Ruhr : "l'après-mine", ou comment resceller les entrailles de la terre

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Par Daphne ROUSSEAU - Berlin (AFP)
Publié le 20 décembre 2018 - 12:02
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L'entrée de la mine de Prosper-Haniel, dernière mine de houille d'Allemagne, à Bottrop, le 20 novembre 2018
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© Patrik STOLLARZ / AFP/Archives
L'entrée de la mine de Prosper-Haniel, dernière mine de houille d'Allemagne, à Bottrop, le 20 novembre 2018
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Après plus de 150 ans d'exploitation, la dernière mine de houille d'Allemagne ferme vendredi dans la Ruhr et rend à la terre son labyrinthe de galeries, un défi géologique et environnemental titanesque.

- Comment fermer une mine ? -

Les 160 kilomètres de veines de la mine de Prosper-Haniel, creusées sur deux siècles, d'abord à la pioche puis à la foreuse, ont été scellées par des immenses chapes de béton appelées "serrements".

La RAG, la société chargée de fermer le site, a déjà vidé les tunnels de leurs tonnes d'acier, d'équipements et de câbles. Ne reste qu'à poser le dernier "serrement" et la mine de Prosper-Haniel sera rendue à la terre pour toujours.

Mais il reviendra encore à la RAG de drainer et pomper dans la durée les eaux de ruissellement qui vont progressivement inonder les galeries situées en-dessous de 600 mètres.

"Si ce système (...) n'existait pas, d'ici 80 à 100 ans l'eau remonterait et les deux tiers de la région de la Rhur seraient inondés", explique à l'AFP le professeur André Niemann, ingénieur hydraulique responsable de ce projet.

- Risques pour l'environnement ? -

L'eau de mine, parce qu'elle a traversé un kilomètre de sédiments sous-terrains, est particulièrement acide, plus salée que l'eau de mer, et susceptible de contaminer les nappes phréatiques si elle n'est pas pompée et retraitée.

Par ailleurs, le sol de la mine est chargé en PCB (pyralène), une substance chimique utilisée dans le matériel électrique. Ce composant écotoxique "fait l'objet d'une étude pour vérifier sa concentration et donc sa dangerosité et une usine de traitement est déjà en place", ajoute le professeur Niemann.

- La mine peut-elle 'se réveiller' ? -

"Tant que l'eau est pompée régulièrement, aucun risque d'effondrement de terrain ou d'inondation", assure M. Niemann.

Quant au fameux coup de grisou, cette explosion accidentelle de méthane tant redoutée par les mineurs, il apparaît peu probable tant que la mine reste hermétiquement close.

"Les colossales chapes coulées pour fermer les tunnels sont étudiées pour, donc même en cas d'explosion, elles ne bougeraient pas", explique l'ingénieur.

Une partie du charbon encore stocké va être écoulé pour le chauffage des habitants de la région.

L'eau salée de la mine, qui est naturellement chaude (entre 35 et 40°) continuera de chauffer au sol les foyers de la région.

Une partie du site de Prosper Haniel va également être végétalisé et transformé en parc. Des attractions touristiques et des musées pour entretenir la mémoire de la culture minière verront aussi le jour, à la surface.

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