A 89 ans, Nicole remporte son premier concours hippique

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Par Alexandra LESIEUR - Arcachon (France) (AFP)
Publié le 04 mai 2018 - 12:08
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Nicole de Villeuneuve, 89 ans, lors d'un entraînement à Arcachon
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© GEORGES GOBET / AFP/Archives
Nicole de Villeuneuve, 89 ans, lors d'un entraînement à Arcachon
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Rênes dans une main, cravache dans l'autre, Nicole de Villeneuve s'installe avec aisance sur la selle, à l'aide d'un marchepied. A 89 ans, après avoir arrêté l'équitation pendant 30 ans, la pétillante cavalière d'Arcachon (Gironde) vient de remporter son premier concours hippique.

"Mon médicament, c'est le cheval. J'oublie tout", sourit Nicole, belle femme aux yeux bleu vert. Au trot, au galop sur Ryade avec qui elle s'"entend bien", elle saute quelques obstacles à la fin de l'entraînement au paisible centre équestre d'Arcachon.

Elle est remontée en selle en septembre dernier. Une demi-heure d'abord en cours particulier, et bien vite une heure en cours collectif deux fois par semaine.

"Au début, j'avais l'impression de ne plus savoir mais c'est vite revenu", constate l’octogénaire, toute bronzée, qui ne se plaît qu'avec les "jeunes". Les membres du club hippique l'ont rapidement intégrée, admirant ses pas de danses lors des soirées, et raffolent de ses gâteaux au rhum.

Ils ne se font pas prier pour lui préparer son cheval: "Les selles d'aujourd'hui sont bien plus lourdes!", plaisante Nicole, qui reconnaît ne plus avoir la même force physique qu'avant. Ce qui ne l'a pas empêchée de faire un sans-faute - ex-aequo avec Michel, de 40 ans son cadet - à un concours de saut dans la catégorie des plus de 30 ans, organisé en avril par son club.

"Je n'y croyais pas!", lance la cavalière, qui assure que "les obstacles étaient tout petits". Elle n'a pourtant jamais été très attirée par cette discipline: "J'ai fait quelques concours, ça ne m'intéressait pas beaucoup. Ma passion, c'était de former les cavaliers!"

Tout a commencé tardivement pour cette enfant de Marseille. Mariée à 20 ans, elle suit son époux à Conakry (capitale de l'actuelle Guinée), pendant trois ans, avant de s'installer en banlieue parisienne.

- Mont Blanc et Jacques Mayol -

Sa fille malade, elle fait venir le médecin, qui se présente "en tenue de cheval. Je lui ai posé la question +où est-ce que vous montez?+", se souvient Nicole. Il lui propose de la présenter à son club. "Et voilà comment j'ai commencé à Chantilly" (Oise).

Elle a 28 ans et se prend au jeu. D'examens en examens, la jeune femme finit par obtenir son monitorat, monte des chevaux de course et abandonne, sans hésiter, son métier de représentante en prêt-à-porter.

"Mes trois enfants ont suivi, ils savent tous monter", souligne-t-elle avec fierté, se disant toutefois "triste" que ses descendants (sept petits-enfants, neuf arrière-petits-enfants) ne soient pas autant mordus d'équitation.

Après Chantilly, où elle a "tout appris", cette mère de famille ouvre des centres équestres au gré de ses déménagements dans le sud-est, faute de clubs sur place. A Barcelonnette, Saint-Georges puis Roquefort-la-Bédoule, une fois remariée, elle ne cesse de former des cavaliers mais arrête de monter à cheval, vers 60 ans, afin de se consacrer à son mari, malade.

Pour se rapprocher de ses enfants, le couple part dans les Landes, monte une maison d'hôtes et bien sûr un centre équestre. Veuve, "un peu fatiguée", elle décide de conjuguer ses deux passions - cheval et mer - en s'installant il y a quatre ans dans une résidence pour seniors à Arcachon.

Son secret pour garder une telle joie de vivre? Une bonne nature et surtout la volonté de "ne pas s'arrêter". "Je suis de toute façon pas comme tout le monde", assène Nicole, évoquant son ascension du Mont Blanc ou ses plongées dans les calanques avec Jacques Mayol (l'apnéiste rendu célèbre par le film "Le Grand Bleu") lorsqu'elle avait 18 ans.

"Elle est exceptionnelle. C'est un moteur pour les autres. Il y des personnes de son âge qui montent mais faire des sauts d'obstacles, je n'ai jamais vu cela de ma carrière", reconnaît Amandine Lorrain, gérante du centre équestre.

Quand s'arrêtera Nicole? "Quand le bon Dieu décidera!", rétorque l'octogénaire aux cheveux poivre et sel qui tranchent avec son vernis rose. D'ici là, elle compte bien faire une grande fête au club pour son 90e anniversaire, avant de préparer un autre concours hippique en octobre.

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