Abécédaire des événements de Mai 68

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Par Juliette BAILLOT - Paris (AFP)
Publié le 15 mars 2018 - 10:20
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Des étudiants et des ouvriers en grève manifestent côte à côte entre la Bastille et Saint-Lazare, le 29 mai 1968 à Paris
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© JACQUES MARIE / AFP/Archives
Des étudiants et des ouvriers en grève manifestent côte à côte entre la Bastille et Saint-Lazare, le 29 mai 1968 à Paris
© JACQUES MARIE / AFP/Archives

De A comme Alain (Geismar ou Krivine) à Z comme Zimmerman (Bob Dylan), l'abécédaire des événements de mai 1968.

A - Alain

Prénom des leaders étudiants Geismar (Syndicat des enseignants du supérieur), Krivine (Jeunesse communiste révolutionnaire), du ministre de l'Education, Peyrefitte, ou du jeune militant d'extrême droite, Madelin.

B - Barricade

L'AFP en dénombre une cinquantaine dans le Quartier latin lors la fameuse Nuit des barricades, du 10 au 11 mai, parfois hautes de 3 mètres et "faites de matériaux les plus divers : voitures mises en travers de la chaussée, pavés, madriers, rouleaux de fil de fer, parpaings ou échafaudages".

C - Chienlit

"La réforme oui, la chienlit non !", tonne le général de Gaulle le 19 mai 1968, de retour de Roumanie. Le Littré évoque une situation de carnaval pour définir le terme, qui renvoie littéralement à "qui chie au lit".

D - Dany le Rouge

Surnom de Daniel Cohn-Bendit, jeune Allemand inscrit en sociologie à l'université de Nanterre et figure rousse de la contestation étudiante. "Génial emmerdeur de la bourgeoisie", dira de lui l'écrivain Jean Genet.

E - Ecole de Francfort

Nom donné à un groupe d'intellectuels marxistes de la faculté de sociologie de Francfort (Herbert Marcuse, Max Horkheimer, Theodor Adorno) qui inspira les étudiants contestataires.

F - Féminisme

Le 6 juin 1968 un petit groupe féministe baptisé "Féminin-masculin-avenir" organise le premier meeting sur les femmes dans la Sorbonne occupée.

G - Grenelle

Les accords de la rue de Grenelle, siège du ministère du Travail à Paris où négocient le Premier ministre Georges Pompidou, le patronat et les syndicats, comporteront des hausses de salaires conséquentes (+35% pour le Smig) et la création de sections syndicales d'entreprise.

H - L'Humanité

Dans L'Humanité du 3 mai, le secrétaire général du Parti communiste français Georges Marchais dénonce "l'anarchiste allemand Cohn-Bendit".

I - Interdit d'interdire

"Il est interdit d'interdire" proclame un slogan-phare de Mai 68, qui incarne pour les uns la libération des esprits et des moeurs et pour les autres permissivité et désordre.

J - July

Serge July, étudiant d'extrême gauche puis enseignant en rupture engagé dans le mouvement, prolongera les combats de mai 68 au côté de Jean-Paul Sartre au sein de la Gauche Prolétarienne, puis du journal Libération.

K - Katangais

Ce groupe armé de sous-prolétaires dont certains se disaient ex-mercenaires au Katanga-Congo occupera un temps la Sorbonne et l'Odéon avec les étudiants. Ils seront finalement délogés de la faculté parisienne le 14 juin par les étudiants eux-mêmes lors d'un affrontement violent.

L - Libération sexuelle

"Faites l'amour pas la guerre" crient les jeunes "enragés" de mai, réclamant notamment un droit de visite au sexe opposé dans les chambres des résidences universitaires.

M - Maoïste

Les maoïstes, groupuscule d'extrême gauche, inspirés du Guide chinois, sont en concurrence avec les trotskistes qui moquent leur croyance en la spontanéité révolutionnaire des masses et les baptisent "Mao spontex".

N - Nanterre

L'occupation par 142 étudiants de la tour administrative de la faculté de Nanterre, le 22 mars, est citée comme le point de départ de la séquence mai 68.

O - Odéon

Le théâtre de l'Odéon à Paris, occupé dès le 15 mai et pendant un mois fut un lieu de débats permanents, son directeur Jean-Louis Barrault se déclarant solidaire des étudiants contestataires.

P - Pavé

Les pavés sont arrachés des rues pour édifier les barricades ou servir de projectiles contre les CRS. "Le plus haut symbole du peuple, disait Hugo, c'est le pavé: on marche dessus, jusqu'à ce qu'il vous tombe sur la tête".

Q - Quartier latin

A cheval sur les Ve et VIe arrondissements de Paris, haut-lieu de contestation étudiante où se trouve notamment la Sorbonne.

R - Renault

L'usine Renault de Flins est le théâtre d'affrontements violents le 10 juin 1968, au cours desquels Gilles Tautin, un lycéen pourchassé par les CRS alors qu'il est venu soutenir les ouvriers en grève, meurt noyé dans la Seine.

S - Sorbonne

Son évacuation le 3 mai par les forces de l'ordre donne lieu aux premiers affrontements dans la rue. Elle sera occupée à partir du 13 mai et pour plus d'un mois.

T - Traité

Le "Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations": en 1967, le Belge Raoul Vaneigem signe cette critique radicale du monde moderne qui inspirera les acteurs du mouvement.

U - UDR

L'Union pour la Défense de la République (UDR), appellation du mouvement gaulliste, remporte une majorité historique aux législatives des 23 et 30 juin.

V - Vietnam

Les "comités Vietnam", opposés à la guerre, ont structuré les premiers soixante-huitards.

W - Wolinski

Pendant les événements, le dessinateur Georges Wolinski fonde avec Siné le journal éphémère "L'Enragé".

X - L'X

Les élèves de l'école Polytechnique - surnommée l'X - furent aussi mobilisés en 1968, l'administration militaire leur demandant de ne pas porter l'uniforme quand ils manifestaient.

Y - "Y'en a marre"

"Y'en a marre, dix ans ça suffit", crie-t-on entre Bastille et République pour réclamer le départ du général de Gaulle.

Z - Zimmerman

"The times they are a-changing" (Les temps sont en train de changer) chante dès 1964 Robert Zimmerman, alias Bob Dylan: "Vos fils et vos filles échappent à votre autorité/Il y a une bataille dehors/Elle fera bientôt trembler vos fenêtres".

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