La bataille contre l'extradition commence pour Julian Assange

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Par Clara WRIGHT - Londres (AFP)
Publié le 12 avril 2019 - 15:23
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Le panneau de la prison britannique où Julian Assange est présumé être détenu
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© Niklas HALLE'N / AFP
Le panneau de la prison britannique où Julian Assange est présumé être détenu
© Niklas HALLE'N / AFP

C'est le début d'une longue bataille judiciaire pour le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, qui vient de passer sa première nuit en détention et risque d'être extradé vers les Etats-Unis qui le considèrent comme une menace pour leur sécurité et veulent le juger.

Julian Assange est détenu à la prison de Belmarsh, dans le sud-est de Londres, a révélé à l'AFP vendredi une source judiciaire proche du dossier, alors que la presse britannique évoquait vendredi matin le centre pénitencier de Wandsworth, au sud-ouest de la capitale.

Belmarsh est un établissement de haute sécurité pouvant accueillir 910 prisonniers, dont des détenus suscitant un fort intérêt médiatique, selon un rapport d'inspection de 2018.

Des agents consulaires australiens vont demander à lui rendre visite au plus vite, a annoncé jeudi la ministre australienne des Affaires étrangères Marise Payne, tout en se disant "persuadée" qu'il serait "traité de manière équitable".

Arrêté jeudi matin et extirpé de force par la police de l'ambassade d'Equateur où il avait trouvé refuge il y a sept ans pour échapper à un mandat d'arrêt britannique pour des accusations de viol et d'agression sexuelle en Suède - qu'il a toujours niées -, Julian Assange a été présenté dans l'après-midi même au tribunal londonien de Westminster. Un juge l'y a reconnu coupable de s'être soustrait à la justice, un délit passible d'un an de prison. Sa peine sera prononcée à une date qui n'a pas été communiquée.

- Jusqu'à deux ans de procédure -

Outre le mandat d'arrêt britannique, Assange fait face à une demande d'extradition américaine pour "piratage informatique".

"Vous pourriez consentir à la demande", lui a dit le juge Michael Snow lors de sa comparution. Avant de lui exposer de manière étonnamment ironique l'"inconvénient" et l'"avantage" d'un tel choix: pas de possibilité de faire appel mais celle d'aller "plus vite aux Etats-Unis" et de "reprendre le cours de (sa) vie".

Julian Assange a refusé. Vêtu d'une veste noire et cheveux noués en queue de cheval, visage mangé par une longue barbe blanche, son apparence et son calme tranchaient avec la vidéo de son arrestation, réalisée par l'agence Ruptly TV, où il hurlait "Le Royaume-Uni doit résister!" alors qu'il était porté par les policiers.

Avant le début de l'audience, il a même feuilleté un livre sur le système militaire américain, depuis le box des accusés, prenant soin d'en présenter la première de couverture aux journalistes dans la salle d'audience, qu'il avait d'abord salués, pouce levé.

Son avocate Jennifer Robinson a annoncé qu'il allait "contester et combattre" la demande d'extradition américaine. Son arrestation, autorisée par Quito, "crée un dangereux précédent pour les organes de presse et les journalistes" dans le monde, a-t-elle ajouté.

La bataille judiciaire pourrait durer entre 18 mois et deux ans, selon Ben Keith, avocat britannique spécialisé dans les affaires d'extradition. Et "les chances de gagner sont faibles", a-t-il dit à l'AFP, expliquant que le Royaume-Uni répondait la plupart du temps positivement aux demandes d'extradition américaines.

Accusé d'avoir aidé l'ex-analyste du renseignement américain Chelsea Manning à obtenir un mot de passe pour accéder à des milliers de documents classés secret-défense, Julian Assange encourt jusqu'à cinq années de prison aux Etats-Unis selon le ministère américain de la Justice.

Mais "il n'y a aucune garantie qu'il n'y aura pas d'accusation supplémentaire (une fois) sur le sol américain", a averti le rédacteur en chef de Wikileaks, Kristin Hrafnsson. Un scénario toutefois improbable, selon Ben Keith, qui invoque "une protection spécifique du droit international en matière d'extradition empêchant de poursuivre quelqu'un avec des chefs d'accusations supplémentaires".

De son côté, le vice-président américain Mike Pence a assuré vendredi que les réactions enthousiastes de Donald Trump durant la campagne présidentielle aux informations de WikiLeaks concernant Hillary Clinton n'étaient en aucun cas une marque de soutien à l'organisation.

- "Atrocités" -

Faisant écho à l'équipe de Wikileaks, le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a appelé le gouvernement conservateur de Theresa May à "s'opposer" à l'extradition "pour avoir exposé des preuves d'atrocités en Irak et en Afghanistan".

Concrètement, le gouvernement n'a "pas le pouvoir d'arrêter" une extradition validée par la justice britannique, sauf en invoquant des "motifs de sécurité nationale", a précisé Ben Keith.

Londres s'est attaché à présenter Assange en justiciable comme les autres. "Au Royaume-Uni, personne n'est au-dessus de la loi", a souligné Mme May devant la Chambre des communes jeudi. "Julian Assange n'est pas un héros", a de son côté dit le chef de la diplomatie Jeremy Hunt.

En Suède, l'accusatrice de M. Assange compte demander la réouverture de l'enquête qui avait été classée, a déclaré jeudi son avocate à l'AFP. "Nous allons tout faire pour que les procureurs rouvrent l'enquête suédoise et qu'Assange soit remis à la Suède et traduit en justice pour viol", a dit Me Elisabeth Massi Fritz.

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