Netanyahu confronté aux frasques de son fils à la sortie d'un bar à strip-teaseuses

Auteur:
 
Par Michael BLUM - Jérusalem (AFP)
Publié le 09 janvier 2018 - 13:58
Image
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son fils Yaïr le 18 mars 2015 à Jérusalem
Crédits
© THOMAS COEX / AFP/Archives
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son fils Yaïr le 18 mars 2015 à Jérusalem
© THOMAS COEX / AFP/Archives

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est à nouveau confronté aux frasques d'un de ses fils et à l'enregistrement d'une virée arrosée entre amis dans les clubs de strip-teaseuses de Tel-Aviv.

La mise en cause du mode de gouvernement et des relations de M. Netanyahu avec le monde des affaires trouve cette fois ses origines inattendues dans le comportement de son fils aîné Yaïr et dans les propos qu'il a tenus lors d'une sortie entre copains au cours de l'été 2015 dans la capitale israélienne des plaisirs.

Yaïr Netanyahu, 26 ans, volontiers qualifié de "fils prodigue" par les médias, se trouve à bord d'une voiture avec Nir Maïmon, fils de Kobi Maïmon (l'un des hommes les plus riches d'Israël), Roman Abramov, collaborateur en Israël du milliardaire australien James Packer, un chauffeur et un garde du corps.

Les jeunes gens, apparemment éméchés, discutent sur un ton enjoué et en termes vulgaires de strip-teaseuses, de prostituées et même de l'ancienne petite amie de Yaïr Netanyahu, selon un enregistrement de leur conversation réalisé à leur insu et diffusé lundi soir par la deuxième chaîne.

Ils se chamaillent sur les dépenses consenties au cours de cette équipée et, comme un présage, s'inquiètent en plaisantant de l'effet que produirait leur discussion si elle était rendue publique.

"Mon père a fait gagner 20 milliards de dollars au tien, tu peux bien me donner 400 shekels", dit Yaïr Netanyahu à Nir Maïmon.

- 'Nouvelle tache' -

Yaïr Netanyahu fait à l'évidence référence à un important accord pour l'exploitation des vastes champs gaziers découverts en Méditerranée il y a quelques années, une manne pour Israël. Le père de Nir Maïmon est un actionnaire de premier plan d'Isramco, l'une des compagnies exploitant ces réserves.

Le Premier ministre avait annoncé en août 2015 un accord entre le gouvernement et un consortium israélo-américain pour accélérer la production, ralentie par les résistances à l'établissement d'un monopole qui profiterait aux compagnies aux dépens des consommateurs.

Les adversaires du Premier ministre se sont emparés de l'enregistrement, dont l'authenticité n'est contestée par personne, pour attaquer à nouveau les avantages consentis à Yaïr Netanyahu -comme une garde rapprochée jusque dans ses virées en boîtes de nuit- et pour jeter la suspicion sur un accord gazier très controversé.

Le chef du parti travailliste Avi Gabbay a parlé sur Twitter d'une "nouvelle tache sur l'accord de gaz corrompu". Le parti de gauche Meretz a réclamé des investigations.

M. Netanyahu est déjà visé par deux enquêtes de police, dont les conclusions sont attendues dans les prochains mois, sinon semaines. Dans l'une d'elles, M. Netanyahu est soupçonné d'avoir reçu, illégalement, des cadeaux de riches personnalités, dont l'Australien James Packer.

Le nom de son avocat personnel et d'un ancien chef de bureau apparaissent dans une affaire de corruption présumée liée à l'achat de trois sous-marins de guerre allemands.

- 'Blague' et 'choses stupides' -

M. Netanyahu a jugé "absurde" l'idée qu'il aurait cherché à favoriser l'homme d'affaires Kobi Maïmon alors qu'il n'avait "aucun contact" avec lui, ne l'avait rencontré qu'une "seule fois il y a environ dix ans" et ignorait les relations entre leurs deux fils.

L'accord finalement entériné en 2016 après des mois de bataille politique et légale est censé rapporter des milliards de shekels à l'Etat et ne désavantage qu'un seul des acteurs de l'exploitation gazière: Kobi Maïmon, a indiqué M. Netanyahu à la presse.

Yaïr n'avait pas "la moindre idée" des termes de l'accord, et ses propos étaient "une plaisanterie de mauvais goût" prononcée sous l'emprise de l'alcool, a-t-il ajouté.

Yaïr Netanyahu lui-même a rapidement présenté des excuses, invoquant lui aussi les vapeurs de l'alcool. Quant à l'accord gazier, "il s'agissait d'une blague", a-t-il assuré dans un communiqué.

Yaïr est l'une des cibles privilégiées des détracteurs des Netanyahu, indignés que le contribuable paie son garde du corps, son chauffeur ou son train de vie à la résidence alors qu'il n'exerce aucune fonction officielle.

Singulièrement, c'est le chauffeur de la voiture qui a réalisé l'enregistrement, a ouvertement accusé la famille dans un communiqué.

Yaïr Netanyahu avait répondu à ses contempteurs sur Facebook en 2017 avec un brûlot conclu par un emoji figurant un doigt d'honneur et un autre un tas d'excréments. Il s'était aussi signalé en reproduisant sur internet une image animée considérée comme antisémite et saluée par les suprémacistes blancs américains.

C'est aussi le langage employé sur les femmes qui lui est reproché. Le jeune homme a reconnu dans son communiqué avoir prononcé "des choses stupides" qui "ne reflètent pas ce que je suis (et) les valeurs dans lesquelles j'ai été élevé".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.