Retour à la tradition, Macron invite la presse à l'Elysée

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Par Laurence BENHAMOU - Paris (AFP)
Publié le 15 avril 2019 - 18:36
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Emmanuel Macron sur le perron de l'Elysée, le 2 avril 2019
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© Ludovic MARIN / AFP/Archives
Emmanuel Macron sur le perron de l'Elysée, le 2 avril 2019
© Ludovic MARIN / AFP/Archives

Une longue conférence de presse à l'Elysée, à l'ancienne, comme François Hollande ou Nicolas Sarkozy: deux jours après le va-tout de ses annonces, Emmanuel Macron se livrera mercredi pour la première fois à cet exercice typique de la Ve République.

"C'est une rupture assez forte, une revanche de l'ancien monde", estime un conseiller proche de l'exécutif. "Il y avait un tel verrouillage" avec les anciens conseillers qu'il "a besoin de montrer qu'il a lui-même changé. C'est une main tendue à la presse".

En arrivant au pouvoir au printemps 2017, Emmanuel Macron avait voulu tourner le dos à une présidence Hollande jugée trop bavarde et proche des journalistes. Son credo: contourner les médias pour parler directement aux Français via les réseaux sociaux, comme le prônaient son conseiller spécial Ismaël Emelien et sa conseillère presse Sibeth Ndiaye.

Ni conférence de presse donc, ni même d'interview au JT de 20 heures. Emmanuel Macron a annulé dès son arrivée la traditionnelle interview télé du 14 juillet.

A l'étranger, il n'a pu échapper aux points de presse avec les chefs d'Etat étrangers ni aux conférences de presse post-sommets. Mais il a immédiatement averti qu'il refuserait de répondre aux questions sur la politique française. Il est vrai que François Hollande, interrogé sur sa vie privée jusque dans ses déplacements, s'y était laissé piéger. Au final, Emmanuel Macron a suivi à son gré cette règle auto-proclamée, selon la question posée.

Mais il a été loin de rester muet. Il s'est exprimé énormément par des canaux différents: entretiens dans des journaux choisis comme l'hebdomadaire Le Point à qui il parle longuement en 2017, allocutions, vidéos officielles ou de coulisses, tweets, médias peu conventionnels (BFMTV et Mediapart ensemble, Brut, Konbini). Il a cependant accepté le très populaire JT de 13 heures de TF1.

C'est surtout à l'occasion de ses nombreux bains de foule, filmés en direct, qu'il a parlé librement, en répondant aux Français qui l'interpellaient par des petites phrases parfois cassantes qui ont fait le buzz et forgé son image clivante.

Le grand débat lui a offert une nouvelle scène pour défendre ses choix pendant des dizaines d'heures. Mais sans faire d'annonces ayant marqué les mémoires.

- "En rupture" -

Après le départ d'Ismaël Emelien et de Sibeth Ndiaye de l'Elysée, le chef de l'Etat, actuellement sans conseiller en communication officiel, a choisi un retour à la tradition des conférences de presse dans la salle des fêtes de l'Elysée.

Celles de Charles de Gaulle ou de François Mitterrand sont restées fameuses. Nicolas Sarkozy en donnait une par an environ. La dernière en date, donnée par François Hollande en 2015, avait tourné à son désavantage et il avait renoncé à celle de 2016 pour éviter des questions sur la primaire à gauche ou sa candidature.

"Chaque nouveau président adopte une communication en rupture avec le précédent et finit par faire exactement la même chose. Il voulait tenir la presse à distance et la réinvite à l'Elysée. Chassez la cinquième République, elle revient au galop", commente l'expert en communication politique Phlippe Moreau-Chevrolet.

"Annonce puis conférence de presse: on est dans le contrôle. Emmanuel Macron voulait être jupiterien et inaccessible, mais il a fini par parler tous les jours avec même des happenings de 6 heures sur les chaînes d'info", ajoute-t-il.

Pour l'expert, la communication de M. Macron reste celle du "coup d'éclat permanent". "Comme Trump, ou Sarkozy en son temps, il s'agit de créer un événement par jour pour contrôler l'agenda médiatique et l'arène politique".

Frank Louvrier, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, avertit que "c'est une communication du rasoir à deux lames: allocution d'un format suranné et conférence de presse centralisatrice". "Elle montre qu'il fait plus confiance à lui-même qu'à son gouvernement pour expliquer ses choix. Mais il lui faudra aussi s'adresser aux territoires," selon lui.

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