L'Autriche va dissoudre une corporation pangermaniste aux chants nazis
L'Autriche souhaite dissoudre une corporation pangermaniste codirigée par un cadre du parti d'extrême droite FPÖ au pouvoir, après des révélation selon lesquelles celle-ci dispose d'un corpus de chants nazis, a annoncé mercredi le chancelier conservateur Sebastian Kurz.
La chancellerie et le ministère de l'Intérieur ont décidé de lancer le "processus de dissolution" de la "corporation Germania" de la ville de Wiener Neustadt près de Vienne, a-t-il précisé, car plusieurs chants de celle-ci font l'apologie du nazisme et de l'Holocauste.
Le FPÖ est partenaire de coalition minoritaire des conservateurs de M. Kurz depuis décembre.
L'Autriche compte plusieurs dizaines de "Burschenschaften", des corporations d'étudiants ou d'anciens étudiants exclusivement masculines nées au 19ème siècle et aux rites insolites comme le duel. Elles sont régulièrement accusées de colporter des idées ultranationalistes et comptent de nombreux membres du FPÖ en leur sein.
Révélée par l'hebdomadaire Falter la semaine dernière, l'existence d'un livre de chants comportant plusieurs hymnes en l'honneur du troisième Reich a suscité une vague d'indignation dans le pays, jusqu'au sommet de l'Etat.
L'un de ces chants comporte notamment la strophe "mettez les gaz, vieux Germains, on peut arriver au septième million", une allusion aux six millions de juifs assassinés sous le Troisième Reich, notamment dans les chambres à gaz.
Les réactions ont été d'autant plus vives que la cellule concernée est vice-présidée par une figure montante du FPÖ, Udo Landbauer, 31 ans, tête de liste de ce parti pour les élections provinciales qui se sont tenues en Basse-Autriche dimanche.
M. Landbauer avait refusé de retirer sa candidature, désavouant du bout des lèvres le contenu de ce livre de chants et assurant n'en avoir "pas connu" l'existence. Le parquet a mis quatre personnes en examen dans ce dossier.
Le ministère de l'Intérieur, associé au lancement du processus de destitution, est dirigé par Herbert Kickl, un des principaux stratèges du FPÖ, un parti fondé après-guerre par d'anciens nazis. Le FPÖ a jugé le contenu des chants "inacceptable".
M. Kickl a confirmé mercredi que ses services allaient "examiner la possibilité d'une dissolution" de la corporation incriminée mais que la procédure ne pourrait aller à son terme que "si les faits criminels appropriés sont établis (...) de simples suspicions ne suffisent pas".
Selon un expert juridique cité par l'agence APA, le gouvernement va en effet devoir prouver que les chants nazis étaient encore interprétés au sein du groupe, leur simple existence pouvant ne pas suffire à frapper la corporation de dissolution.
Fondée durant la Première guerre mondiale, la corporation Germania de Wiener Neustadt fait partie d'un réseau d'organisations nationalistes et pangermanistes très implanté dans certains cercles dirigeants en Autriche. Son slogan est "Allemand et fidèle dans les épreuves et dans la mort".
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