Les Européens veulent se donner le temps d'abolir le changement d'heure
Un répit pour le rituel du changement d'heure: son abolition dès l'an prochain, comme préconisé par la Commission européenne, n'est pas réaliste, ont estimé lundi les Etats membres de l'UE, qui sont partagés sur la façon dont mettre en oeuvre ce profond changement.
Alors que les pays de l'UE sont passés à l'heure d'hiver dimanche, comme tous les derniers dimanches d'octobre depuis des années, les ministres européens des Transports ont discuté lundi à Graz du projet d'en finir avec l'obligation d'avancer les horloges d'une heure au printemps puis de les reculer d'une heure à l'automne.
La Commission européenne a recommandé en septembre d'abolir le changement d'heure saisonnier dès 2019, attendant de chaque Etat membre qu'il tranche d'ici avril entre la possibilité de rester en permanence à l'heure d'été ou à l'heure d'hiver.
Mais ce calendrier a été jugé lundi prématuré: "Si nous cherchons à le faire en 2019, comme la Commission le suggère, cela ne sera pas soutenu par la majorité des Etats membres", a déclaré Norbert Hofer, ministre autrichien des Transports, dont le pays assure la présidence de l'UE jusqu'à la fin de l'année.
"Nous avons besoin d'un débat public approfondi à ce sujet (...). Nous avons besoin de plus de temps pour en discuter dans les États membres", a abondé son homologue danois Ole Birk Olesen.
Lors de la réunion informelle de Graz, l'objectif de démarrer la réforme en 2021 a été proposé par Vienne et a fait l'objet d'un "large consensus", selon M. Hofer.
Le conseil des ministres européens des Transports devrait donner sa position officielle sur le futur calendrier lors d'une réunion le 3 décembre.
Sans renoncer définitivement à l'objectif "ambitieux" d'une mise en oeuvre de 2019, année des élections européennes, la commissaire en charge des Transports, Violeta Bulc, a admis "la possibilité que plus de temps soit nécessaire".
- Harmonisation nécessaire -
L'idée est de se donner le temps de la concertation, notamment entre pays frontaliers, pour "ne pas nous retrouver avec un patchwork de fuseaux horaires", a mis en garde le ministre autrichien, relevant que, logiquement, "les pays scandinaves n'avaient pas le même point de vue que ceux du bassin méditerranéen" sur le fuseau horaire à choisir.
"Je suppose que toute l'Europe centrale a besoin de la même heure, il serait vraiment absurde d'avoir une heure différente dans chaque Etat", a ainsi relevé Dan Tok, ministre tchèque des Transports.
"Imaginer le Luxembourg, avec des voisins comme l'Allemagne la France et la Belgique et des fuseaux horaires différents, ce serait totalement catastrophique pour nous", a observé François Bausch, ministre luxembourgeois du Développement durable et des Infrastructures, soulignant sa préoccupation pour les 200.000 frontaliers qui viennent chaque jour travailler au Luxembourg.
D'autres difficultés de mise en oeuvre ont été mentionnées: "Dans certains domaines, des préparations techniques seront nécessaires. Le secteur des compagnies aériennes nous dit qu'il leur faut au moins 18 mois pour se préparer", a expliqué le ministre autrichien. Les programmes des vols sont en général élaborés 12 à 18 mois en avance.
Selon Norbert Hofer, le principe d'en finir avec le changement d'heure est soutenu par une majorité de pays de l'UE, notamment en raison des perturbations pour la santé et le rythme biologique. Trois Etats ont cependant exprimé lundi leurs réserves: la Pologne, la Suède et le Royaume-Uni.
"Les Britanniques ont la partie facile, bien sûr, puisqu'ils sont à l'heure GMT", a noté le ministre avec un sourire.
Sur ce point aussi, le Brexit complique la donne pour l'Irlande, puisque le Royaume-Uni ne souhaite pas abandonner le changement d'heure, ce qui introduirait des décalages une partie de l'année entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord. Le gouvernement irlandais avait annoncé début octobre qu'une consultation sera lancée sur la question.
Le changement entre heure d'été et d'hiver, introduit en Europe à l'origine pour réaliser des économies d'énergie, suscite de vives oppositions et de récurrents débats sur sa suppression depuis des années.
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