"Quel soulagement !" Les ex-voisins d'Assange soufflent

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Par Anna CUENCA - Londres (AFP)
Publié le 12 avril 2019 - 19:16
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Des journalistes devant l'ambassade d'Equateur à Londres après l'arrestation de Julian Assange, le 11 avril 2019
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© ISABEL INFANTES / AFP
Des journalistes devant l'ambassade d'Equateur à Londres après l'arrestation de Julian Assange, le 11 avril 2019
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Manifestants, policiers et journalistes partis, les habitants du quartier de l'ambassade équatorienne à Londres soufflaient enfin vendredi, soulagés du départ de Julian Assange arrêté la veille dans l'enceinte diplomatique où il a vécu près de sept ans.

"Mon Dieu, ce cauchemar est terminé, quel soulagement !", s'exclame Tony Knight, un consultant financier d'une soixantaine d'années qui vit dans cet élégant quartier de Chelsea. "Dans le coin, les gens étaient perturbés par ce qui se passait parce qu'il y avait une présence policière, des manifestations", témoigne-t-il auprès de l'AFP. "Ce n'était pas quotidien mais la situation a duré sept ans".

Selon M. Knight, le feuilleton a même fait chuter les prix de l'immobilier dans le quartier. "Quelqu'un m'a dit (...) qu'il a dû baisser son loyer de 30% à cause de tout cela", dit-il en désignant le bâtiment de quatre étages, briques rouges et fenêtres blanches, qui abrite à gauche l'ambassade d'Équateur et à droite l'ambassade de Colombie. Les deux sont accessibles par la porte principale du bâtiment, séparée de la rue par un petit escalier.

À l'intérieur, un petit hall d'accueil, sols en marbre et murs sombres, où travaille le seul gardien de sécurité visible. Aux étages supérieurs se trouvent une dizaine d'appartements privés. Pendant l'arrestation du fondateur de WikiLeaks, lorsque les policiers britanniques l'ont traîné jusqu'à un fourgon garé devant la porte, les employés de l'ambassade colombienne n'ont pas pu utiliser l'entrée principale et ont dû passer par l'arrière.

- Un voisin invisible -

A part cela, le long séjour de l'Australien aujourd'hui âgé de 47 ans dans l'ambassade voisine, avec laquelle ils ne partagent qu'une cour sombre et inaccessible, "n'a pas vraiment constitué une nuisance", assure l'un de ces employés. "C'était comme un voisin qu'on ne voit jamais", ajoute-t-il.

Cependant, les traces des nombreuses manifestations organisées pendant des années sur le trottoir opposé, auxquelles ont participé des célébrités telles que la créatrice de mode britannique Vivienne Westwood sont encore visibles vendredi.

Sur un tas de barrières en métal utilisées par la police pour contenir les manifestants, on peut voir une affiche avec une photo du fondateur de WikiLeaks et une grande bannière blanche qui proclame "Free Assange" ("Libérez Assange").

Il reste aussi une demi-douzaine de caméras de télévision.

"On dirait qu'ils vont avoir besoin d'un bon nettoyage professionnel", à l'intérieur de l'ambassade, estime Rob Catherall de SkyNews, mimant l'utilisation d'un nettoyeur à eau haute pression.

- Murs souillés -

Jeudi, après avoir retiré à Julian Assange l'asile diplomatique accordé en 2012 par son prédécesseur Rafael Correa, le président de l'Équateur, Lenin Moreno, a dénoncé le comportement provocateur et "irrespectueux" de l'Australien.

"Cet homme, avec ses excréments, a souillé les murs de l'ambassade", a-t-il déclaré.

Les employés de l'ambassade équatorienne se sont refusé au moindre commentaire ou même d'ouvrir la porte.

Juste derrière les caméras de télévision, une femme aux cheveux courts, en jean et gilet bleu marine, frotte avec un balai brosse les escaliers d'une majestueuse demeure privée.

"Au début, il y avait beaucoup de policiers ici tous les jours et cela a duré des années", raconte cette Polonaise de 50 ans qui travaille depuis 10 ans comme gouvernante et préfère rester anonyme.

"Ils le surveillaient au cas où il tenterait de partir" mais "au bout d'un moment, cela n'avait plus de sens. Où pouvait-il aller ? Ici, c'était comme une prison", dit-elle en désignant le balcon situé au deuxième étage du bâtiment, juste au-dessus du drapeau de l'Équateur, d'où Julian Assange s'est parfois adressé à la foule.

Elle s'étonne qu'il y ait encore des journalistes sur le trottoir. "Demain, tout sera probablement revenu à la normale".

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