Espagne : confirmation d'une peine controversée pour abus sexuel contre "la Meute"

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Par AFP - Madrid
Publié le 05 décembre 2018 - 11:58
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Une femme brandit une pancarte "Ce n'est pas un abus, c'est un viol" pendant une manifestation à Madrid le 22 juin 2018
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© JAVIER SORIANO / AFP/Archives
Une femme brandit une pancarte "Ce n'est pas un abus, c'est un viol" pendant une manifestation à Madrid le 22 juin 2018
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La condamnation de cinq hommes à neuf ans de prison en Espagne pour abus sexuel lors des fêtes de la San Fermin en 2016, qui avait déclenché une vague de manifestations féministes, a été confirmée en appel, a annoncé mercredi le tribunal.

Les cinq hommes de Séville (sud) étaient accusés du viol collectif d'une jeune femme, alors âgée de 18 ans, à l'entrée d'un immeuble de Pampelune (nord) en juillet 2016, en marge de ces fêtes brassant des centaines de milliers de touristes.

Ils avaient filmé leurs actes et s'en étaient vantés sur un groupe WhatsApp où ils se surnommaient "La Meute".

En avril, ils avaient été condamnés en première instance pour abus sexuel, et non pour agression sexuelle, catégorie comprenant les viols en Espagne.

En réaction, des manifestations contre la "justice patriarcale" avaient éclaté à travers l'Espagne, et l'affaire avait suscité l'indignation dans le pays où la lutte contre les violences faites aux femmes est une cause nationale.

La cour d'appel a confirmé la décision à la majorité de ses cinq magistrats, tous des hommes. Deux d'entre eux ont néanmoins estimé que les cinq hommes devaient être condamnés pour viol à 14 ans et trois mois de prison.

Dans sa décision, la cour estime bien que la victime n'était pas consentante mais qu'il n'y a pas eu violence et qu'il est trop difficile de déterminer s'il y a eu intimidation.

Selon le Code pénal espagnol, l'absence de consentement dans un rapport sexuel ne suffit pas pour le qualifier d'agression sexuelle. Il doit être accompagné de violence ou d'intimidation.

Les deux juges ayant défendu une condamnation plus lourde ont estimé pour leur part que la victime avait "une possibilité pratiquement nulle de fuir". Pour eux, les accusés ont fait preuve d'un "mépris évident envers la dignité de la victime" en la "laissant gisante par terre, à moitié nue" et en lui soutirant son téléphone portable.

La cour d'appel a demandé en outre au tribunal de première instance de juger les accusés pour atteinte à la pudeur, pour les photos et vidéos qu'ils avaient prises.

Les défenses des condamnés et de la victime ont fait part à l'AFP de leur intention de contester la décision devant la Cour suprême.

"Nous demanderons devant la Cour suprême une décision correspondant à nos demandes, qui ne peut être autre qu'une relaxe", a déclaré l'avocat de quatre des condamnés, Agustin Martinez, qui affirme qu'il s'agissait de "relations sexuelles consentantes entre six adultes" et écarte toute "violence ou intimidation".

Le maire de Pampelune Joseba Asiron, dont la municipalité de gauche s'est constituée partie civile, a dit constater "une rupture qui semble exister entre la société et certains secteurs de la magistrature".

Le gouvernement socialiste espagnol a annoncé en juillet qu'il comptait proposer une réforme du code pénal pour introduire la notion de consentement sexuel explicite, sur le modèle de la Suède ou tout acte sexuel sans accord explicite est considéré comme un viol.

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