Nouveau vendredi de contestation en Algérie, le dernier avant le ramadan

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Par AFP - Alger
Publié le 03 mai 2019 - 15:03
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Manifestation antigouvernementale, le 26 avril 2019 à Alger
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Manifestation antigouvernementale, le 26 avril 2019 à Alger
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De très nombreux Algériens ont manifesté à travers le pays pour un 11e vendredi consécutif, le dernier avant le début du mois de jeûne musulman de ramadan durant lequel ils entendent continuer de protester pour démentir les craintes d’essoufflement du mouvement.

Difficile à évaluer précisément faute de chiffres officiels disponibles, la mobilisation, qui reste très forte, a semblé néanmoins en baisse à Alger, où il a plu en matinée, selon des journalistes de l'AFP.

Le carrefour devant la Grande Poste, devenue le point de ralliement des manifestations dans la capitale, était toutefois noir de monde comme chaque vendredi et le cortège remontait sur plusieurs kilomètres le long d'un des principaux axes de la ville, qui y débouche.

De nombreux manifestants ont également défilé dans d'autres villes du pays, notamment Oran (nord-ouest), Constantine et Annaba (nord-est), selon des journalistes locaux ou des habitants. Dans la région de Kabylie, à l'est d'Alger, des manifestations ont également eu lieu à Tizi-Ouzou ou Bouira, selon un journaliste local et des habitants, mais aussi à Béjaia, selon les réseaux sociaux.

Aucun incident n'a été signalé lors des défilés recensés - selon l'agence de presse officielle APS - dans au moins 39 des 48 régions du pays.

- "Gagner du temps" -

Homme fort de facto du pays depuis qu'il a lâché le président Abdelaziz Bouteflika, dont il avait été un indéfectible soutien depuis 15 ans, le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, était particulièrement visé vendredi par les slogans à Alger et ailleurs.

"Gaïd Salah, dégage!", ont notamment scandé les manifestants. "Non au pouvoir militaire", pouvait-on lire sur des pancartes à Alger.

Perçu par la contestation comme un allié quand il a obtenu la démission du chef de l'Etat, son appui désormais réitéré semaine après semaine au processus de transition conformément à la Constitution, dont l'organisation d'une présidentielle le 4 juillet, lui vaut désormais l'inimité de nombreux manifestants.

Egalement dans le collimateur: le président par intérim Abdelkader Bensalah et le Premier ministre Noureddine Bedoui, deux anciens cadres zélés du régime Bouteflika, très discrets depuis des semaines face à la contestation qui exige leur départ.

Le général Gaïd Salah a opposé cette semaine une nouvelle fin de non recevoir aux revendications demandant la mise sur pied de structures ad hoc pour gérer l'après-Bouteflika.

"Le dialogue ne peut pas se faire avec les symboles du système en place, qui détiennent le pouvoir", a réagi Abdelouahab Fersaoui, président du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), ONG citoyenne, dans un entretien au site d'information TSA.

"On ne peut pas entamer un dialogue avec un Bensalah ni avec un Bedoui ni avec les personnes qui ont été responsables de la situation actuelle", a-t-il estimé. Le pouvoir continue "à manœuvrer et à gagner du temps" et "n’a donné aucun signe de bonne volonté pour répondre aux revendications" du mouvement.

Un mois presque jour pour jour après la démission, le 2 avril, d'Abdelaziz Bouteflika, le mouvement de contestation inédit déclenché le 22 février ne faiblit pas, mais aucune autre revendication n'a été satisfaite depuis.

- "On ne va rien lâcher" -

Les manifestants refusent toujours que l'appareil hérité du président déchu, suspecté d'avoir truqué les scrutins depuis deux décennies, gère la transition et organise la présidentielle devant élire son successeur.

"On marchera jusqu'à ce que toute la bande des hommes à +Boutef+ parte", a affirmé vendredi à l'AFP Hamid Benmouhoub, commerçant de 55 ans, venu de Jijel, à 350 km à l'est d'Alger.

"Nous refusons ce système. Il faut qu'il parte", a renchéri Amine, 22 ans, étudiant à Tizi Ouzou à 100 km de route. Il a passé la nuit chez des amis pour éviter les barrages filtrants mis en place chaque vendredi aux entrées d'Alger.

Aucune partie ne semble prête à céder et certains observateurs pensent que le pouvoir mise sur un essoufflement de la mobilisation durant le ramadan qui commence dans les prochains jours.

Un mois de jeûne et de privation, durant lequel les Algériens se couchent souvent tard et au fur et à mesure duquel la fatigue se fait de plus en plus sentir.

"On continuera à marcher durant le ramadan pour exiger une période de transition avec des personnes propres, on ne va rien lâcher", assure, comme de nombreux autres manifestants, Zakia Benabdrahmane, 56 ans, arrivée à Alger avec son époux de Boumerdes, à environ 40 km à l'est de la capitale.

Pour pallier la fatigue, la faim et la soif de la journée, la plupart des manifestants proposent de déplacer pendant le ramadan les marches le soir, après le "ftor", la rupture du jeûne.

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