbakir dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, a également été interdite par les forces de l'ordre, selon un correspondant de l'AFP.
Le rassemblement devait se tenir à proximité du siège local du principal parti pro-kurde de Turquie, le HDP.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a averti dimanche que ceux qui manifesteraient publiquement à l'appel de milieux prokurdes contre l'offensive menée par Ankara dans le nord de la Syrie paieraient "un prix très élevé".
"Voyez maintenant (...), le HDP appelle mes frères kurdes à manifester. Jusqu'à présent, peu d'entre eux sont sortis dans la rue", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Bursa (nord-ouest).
"Je vous le dis: attention ! Si certains suivent ces appels (à manifester) et commettent l'erreur de sortir dans la rue, ils paieront un prix très élevé", a averti M. Erdogan, au deuxième jour d'une offensive d'Ankara contre une milice kurde dans le nord de la Syrie.
"C'est une lutte nationale, et nous écraserons quiconque s'oppose à cette lutte nationale", a poursuivi le chef de l'Etat.
Peu avant, M. Erdogan avait mis en garde le HDP contre toute tentative d'organiser des rassemblements contre l'opération en Syrie.
"Laissez-moi vous dire ceci : vous êtes suivis à la trace (...) Quelle que soit la place (publique) où vous sortirez, nos forces de sécurité seront sur vous", avait-il déclaré.
Ces mises en garde surviennent alors que l'armée turque est entrée en Syrie dimanche dans le cadre d'une offensive contre les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde considérée comme terroriste par Ankara.
Des responsables du HDP ont vivement dénoncé l'offensive turque, accusant Ankara de vouloir "occuper" des zones contrôlées par les Kurdes dans le nord de la Syrie.
Près d'un cinquième de la population turque est d'origine kurde.
M. Erdogan accuse régulièrement le HDP, qui dément, de n'être que la vitrine politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux et qui mène une sanglante guérilla en Turquie depuis 1984.
Dans la foulée de la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016, une dizaine de députés du HDP, dont ses deux dirigeants, ont été incarcérés.
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