Européennes : une liste "gilets jaunes" se profile
Des responsables d'une liste "gilets jaunes" ont annoncé mercredi vouloir se lancer dans la course des élections européennes, une initiative promise selon des sondages à un beau succès électoral, au détriment notamment du Rassemblement national de Marine Le Pen.
Dans un communiqué, le "ralliement d'initiative citoyenne" (RIC) diffuse un embryon de liste comprenant dix noms, avec à leur tête Ingrid Levavasseur, une aide-soignante normande de 31 ans qui est l'une des figures du mouvement des "gilets jaunes".
L'objectif est de constituer une liste complète de 79 candidats d'ici "mi-février" en vue du scrutin du 26 mai qui doit désigner les eurodéputés français, a précisé l'un de ses responsables.
"On pourrait très bien avoir 79 candidats dès aujourd'hui, mais on a choisi d'ouvrir au participatif. Il y aura une votation interne entre les candidats actuels pour désigner les autres places", a assuré à l'AFP Hayk Shahinyan.
Le directeur de campagne, qui ne figure pas sur la liste pour l'instant, a précisé que l'appel à candidatures était ouvert "à tous les citoyens".
Dans son communiqué, le RIC, qui rappelle l'acronyme du "référendum d'initiative citoyen" défendu par certains "gilets jaunes", se présente comme "une coordination issue de différentes initiatives".
Il juge que le mouvement des "gilets jaunes" fait "apparaître la nécessité de transformer la colère en un projet politique humain, capable d'apporter des réponses aux Français qui soutiennent le mouvement des gilets jaunes depuis des mois".
"Nous, citoyens français, ne voulons plus subir les décisions des instances européennes et les diktats des castes de financiers et de technocrates, qui ont oublié le principal : l'humain, la solidarité et la planète", écrit encore le nouveau mouvement, affirmant que ses éventuels eurodéputés auront "avant tout, la mission de porte-parole des citoyens qui seront consultés tout au long du mandat".
Ingrid Levavasseur avait récemment renoncé à devenir chroniqueuse "gilets jaunes" sur BFM TV, après avoir reçu des menaces.
Parmi les dix noms sur la liste, les autres candidats ont entre 29 et 53 ans, avec des professions variées (chef de petite entreprise, cariste, juriste, mère au foyer ou encore fonctionnaire).
L'initiative s'ajoute à un projet de liste annoncé en décembre par le chanteur Francis Lalanne sous le nom de "rassemblement gilet jaune citoyen", qui n'a plus communiqué ces dernières semaines.
Selon un sondage Elabe publié mercredi, une liste "gilets jaunes" est créditée de la troisième place, avec 13% des voix, derrière La République en Marche et le Rassemblement national, mais devant Les Républicains ou la France Insoumise. La semaine dernière, un sondage Ifop créditait une éventuelle liste "gilets jaunes" de 7,5%.
Ces sondages portent toutefois sur l'hypothèse d'une liste "gilets jaunes" et non précisément sur la liste annoncée mercredi.
- "Bonne nouvelle" -
Selon les sondeurs, l'irruption d'une liste "gilets jaunes" nuirait principalement au RN ainsi qu'à Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan.
Sur CNews, Marine Le Pen a nié que l'annonce de cette liste soit une "mauvaise nouvelle" pour le RN, mais mis en garde contre une éventuelle "récupération", en évoquant le passage de M. Shahinyan au MJS socialiste il y a huit ans.
"Ca me pose pas de problème qu'il y ait une liste gilets jaunes. La question après c'est qu'ils gardent leur indépendance et leur autonomie. (...) Quand on voit autour de ces listes des anciens militants socialistes, ce danger, il existe", a-t-elle attaqué.
Mise en garde aussi de Nicolas Dupont-Aignan sur BFMTV.
"Je crois qu'au contraire la force des gilets jaunes tenait à leur diversité politique. A partir du moment où ils vont faire une liste il va bien falloir qu'ils clarifient les choses. Rendez-vous aux élections", a-t-il dit, leur souhaitant "bonne chance".
"C'est toujours une bonne nouvelle quand des personnes s'engagent en politique, et portent des thèmes de justice fiscale, de partage du pouvoir et des richesses, qui font écho aux propositions qui ont été les nôtres pendant un long moment", a pour sa part jugé la tête de liste de LFI, Manon Aubry.
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