L'Eglise catholique australienne s'engage à ne plus tolérer les abus pédophiles

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Par Martin PARRY - Sydney (AFP)
Publié le 31 août 2018 - 08:42
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Manifestant australien devant la commission d'enquête royale sur les réponses institutionnelles aux crimes de pédophilie à Sydney, le 1er mars 2016
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© William WEST / AFP/Archives
Manifestant australien devant la commission d'enquête royale sur les réponses institutionnelles aux crimes de pédophilie à Sydney, le 1er mars 2016
© William WEST / AFP/Archives

Les chefs de l'Eglise catholique australienne se sont engagés vendredi à ne plus jamais tolérer les abus pédophiles mais ont rejeté une demande de lever le secret de la confession pour permettre aux prêtres de dénoncer de tels abus.

L'Eglise répondait au rapport final de la commission d'enquête royale qui a travaillé pendant cinq ans sur les réponses institutionnelles aux crimes de pédophilie.

"Beaucoup d'évêques n'ont pas écouté, n'ont pas cru et n'ont pas agi", a dit le président de la Conférence des évêques catholiques australiens, l'archevêque Mark Coleridge.

"Ces échecs ont permis à certains auteurs de commettre leurs crimes encore et encore, avec des conséquences tragiques et parfois fatales. Les évêques et dirigeants d'ordres religieux s'engagent aujourd'hui: Plus jamais".

Après une décennie de pressions, le gouvernement australien avait lancé la commission d'enquête en 2012.

Elle a rendu ses conclusions en décembre dernier après avoir été contactée par plus de 15.000 personnes disant avoir été victimes d'abus pédophiles impliquant l'Eglise, des orphelinats, des clubs de sport, des écoles ou des organisations de jeunesse.

Plus de 4.000 institutions ont été mises en cause --dont de nombreuses entités catholiques-- dans ces témoignages souvent très éprouvants au cours d'auditions publiques ou à huis clos.

Parmi les recommandations de la commission, l'idée que les prêtres puissent rompre le secret de la confession pour dénoncer des abus pédophiles qui leur seraient révélés dans ce cadre.

-Rétablir la confiance -

Mais cela empièterait sur la liberté religieuse et le secret du confessionnal est "non négociable", a déclaré l’archevêque Coleridge.

"Ce n'est pas parce que nous nous considérons comme au-dessus de la loi ou parce que nous ne considérons pas que la sécurité des enfants soit suprêmement importante, nous le pensons."

"Mais nous ne n'acceptons pas l'idée que la sécurité et le secret de la confession s'excluent mutuellement. Nous ne pensons pas que l'abolition du secret renforcerait la sécurité des enfants."

La commission royale avait également recommandé que le célibat des prêtres puisse être observé sur la base du volontariat. Les catholiques australiens ont accepté à cet égard de demander les conseils d'experts en théologie en coordination avec le Saint-Siège.

Dans son rapport, la commission avait estimé que l'Australie avait "gravement manqué à ses devoirs" envers ses enfants pendant des décennies.

Elle avait affirmé que sept pour cent des religieux catholiques australiens avaient fait l'objet d'accusations d'abus sexuels sur des enfants entre 1950 et 2010 sans que les soupçons ne débouchent sur des investigations. Les enfants dénonçant de tels abus étaient au mieux ignorés, au pire punis.

Dans certains diocèses, la proportion atteignait 15% de prêtres soupçonnés de pédophilie. L'Ordre des Frères hospitaliers de Saint-Jean de Dieu était le pire, avec 40% de ses membres mis en cause.

Mark Coleridge a reconnu que l'Eglise avait commis des "manquements colossaux" en Australie comme ailleurs dans le monde.

"Nous savons que seules les actions, pas les mots, peuvent rétablir la confiance. Et tant que la confiance n'aura pas été rétablie, toutes les excuses du monde ne pourront que manquer leur cible."

"Nous répondrons promptement aux accusations contre des membres de l'Eglise. Nous améliorerons nos structures de gouvernance, nous serons plus transparents et nous écouterons."

Soeur Monica Cavanagh, présidente de Catholic Religious Australia, a souligné que l'Eglise australienne avait accepté 98% des recommandations de la commission, dont l'enquête a représenté un "moment important et nécessaire" pour le pays.

"La procédure pour réformer les pratiques de l'Eglise de façon à assurer une sécurité intégrale est déjà engagée", a-t-elle souligné.

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