Syrie : chute imminente du dernier bastion rebelle dans la Ghouta
Les forces de Bachar al-Assad étaient lundi sur le point de conclure une victoire retentissante avec la reconquête imminente de la dernière poche de la Ghouta orientale aux mains des rebelles, dont l'armée russe, alliée de Damas, a annoncé qu'ils avaient accepté de se retirer.
Le groupe Jaich al-Islam, qui contrôle cette ultime enclave comprenant la grande ville de Douma, n'a toutefois pas confirmé ou réagi à l'annonce, par Moscou et la télévision d'Etat syrienne, qu'il avait accepté dimanche d'évacuer cet ultime bastion rebelle aux portes de Damas.
Accablés par un déluge de feu du régime, qui a tué plus de 1.600 civils en cinq semaines, les groupes présents dans la Ghouta orientale acceptent les uns après les autres d'abandonner leurs territoires dans cette région hautement symbolique pour la rébellion.
Plus de 45.000 personnes, dont environ un quart de combattants, ont gagné ces dix derniers jours les territoires rebelles de la province d'Idleb (nord-ouest), évacuant la Ghouta que le pouvoir syrien contrôle désormais à 95% après une offensive meurtrière lancée le 18 février, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Et les rebelles de Jaich al-Islam ont à leur tour conclu un accord avec Moscou, alliée du régime syrien, a annoncé l'armée russe.
Un "accord préliminaire" a été trouvé pour "l'évacuation" de Jaich al-Islam de la Ghouta orientale, a déclaré le général russe Iouri Evtouchenko, cité par l'agence Interfax, sans toutefois fournir la date du début du processus.
L'OSDH avait déjà rapporté "un accord final" entre Jaich al-Islam et la Russie", assurant que la police militaire russe devait se déployer à Douma.
Les rebelles et leurs familles, mais aussi d'autres civils le souhaitant, seront évacués vers des territoires dans la province d'Alep (nord), notamment à Jarablos et al-Bab, dominés par des insurgés proturcs, selon l'OSDH. Les autres habitants pourront rester sur place, dans le cadre de la politique de "réconciliation" du gouvernement.
L'information a été relayée par la télévision d'Etat syrienne.
- "Clou dans le cercueil" -
Samedi, le régime avait promis de poursuivre les combats pour reprendre l'ultime enclave insurgée de la Ghouta. Pour faire pression sur les pourparlers en cours, les forces progouvernementales avaient consolidé leur présence autour de Douma.
"Que ce soit à la suite d'un accord d'évacuation ou en l'écrasant sous les bombes, ce qui compte pour Assad, c'est d'extirper Jaich al-Islam de Douma, pour toujours", a souligné le chercheur Nicholas Heras, du Center for New American Security.
Dans son message de Pâques, le pape François a réclamé dimanche la fin de "l'extermination en cours" en Syrie, le respect du "droit humanitaire" et la paix.
La chute de la Ghouta, à la suite de bombardements intenses et de combats au sol qui ont dévasté la zone, marquerait une des pire défaites pour les rebelles dans la guerre qui ravage la Syrie depuis plus de sept ans.
"La victoire dans la Ghouta est un clou dans le cercueil des terroristes", a déjà proclamé samedi à la télévision d'Etat un officier de l'armée syrienne déployé dans cette région, une des premières à se mobiliser dans les manifestations réclamant des réformes au régime en 2011.
- Garantie internationale -
Inquiets devant la tournure des événements, des milliers d'habitants de Douma ont déjà fui ces derniers jours vers des zones sous contrôle du régime, empruntant des corridors ouverts par l'armée syrienne.
Dimanche soir, 1.146 personnes à bord de 24 bus ont quitté Douma en direction d'Idleb, selon la télévision étatique syrienne.
Ce convoi transporte des civils blessés, mais aussi des anciens combattants de Faylaq al-Rahmane et leur famille, selon l'OSDH.
"Bien sûr que je veux partir: il n'y a plus de maisons ici!", a déclaré à l'AFP un habitant de Douma, Abou Rateb, âgé de 30 ans, qui se préparait à aller en territoire rebelle à Idleb.
D'autres refusent catégoriquement de quitter la ville dévastée, comme Haitham, un militant de la société civile.
"Abandonner son foyer, c'est abandonner son âme. Mais pour rester ici, nous voulons des garanties des Nations unies ou de l'Europe, sinon les gens engagés, comme moi, seront poursuivis. Je n'ai pas confiance en la Russie", lâche-t-il.
Grâce au soutien militaire russe, le pouvoir de Damas a pu renverser la donne dans la guerre, multipliant les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, jusqu'à reconquérir plus de la moitié du pays.
A l'occasion de Pâques, le président Assad et son épouse se sont rendus au domicile d'une jeune fille dont le pied a été amputé après une blessure par un tir d'obus des rebelles sur la capitale, a indiqué la présidence.
En début d'année, le régime avait fait de la Ghouta orientale sa priorité. Les rebelles de ce secteur tiraient obus et roquettes meurtriers sur la capitale.
La guerre en Syrie, qui avait débuté par la répression de manifestations pacifiques, a fait plus de 350.000 morts et des millions de réfugiés. Elle s'est transformée en un conflit complexe impliquant des belligérants syriens et étrangers, ainsi que des groupes jihadistes.
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