Collomb fragilisé depuis l'annonce de sa candidature à Lyon

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Par Katell PRIGENT - Paris (AFP)
Publié le 20 septembre 2018 - 21:48
Mis à jour le 21 septembre 2018 - 01:22
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Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb dans la cour de l'Elysée, à Paris, le 19 septembre 2018
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© ludovic MARIN / AFP
Gérard Collomb a beau assurer être "pleinement ministre de l'Intérieur", depuis l'annonce de son départ en 2019 pour les municipales à Lyon, sa légitimité place Beauvau est remise en question.
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Gérard Collomb a beau assurer être "pleinement ministre de l'Intérieur", depuis l'annonce de son départ en 2019 pour les municipales à Lyon, sa légitimité place Beauvau est remise en question par la droite, mais aussi au sein de son ministère.

"Quand je suis ministre de l'Intérieur, je suis pleinement ministre de l'Intérieur", a assuré jeudi Gérard Collomb. Une réponse aux voix qui se font entendre à droite pour qualifier de ministre d'"intermittent de la sécurité à Beauvau" comme l'a fait Éric Ciotti (LR) depuis que le ministre a annoncé qu'il quitterait le gouvernement pour mener campagne à Lyon pour les élections de 2020. Une annonce "surréaliste", pour Laurent Wauquiez (LR).

"Gérard Collomb est plus préoccupé par la suite de sa carrière politique que par la sécurité des Français et la lutte contre le terrorisme. Quel cynisme! Le Titanic n'est plus loin de l'iceberg", fustige la porte-parole des Républicains Laurence Sailliet.

"C'était sans doute une volonté de sincérité de sa part, mais l'opinion publique attend du ministre de l'Intérieur qu'il soit à temps plein dans ses actes comme dans sa tête", a déclaré à l'AFP Brice Hortefeux, ancien locataire de la place Beauvau.

Mercredi matin, dans les médias, la ministre Jacqueline Gourault a défendu son ministre de l'Intérieur sur Public Sénat estimant que "c'était un secret de polichinelle que Gérard Collomb voulait se représenter à Lyon". "Il a pris cette décision de l'annoncer maintenant, je crois, pour clarifier la situation, je pense vis-à-vis des Lyonnais, et pour dire pendant un an je me consacre à mon ministère et je ferai campagne après", a-t-elle dit.

"Une tempête dans un verre d'eau", a estimé parallèlement le Premier ministre Édouard Philippe sur France Inter. "Lorsqu'il sera en campagne (...) il se consacrera à temps plein à cette conquête électorale. Aujourd'hui il est ministre d’État, ministre de l'Intérieur en charge de missions redoutablement complexes et importantes et il se consacre entièrement à sa tache", a-t-il dit.

- "Climat étrange" -

Mais au-delà de la sphère politique, l'annonce de Gérard Collomb a également perturbé les équipes au sein du ministère, déjà ébranlées par l'affaire Benalla qui a instauré "une ambiance délétère" depuis cet été, selon une source policière. "Cette affaire a rouvert les tensions entre gendarmerie et police", selon cette source.

La semaine aurait dû être la semaine du lancement des Quartiers de reconquête républicaine, un pan de la police de sécurité du quotidien (PSQ), une des mesures phares de Gérard Collomb. Elle a été éclipsé par l'annonce de départ programmé.

Mercredi, le chef de cabinet du ministre de l'Intérieur, Jean-Marie Girier, a rejoint Richard Ferrand à l'Assemblée nationale. "Son départ n'a aucun lien avec l'annonce du futur départ de Gérard Collomb pour les municipales à Lyon", affirme-t-on à l'Intérieur, "il était acté avant l'interview" du ministre.

Après sa "plume" Jonathan Guamas, qui a rejoint récemment l'Élysée, Gérard Collomb perd un chef de cabinet "qui n'était pas un chef de cabinet comme les autres", glisse un haut gradé de la police. "Il était conseiller politique du ministre et proche du président de la République: ce n'est pas anodin", ajoute-t-il.

"Il règne un climat étrange" place Beauvau, raconte ce haut gradé, une ambiance "surréaliste", confirme un autre, "une très mauvaise ambiance" ajoute une troisième. "Il y a comme une période de flottement, il faut vite dire les choses, donner une date de départ, éloigner le débat", estime l'un d'eux.

"Il y a des échéances: un mercato des directeurs de la police nationale, des élections syndicales... tout ça avant décembre", souligne une de ces sources, "il faut clarifier les choses".

"Il faut qu'il fasse un discours fort dans les 15 jours, qu'il montre qu'il est le patron", estime un soutien du ministre.

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