Créteil : cambriolage arme au poing, viol et antisémitisme devant les assises

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Par Marie DHUMIERES - Créteil (AFP)
Publié le 26 juin 2018 - 19:04
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Jonathan (à gauche), n'a "aucun doute" sur les motivations antisémites de ses agresseurs, le 26 juin 2018, au tribunal de Créteil
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© Eric FEFERBERG / AFP
Jonathan (à gauche), n'a "aucun doute" sur les motivations antisémites de ses agresseurs, le 26 juin 2018, au tribunal de Créteil
© Eric FEFERBERG / AFP

Un cambriolage arme au poing, le viol d'une jeune femme et des préjugés antisémites derrière le choix des victimes : les agresseurs présumés d'un homme juif et de sa compagne dans leur appartement comparaissent depuis mardi matin devant les assises à Créteil.

Dans la salle des pas-perdus avant le début du procès, Jonathan, drapeau français épinglé sur son costume sombre, s'adresse sobrement aux journalistes, venus nombreux pour cette affaire très médiatisée au moment des faits.

"Quatre ans après, c'est encore très douloureux. C'est votre vie qui est détruite", dit ce chauffeur VTC d'aujourd'hui 25 ans, qui n'a "aucun doute" sur les motivations antisémites de ses agresseurs.

En 2014, trois hommes - deux sont dans le box des accusés, un autre est en fuite - s'étaient introduits de force au domicile de ses parents, dans lequel Jonathan vivait depuis un mois avec sa désormais ex-compagne Laurine, aujourd'hui 23 ans, en attendant de trouver un appartement à Paris.

Jonathan, gendarme en reconversion, venait de trouver un travail après quatre ans en caserne en Normandie. Laurine, 19 ans à l'époque, avait quitté sa région natale pour la première fois pour le suivre.

Dans le box à l'audience mardi, deux complices présumés se tiennent à côté des accusés. Tous ont à peu près le même âge que leurs victimes. Yacin, qui conteste toute implication malgré les nombreuses preuves, avait selon un de ses co-accusés été choisi pour sonner à la porte des victimes, "parce qu'il ressemble à un juif".

Ce 1er décembre 2014 un peu après midi, Laurine lui ouvre la porte, le prenant pour un cousin de Jonathan.

Trois hommes, cagoulés, gantés et munis d'une arme de poing et d'un fusil scié, s'engouffrent alors dans l'appartement et la maîtrisent alors qu'elle crie le nom de son compagnon.

- Viol et invectives -

Le couple est assis sur le canapé du salon, sous surveillance armée. Deux agresseurs fouillent l'appartement de fond en comble, un autre appuie son arme sur le front de Jonathan. Nerveux, il l'invective: "Me prends pas pour un con", lui lance-t-il quand Jonathan assure qu'il n'y a pas d'argent liquide caché dans l'appartement. "Les Juifs, ça ne met pas d'argent à la banque".

Au fil des conversations, le couple se rend compte que les agresseurs savent que le frère de Jonathan travaille dans un magasin voisin - et semblent croire qu'il en est le gérant -, que son père possède une Mercedes et qu'il a l'habitude de se rendre à la synagogue le samedi "un truc sur la tête".

Après une heure de fouille infructueuse, l'un des agresseurs demande sa carte bleue et son code à Jonathan en menaçant de "prendre sa copine" s'il n'obtempère pas. Lui et sa compagne sont ligotés et bâillonnés avec de l'adhésif.

Les propos crus et sexuels continuent : "Ça te dirait que ta copine suce une queue de Noir ?", "parce que mon pote, il a grave faim", demande un agresseur à Jonathan, ligoté et allongé au sol derrière le canapé.

Dans la salle d'audience, Laurine est prise de sanglots nerveux sous ses longs cheveux blonds, à la lecture de ces propos, comme à chaque fois que le président évoquera le viol dont elle a été victime.

Elle a été isolée dans la chambre et suffoque, ne pouvant respirer par le nez parce qu'elle pleure, dira-t-elle aux enquêteurs. Un agresseur entre, enlève un gant, lui remonte le soutien-gorge et lui inflige des caresses aux seins. Puis, il lui impose de force une pénétration digitale, à deux reprises.

A l'audience, ses avocats ont demandé un huis clos partiel pour son audition sur ces faits, vendredi.

L'homme qui est renvoyé pour son viol nie, "à 1.000 pour cent, et avec révolte", dit-il à la barre. Se tournant vers Jonathan - Laurine a déjà quitté la salle - il présente ses excuses à sa famille pour le cambriolage.

Les deux agresseurs attribuent les propos antisémites à l'accusé en fuite, et contestent fermement la dimension antisémite. "Je ne suis pas raciste monsieur", répond le deuxième d'entre eux au président.

Ils risquent jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle, verdict le 6 juillet.

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