Pologne : dépôt d'une proposition de loi libéralisant l'avortement
Sans espoir de succès, les milieux favorables au droit à l'avortement ont déposé lundi au Parlement polonais une proposition d'initiative citoyenne en vue de libéraliser l'interruption volontaire de grossesse, alors que la droite catholique au pouvoir s’apprête à interdire l'IVG en cas de graves malformations du foetus.
"Nous ne pouvons permettre que la voix de la partie libérale de la société, celle qui est pour la liberté et les droits des femmes, ne soit pas entendue au Parlement", a déclaré à la presse Barbara Nowacka, une femme politique de gauche et représentante du comité "Sauvons les femmes" qui a collecté plus de 400.000 signatures pour soutenir ce texte.
"L'initiative donne aux femmes le droit de décision jusqu'à la 12e semaine de la grossesse", a-t-elle précisé avant de déposer les signatures à la Diète (la chambre basse), où les conservateurs de Droit et Justice (PiS) sont majoritaires.
La question revient à nouveau sur les devants de la scène en Pologne, pays dont la loi est déjà l'une des plus restrictives en Europe après l'Irlande et Malte.
Le comité "Stop Avortement", qui a collecté, quant à lui, plus de 200.000 signatures, veut obtenir le durcissement de la législation sur l'IVG et interdire "l'avortement eugénique", aujourd'hui autorisé, réalisé à la suite d'examens démontrant une grave malformation du fœtus. Ces avortements concernent le plus souvent des embryons atteints de trisomie 21.
La Première ministre conservatrice polonaise Beata Szydlo vient d'annoncer qu'elle voterait en faveur de ce projet.
La loi en vigueur en Pologne, un pays majoritairement catholique, n'autorise depuis 1993 l'IVG que dans trois cas : risque pour la vie ou la santé de la mère, grave pathologie irréversible chez l'embryon et grossesse résultant d'un viol ou d'un inceste.
Le comité "Stop Avortement" continuera à collecter les signatures jusqu'au 15 novembre.
Le président polonais Andrzej Duda, issu de Droit et Justice, au pouvoir depuis deux ans, proche de l'Eglise catholique, a déjà annoncé qu'il allait promulguer la loi si elle était votée par les députés.
L'année dernière, le Parlement polonais a rejeté une proposition encore plus restrictive sous la pression de grandes manifestations de femmes.
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