Ukraine : une flambée de rougeole provoque une ruée vers les vaccins

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Par Ania TSOUKANOVA - Kiev (AFP)
Publié le 26 janvier 2018 - 10:47
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Une infirmière vaccine un enfant contre la rougeole dans un hôpital pour enfants, le 15 janvier 2018 à Kiev, en Ukraine
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© Sergei SUPINSKY / AFP
Une infirmière vaccine un enfant contre la rougeole dans un hôpital pour enfants, le 15 janvier 2018 à Kiev, en Ukraine
© Sergei SUPINSKY / AFP

La porte de l'hôpital pour enfants No7 de Kiev claque sans interruption ces derniers jours, poussée par des parents inquiets : l'Ukraine est confrontée à une flambée de rougeole meurtrière, conséquence d'un taux de vaccination dramatiquement faible.

En une seule journée, cet hôpital public du centre la capitale ukrainienne a vacciné 150 enfants. "C'est trois fois plus, voire quatre fois plus que d'habitude", relève Oksana Goutova, sa directrice.

Face à l'affluence, l'établissement doit désormais ouvrir le week-end.

"En deux jours, nous avons épuisé notre stock de vaccins rougeole-oreillon-rubéole prévus pour trois mois", renchérit une pédiatre d'un centre médical privé à Kiev.

A l'origine de cette ruée, une flambée de rougeole qui a tué trois Ukrainiens en janvier, poussant certaines écoles à prolonger les vacances scolaires pour éviter de nouvelles contagions.

Conséquence d'années de méfiance face aux vaccins ainsi que des difficultés dans les importations de vaccins, l'Ukraine figure parmi les pays d'Europe les plus touchés par cette maladie, avec la Roumanie, l'Italie, la France, l'Allemagne et la Grèce.

L'an dernier, 4.782 cas de cette maladie dont cinq mortels ont été enregistrés dans l'ex-république soviétique. Et depuis début janvier, presque 2.100 Ukrainiens ont été contaminés: trois en sont morts, dont deux enfants.

- Faux certificats -

Les autorités et les organisations internationales mettent en cause plusieurs années de vaccinations insuffisantes.

En 2016, la couverture vaccinale contre la rougeole a été de 42% pour la première dose reçue à un an, la troisième plus basse dans le monde en 2016, selon l'Unicef.

L'année dernière, ce chiffre est monté à 93% pour la première dose et à 91% pour la deuxième, à six ans, selon Kiev. Mais le retard accumulé pendant des années est loin d'être comblé.

"Nous faisons des progrès, mais nous n'avons pas encore tout réglé", a indiqué à l'AFP la représentante de l'Unicef en Ukraine Giovanna Barberis ajoutant que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande un taux de 98% pour prévenir des hospitalisations massives et des cas mortels.

Les chiffres avancés par les autorités ukrainiennes sont par ailleurs à prendre avec des pincettes. La vaccination étant en principe obligatoire (même si aucune sanction n'est prévue pour ceux qui la refusent), de nombreux parents méfiants des vaccins préféraient verser des pots de vin aux médecins pour obtenir de faux certificats de vaccination, faussant les statistiques.

Selon une étude réalisée en 2016, 52% des professionnels de santé avaient des demandes pour de faux certificats de vaccination, souligne Mme Barberis.

- Diphtérie? -

Le pays a déjà connu plusieurs flambées de rougeole, dont la plus grave, en 2006, avait contaminé plus de 40.000 personnes.

Les autorités avaient alors lancé une campagne de vaccination mais la mort en 2008 d'un adolescent immunisé avec un vaccin de fabrication indienne non certifié n'a fait que renforcer la méfiance.

Si l'enquête officielle avait conclu que le vaccin n'était pas responsable du décès, elle n'a pas convaincu l'opinion publique.

Face à la flambée actuelle, les autorités d'Odessa, où tous les cas mortels de rougeole ont été enregistrés, ont prolongé les vacances scolaires. La mairie de Kiev a pour sa part décidé d'interdire l'accès aux écoles aux élèves non vaccinés.

Si elle a vite assoupli cette mesure, cette annonce a poussé beaucoup de parents, y compris ceux qui le refusaient depuis des années, à immuniser d'urgence leurs enfants.

Oleksandra Filatova, mère de cinq enfants, est venue à l'hôpital avec ses deux filles de cinq et dix ans qu'elle n'avait jamais vaccinées auparavant.

"J'ai entendu toute sorte d'histoires terribles sur des enfants paralysés ou qui auraient arrêté de parler", raconte-t-elle.

Désormais, "elles vont recevoir touts les vaccins nécessaires. Après celui contre la rougeole, on va faire les autres", assure-t-elle.

Au programme: coqueluche, tétanos, diphtérie... L'Ukraine détient le record du taux de vaccination le plus bas au monde en 2016 pour ces trois maladies, contre lesquelles seuls 19% des enfants de moins d'un an ont été immunisés et 48% l'an suivant, selon l'Unicef.

Le très populaire pédiatre ukrainien Evguen Komarovski a prévenu: après la rougeole, le pays risque une flambée de diphtérie.

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