Inde : un marché LGBT prometteur après la dépénalisation de l'homosexualité

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Par Vishal MANVE - Bombay (AFP)
Publié le 12 septembre 2018 - 11:03
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De discothèques gays au tourisme pour les homosexuels, la dépénalisation de l'homosexualité en Inde augure d'un prometteur marché LGBT dans le second pays le plus peuplé de la planète, estiment les experts.

La Cour suprême indienne a invalidé la semaine dernière un article du code pénal vieux d'un siècle et demi qui interdisait les relations sexuelles entre personnes de même sexe. Une nouvelle fêtée en grande pompe par la communauté LGBT dans le pays, avec force drapeaux arc-en-ciel et larmes de joie.

À la suite de ce jugement, les experts du secteur escomptent la naissance dans le géant d'Asie du Sud d'un marché de niche à destination de ce public, bien que l'homosexualité reste un tabou social très fort dans la société indienne.

"Cela peut rapporter des milliards de dollars à l'économie indienne s'ils arrivent faire dépenser les personnes gays en Inde", déclare l'AFP Keshav Suri, militant gay de premier plan qui figurait parmi le groupe de plaignants à avoir saisi la Cour suprême.

L'Inde compterait plus de 55 millions d'adultes LGBT, aux revenus nominaux cumulés d'environ 113 milliards de dollars par an, selon une estimation de l'agence de marketing Out Now Consulting, qui aide les entreprises à toucher les consommateurs gays et lesbiens.

"La valeur de la +pink economy+ et les aspects sociaux de la communauté LGBT sont maintenant trop importants pour que nous puissions les ignorer", ajoute M. Suri, directeur exécutif de la chaîne d'hôtellerie de luxe Lalit.

Les couples homosexuels ont en moyenne moins d'enfants que les couples hétérosexuels et des salaires plus élevés, ce qui se traduit par un pouvoir d'achat supérieur.

Les homosexuels indiens "représentent l'un des plus grands marchés LGBT au monde", indique à l'AFP Ian Johnson, fondateur de Out Now Consulting, société basée en Australie.

D'après lui, les marques de boissons et les voyagistes devraient être les premiers à se lancer sur ce créneau. Des bars, clubs et cafés pro-LGBT devraient également ouvrir leurs portes sans crainte de poursuites judiciaires.

- Ouverte, fermeture... puis réouverture ? -

Entrepreneur basé à Bombay, Nakshatra Bagwe a fondé en octobre 2016 The BackPack Travels, une agence de voyage pour touristes homosexuels. S'il dit être rentable depuis ses débuts, il s'attend à une forte croissance de son chiffre d'affaires.

"Avec la légalité et la liberté de notre côté, les sociétés vont investir sur la communauté et les opportunités vont se multiplier au cours des prochaines années", dit-il à l'AFP.

Également entrepreneur dans la capitale économique indienne, Inder Vhatwar compte sur le jugement de la Cour suprême pour se relancer.

Lorsque l'homosexualité avait été dépénalisée une première fois dans le pays en 2009, par la Haute cour de Delhi, il avait ouvert un magasin appelé D'Kloset dans le quartier branché de Bandra à Bombay, résidence de nombreuses stars de Bollywood.

Mais lorsqu'en 2013 la Cour suprême infirme cette décision pour des raisons légalistes, fini les ventes de vêtements et sacs pailletés et masques de costumes: Inder Vhatwar est évincé par le propriétaire des lieux.

"J'ai rencontré beaucoup de difficultés à cause de l'article 377 (texte du code pénal qui criminalisait l'homosexualité, ndlr) et j'ai dû fermer mais avec ce récent jugement je compte rouvrir la boutique", confie-t-il à l'AFP.

Les attitudes homophobes et la réticence à embaucher des salariés LGBT coûteraient à l'Inde entre 0,1 et 1,7% de son PIB, estimait une enquête de la Banque mondiale de 2014.

Pour Parmesh Shahani, en charge de la branche culture du conglomérat indien Godrej, "la communauté LGBT est clairement un marché non-exploré. Le potentiel d'affaires est énorme et amené à croître".

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