Jacqueline Gourault, l'incontournable qui s'est rendue indispensable

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Par Gregory DANEL, Paul AUBRIAT - Paris (AFP)
Publié le 16 octobre 2018 - 12:16
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Jacqueline Gourault photographiée à Paris en juillet 2017
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© JOEL SAGET / AFP/Archives
Jacqueline Gourault photographiée à Paris en juillet 2017
© JOEL SAGET / AFP/Archives

Fidèle de François Bayrou, mais d'une loyauté absolue envers Emmanuel Macron et Édouard Philippe, Jacqueline Gourault s'est imposée depuis son entrée au gouvernement en juin 2017 pour aujourd'hui obtenir un ministère de plein exercice "de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités".

Cette femme aux cheveux courts et à l'air débonnaire était entrée au gouvernement après les législatives de 2017 à un poste aux contours flous, "ministre auprès du ministre de l'Intérieur". En cultivant de bonnes relations avec son patron, Gérard Collomb, tout en jouant sa partition face au ministre de la Cohésion des Territoires d'alors, Jacques Mézard, et son secrétaire d'État, Julien Denormandie, cette spécialiste des collectivités locales s'est révélée incontournable.

Présentée comme "le couteau suisse du ministère de l'Intérieur", elle "fait l'unanimité", constatent les observateurs de tous bords.

Autant sollicitée pour remplacer au pied levé Gérard Collomb pour un débat devant les assemblées que pour un raout place Beauvau, Jacqueline Gourault est surtout la "Madame Collectivités locales", gagnant le surnom d'"agent traitant" du gouvernement auprès des élus.

Son objectif? "Faire de la pédagogie" et éviter que le fossé d'incompréhension ne se creuse entre les élus de terrain et l'exécutif, que ce soit à propos des dotations globales de fonctionnement ou l'abaissement de la vitesse à 80km/h.

Son assise politique s'est en outre renforcée lorsque Matignon lui a demandé de prendre en charge le dossier corse, devenant l'interlocutrice privilégiée des turbulents présidents nationalistes de l'exécutif et de l'assemblée de l'île, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni.

Réputée pour sa bonhomie et un certain franc-parler, Jacqueline Gourault avait mené à bien le volet de la réforme de la Constitution qui institutionnalise une spécificité corse.

Le personnage, volontiers spontané, s'est toutefois vu reprocher de mémorables bourdes: en juillet dernier, elle évoque des "prisonniers politiques" corses, avant de faire un spectaculaire rétropédalage; en avril, elle sort de ses gonds à l'Assemblée face à des députés LR, en s'offusquant qu'ils veuillent "obliger un ministre à répondre".

Cette chrétienne-démocrate, opposée en son temps à l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, avait en outre laissé un flottement lorsqu'elle avait été interrogée en tant que ministre, en mars dernier, sur l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, pourtant promesse de campagne du candidat Macron.

Les épisodes n'ont pas entamé sa réputation au sein du gouvernement, où elle s'est rendue indispensable: en septembre, le Premier ministre lui a confié la préparation d'une éventuelle fusion entre les deux départements alsaciens.

- Adversaire de Jack Lang -

Dans l'équilibre du gouvernement, Jacqueline Gourault est devenue une précieuse courroie de transmission entre le MoDem et l'exécutif, alors que les relations entre les centristes et la macronie ont parfois été tumultueuses.

Après les retraits forcés des ministres MoDem Bayrou, De Sarnez et Goulard, sur fond de soupçons d'affaires, le nom de Mme Gourault avait été soufflé par François Bayrou au président de la République.

La première rencontre avec le maire de Pau remonte au début des années 1980, alors qu'il devait animer une réunion, qu'il a ensuite qualifiée d'"une des chances de (sa) vie".

"Elle surnage dans le marigot centriste et a su rouler dans la farine tous les vieux crocodiles", résume une habituée de la Haute Assemblée qui voit en elle "une tueuse".

Un membre du corps préfectoral salue pour sa part "une vraie politique qui bosse ses dossiers et a le sens de l'État".

La longue carrière politique de Mme Gourault est pourtant un éloge de la patience: conseillère municipale à partir de 1983 d'un gros bourg du Loir-et-Cher, La-Chaussée-Saint-Victor, elle en était devenue maire de 1989 à 2014.

Mais c'est en 1993 que cette giscardienne, fille de marchands de bestiaux reconvertis dans l'élevage des chevaux de course, s'était offerte une notoriété en affrontant le socialiste Jack Lang aux législatives de 1993 et 1997 - en vain.

Cette amatrice d'équitation, mariée et mère de deux enfants, était finalement devenue parlementaire en 2001, en se faisant élire sénatrice.

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