Les missiles russes "invincibles" laissent Washington de marbre
L'annonce par Vladimir Poutine du développement par la Russie de missiles "invincibles" a été accueillie avec dédain à Washington, le Pentagone assurant que les armes vantées par le président russe n'ont rien de nouveau.
Dans son discours annuel devant le parlement, M. Poutine a vanté jeudi les nouvelles armes développées par la Russie: des nouveaux types de missiles de croisière avec une "portée illimitée" ou hypersoniques, des mini-submersibles à propulsion nucléaire ou encore une arme laser "dont il est trop tôt pour évoquer les détails"
"Ces armes sont en développement depuis très longtemps", a déclaré à la presse la porte-parole du Pentagone, Dana White.
"Nous ne sommes pas surpris par cette déclaration et les Américains peuvent être sûrs que nous sommes pleinement préparés", a-t-elle ajouté, précisant que la nouvelle posture nucléaire publiée en février par les Etats-Unis "tenait compte" de ces armes russes.
M. Poutine a justifié le développement de l'armement russe par l'activité militaire des Etats-Unis, qui veulent déployer leurs boucliers antimissiles en Europe de l'Est et en Corée du Sud et viennent d'adopter une nouvelle doctrine militaire visant à se doter de nouvelles armes nucléaires de faible puissance.
Pour William Courtney, du centre de recherche Rand Corporation, Vladimir Poutine a "exagéré certaines des capacités" du nouvel armement russe.
La Russie "met très activement en oeuvre un programme de modernisation nucléaire", a indiqué cet ancien diplomate spécialiste de la Russie. "Mais l'idée qu'un missile de croisière volant à basse altitude puisse survoler la moitié de la planète, tout en étant furtif, c'est une exagération".
Un avis partagé par Hans Kristensen, de la Federation of American Scientists. "L'arme 'invincible' est un missile inter-continental terrestre doté d'une tête nucléaire", a tweeté cet expert des armes nucléaires. "Il est à un stade de développement initial et ce n'est pas encore une arme".
- Des 'fanfaronnades' -
Le mini-submersible est plus "sérieux", il représente une menace pour les zones côtières et les porte-avions", mais "il y a des défenses contre les torpilles", selon M. Courtney.
Quant au missile hypersonique, capable de voler à cinq ou dix fois la vitesse du son, également évoqué par le président russe, "il y en a encore pour quelques années" avant qu'il soit opérationnel, a ajouté l'expert de Rand.
Questionnée sur les défenses américaines face à un missile nucléaire hypersonique, la porte-parole du Pentagone a assuré que les Etats-Unis étaient capables de faire face à "quoi que ce soit". "Nous sommes prêts", a-t-elle affirmé.
Les missiles hypersoniques actuellement développés par la Russie et la Chine --ainsi que les Etats-Unis-- peuvent déjouer les boucliers anti-missiles parce qu'ils sont conçus pour changer de direction en vol et non suivre une trajectoire prévisible, ce qui rend leur interception plus difficile.
Mais malgré les assurances du Pentagone, les Etats-Unis sont loin de pouvoir intercepter tous les missiles susceptibles d'être lancés contre leur territoire, une réalité qu'ils acceptent depuis la Guerre Froide.
Les militaires américains ont remporté quelques succès en développant des intercepteurs capables de stopper un ou deux missiles lancés par un "pays voyou" comme la Corée du Nord, mais ils ne pourraient pas se protéger d'un barrage de missiles tirés par la Russie ou la Chine, qui déclencherait la "destruction mutuelle assurée" des deux pays.
Pour M. Kristensen, les "fanfaronnades" de M. Poutine "révèlent une personne obsédée par le système de défense anti-missile des Etats-Unis (...) et consciente de l'approche de l'élection présidentielle".
"Il y a de l'exagération, mais (M. Poutine) a essayé de profiter du nationalisme russe pour renforcer sa base électorale et aussi pour envoyer un signal aux Etats-Unis", acquiescé M. Kristensen.
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