Ségolène Royal de retour sur la scène politique, direction les Européennes ?
L'ancienne candidate à la présidentielle 2007 Ségolène Royal revient mercredi sur le devant de la scène avec un livre sur son expérience politique, alors que les spéculations vont bon train sur son intention de mener une liste citoyenne aux européennes.
"C'est vrai que je suis aujourd'hui sollicitée, je regarde, je réfléchis", a expliqué l'ancienne candidate socialiste à France Inter, à l'occasion de la sortie de son livre "Ce que je peux enfin vous dire" (Fayard), répétant qu'elle se déciderait en janvier.
Cet essai de 288 pages écrit en gros caractères, est un bilan de ses engagements mais aussi une réflexion sur le pouvoir, et "les violences" que subissent les femmes en politique, qui ont "une vraie ressemblance avec les violences faites à la nature".
Ce livre publié mercredi, dans lequel elle critique fortement le quinquennat de son ex-compagnon François Hollande, intervient alors qu'elle ménage le suspense sur sa volonté de mener une liste aux élections européennes.
L'actuelle ambassadrice chargée de la négociation internationale pour les pôles dit réfléchir à "être utile" pour défendre "l'avenir de l'Europe qui est très menacé et l'avenir de la France en Europe".
"Ce n'était pas du tout mon idée ni l'itinéraire que j'avais imaginé d'être candidate et de replonger dans la vie politique avec les épreuves que ça représente", a-t-elle souligné.
Mais de récentes interventions publiques accréditent l'idée d'un retour en politique. Le 22 octobre, elle a dénoncé le "matraquage fiscal par l'écologie" du gouvernement avec la hausse des carburants. Dans son livre, elle critique l'exercice du pouvoir d'Emmanuel Macron, qui "confond l'autorité et la juste autorité".
- "Première pierre" -
Ségolène Royal n'entend pas prendre la tête d'une liste estampillée du seul PS, malgré l'enthousiasme du Premier secrétaire Olivier Faure, qui a salué "une grande figure de la gauche et de l'écologie" pouvant "incarner le rassemblement", ou encore du sénateur Patrick Kanner, pour qui "elle ferait une excellente candidature". Le PS doit en principe publier sa liste pour les européennes le 17 novembre.
Si liste il doit y avoir pour Mme Royal, elle serait plus "large", explique à l'AFP le député PS Guillaume Garot, proche de l'ancienne ministre de l'Environnement, sans écarter l'idée qu'elle puisse monter sa propre liste. "Elle est très sollicitée, par des personnalités issues de la gauche, de l'écologie".
Pour lui, la notoriété de Ségolène Royal, au milieu de listes pour l'instant tirées par des personnalités moins connues, est un "atout". Face aux "défis de l'Europe, des migrations, du réchauffement climatique", "il nous faut des personnalités d'expérience, fortes, engagées, crédibles", juge Guillaume Garot.
Le petit parti centriste de l'Union des démocrates et des écologistes (UDE), créé en 2015, pousse sa candidature. La "première pierre" du "rassemblement", affirme à l'AFP son délégué général Mathieu Cuip, doit être posée lors d'une conférence que donnera l'ancienne présidente de la COP21 à l'Assemblée nationale le 7 novembre, sur la justice climatique. Y assisteront "un public de sympathisants écologistes, certains parlementaires et des personnalités d'ONG", précise Mathieu Cuip.
"Elle a une aura politique, médiatique et dans la société française. Elle a fait 17 millions de voix en 2007, a incarné quelque chose" et est "crédible" sur l'écologie, veut-il croire.
Selon Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof, la prudence de Ségolène Royal n'est pas feinte: "Quand on a sa carrière politique, on n'a pas envie de finir avec un mauvais score aux européennes". Si après moult "consultations" elle se décide, elle pourrait largement "mordre sur EELV et LREM", estime-t-il. "L'histoire à raconter aux Français autour de l'Europe et l'environnement est facilement crédibilisée" par son parcours et son image associés à l'écologie.
Son éventuel retour fait aussi grincer des dents. "L'idée d'une personnalité providentielle c'est le vieux monde", tacle une personnalité de gauche de premier plan sous couvert d'anonymat. "Elle a une vraie ambiguïté avec Macron, elle a été candidate à gouverner avec lui et maintenant que ça n'a pas marché..."
"Si elle fait tout ça, c'est pour la présidentielle de 2022", avance un responsable écologiste.
Laurent Baumel, cadre de l'aile gauche du PS, s'interroge: "On peut certes tirer profit d'une personnalité connue comme elle dans la période où le PS est marqué par ses défaites. Mais ça veut dire que la nouvelle génération socialiste retarde le moment" de "prendre les manettes".
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